En mode lecture: une histoire bouleversante

Karine Vilder
De sa belle écriture, la femme de lettres française Clara Dupont-Monod nous entraîne au sein d’une famille dont le petit dernier, handicapé, est condamné à mourir jeune.
Dans un hameau perdu des Cévennes, une région montagneuse du sud de la France, habite une famille dont le troisième enfant sera très différent des autres. Trois mois après sa naissance, par exemple, il n’aura toujours pas commencé à babiller ni à tendre les bras pour attraper quelque chose. Et à six mois, le verdict, implacable, tombera : en plus d’être complètement aveugle, jamais cet enfant ne pourra marcher, parler, s’alimenter seul ou jouer à quoi que ce soit. Quant à son espérance de vie, elle ne devrait guère dépasser les trois ans.
Comment s’adapter à ce genre de situation aussi injuste que cruelle ? Témoins de tout, c’est ce que les vieilles pierres rousses qui se trouvent dehors, autour de la maison, entreprendront de nous raconter.
Chacun à sa manière
Fines observatrices, ces pierres vont d’abord nous parler de l’aîné de la fratrie qui, au début, préférera ignorer ce frère lourdement handicapé. Mais il reviendra assez vite sur sa décision et bientôt, même s’il n’a que neuf ans, il fera tout pour lui : changer ses couches, le faire manger, lui décrire ce qu’il voit, lui chanter des chansons, lui masser les cuisses avec de l’huile d’amande, négliger ses amis afin de pouvoir passer le maximum de temps à ses côtés.
Pour la sœur cadette, les choses seront plus difficiles. Du haut de ses sept ans, elle n’a pas traîné à comprendre que cet enfant serait désormais l’unique centre d’attention et qu’il allait aspirer toute l’énergie de la famille.
Impossible de rester de pierre en lisant ce récit, qui a remporté fin octobre le prix Femina du roman français.
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Shuggie Bain

Le Shuggie Bain du titre est un gamin des bas-fonds de Glasgow qui n’a pas eu la chance de tomber dans une bonne famille. Élevé – si on peut dire ça – par une mère profondément alcoolique, il ira de déception en déception, comme si la vie sous le règne de Margaret Thatcher n’avait plus rien de beau à offrir. L’an dernier, ce pavé a obtenu le prestigieux prix Booker.
Journal d’un amour perdu

Après La nuit de feu, livre dans lequel il raconte comment il a trouvé la foi et à quel point cette expérience a changé sa vie, le romancier, philosophe et dramaturge Éric-Emmanuel Schmitt nous offre un second récit autobiographique. Mais cette fois, pour parler de sa mère, dont la mort a été pour lui très difficile à accepter. Une lecture à la fois émouvante et éclairante.
L’histoire de la loi

Quelles ont été les toutes premières lois de l’Histoire ? Qui faisait régner la justice au Moyen Âge ? Comment se sont déroulés les fameux procès de Salem ? Quand a-t-on commencé à vouloir légiférer pour protéger les animaux des maltraitances ? En quelle année l’Arabie saoudite a-t-elle accordé le droit de vote aux femmes ? Un livre absolument fascinant et accessible à tous qui explique de façon chronologique l’histoire du droit.
L’assiette de la sportive

Spécialement conçu pour les femmes qui font du sport, cet ouvrage se penche surtout sur les besoins énergétiques et sur l’alimentation avant et après l’entraînement. Il propose également 60 recettes toutes simples qui les aideront à mieux manger en mettant par exemple au menu porridge salé, soupe de lentilles, wrap à la patate douce ou congee de riz complet.
FRISSONS GARANTIS
Mères en danger

On a un faible pour les romans de l’Italien Donato Carrisi. Surtout lorsqu’ils ne font partie d’aucune série. La fille dans le brouillard et La maison des voix ont été de vrais coups de cœur. Cela dit, son petit dernier est sombre, très sombre. Le ton est d’ailleurs donné dès le premier chapitre, qui est particulièrement dur à lire. Pas à cause des mots choisis, mais à cause de ce qui s’y passe. Une horreur. Et puis, il y aura « l’homme qui nettoie », un employé municipal de la jolie région du lac de Côme qui a compris que le meilleur moyen de tout savoir sur ses futures victimes était de fouiller leurs ordures.
Descente aux enfers
Pendant que « l’homme qui nettoie » tue les femmes solitaires ayant le malheur de ressembler un peu trop à sa mère, « la chasseuse de mouches », elle, tente de sauver des femmes maltraitées avant qu’il ne soit trop tard. Chaque fois qu’elle apprend que l’une d’elles est vraiment en danger, elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour l’arracher aux griffes de celui qui la brutalise.
Un jour, la route de ces deux êtres diamétralement opposés va donc se croiser et tel qu’on peut l’imaginer, ça va faire de sacrées flammèches. Le plus déstabilisant, c’est que l’histoire serait inspirée de faits réels. Comme quoi il n’y a pas de limites à la cruauté humaine.