Une femme qui avait été défigurée par son ex craint sa libération de prison
Guy Benoit avait écopé de 5 ans de détention après avoir attaqué sauvagement son ex-conjointe, Stéphanie Spénard


Erika Aubin
Un homme contrôlant condamné à cinq ans de détention pour avoir défiguré sa conjointe en l’attaquant est déjà sorti de prison, même si on craint qu’il ne puisse s’en prendre à une autre femme, au grand désarroi de sa victime.
• À lire aussi: Libéré après avoir été accusé de tentative de meurtre, il est arrêté pour bris de conditions
«Compte tenu de vos traits de dépendance affective, ainsi que de vos comportements de contrôle, de jalousie et de possessivité, il demeure possible que vous reproduisiez de telles attitudes en cas de nouvelle relation ou de rupture», écrit la Commission des libérations conditionnelles du Canada dans une récente décision.
Malgré cela, Guy Benoit a été libéré d’office, puisqu’il a purgé les deux tiers de sa peine, compte tenu du temps préventif passé en détention avant sa sentence. Il avait été condamné en juillet 2023.

Deux ans plus tôt, il a attaqué son ex-conjointe, Stéphanie Spénard, avec qui il avait été en couple pendant une décennie. Après la rupture, il est resté chez elle, et il est devenu contrôlant, jaloux et harcelant. Lors d’une dispute, Benoit l’a poussée contre un mur, étranglée et frappée jusqu’à ce qu’elle perde conscience.
Risque modéré
Sachant que son ex est déjà sorti de prison, la mère de famille est davantage vigilante et sur ses gardes. La libération de son agresseur rajoute une couche à son anxiété.
«Il n’a quand même pas fait beaucoup de temps en détention, je me demande s’il a vraiment compris, s’il a vraiment eu le temps de réfléchir», déplore-t-elle.

D’autant plus que, dans l’attente de son procès, l’homme de 51 ans a brisé une de ses conditions de remise en liberté en s’approchant du secteur où elle habitait. Il était ensuite demeuré détenu pour la suite des procédures judiciaires.
«Il avait eu sa chance de se tenir tranquille et ça n’avait pas été long qu’il avait brisé [ses conditions]. J’essaie de ne pas trop y penser et de continuer ma vie, mais ça rajoute un stress», s’inquiète sa victime.
L’homme présente un risque de violence modéré envers une partenaire en contexte conjugal, souligne la décision de la CLCC. «C’est une de mes plus grosses craintes... s’il a été capable de le faire à moi, qu’est-ce qui l’empêche de le faire à une autre? » déplore Mme Spénard.
En attente d’un suivi
Depuis l’attaque, elle tente de reconstruire sa vie et de passer à autre chose. Elle traîne des séquelles, dont des vertiges, des migraines et des douleurs chroniques. «J’ai des pertes de mémoire et de concentration avec tous les coups que j’ai mangés à la tête», ajoute-t-elle.
Son médecin a envoyé, en décembre 2022, une requête pour qu’elle soit suivie en neurologie. Elle n’a eu aucune nouvelle depuis.
«J’attends cela pour pouvoir retourner travailler. J’ai vraiment hâte, car le montant que donne l’Indemnisation des victimes d’actes criminels [IVAC], ce n’est pas terrible», dit-elle.
«Après avoir payé mes factures et acheté un peu de nourriture, il m’est resté l’autre fois 38$ pour tenir pendant deux semaines. Je n’ai pas le choix d’aller dans les banques alimentaires», décrit Stéphanie Spénard.
Pour sa part, Guy Benoit ira dans une maison de transition. Il devra également suivre de nombreuses conditions, dont celles de ne pas approcher de sa victime et de déclarer toutes ses nouvelles relations avec des femmes.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.