«Il aurait pu pogner 25 ans que ça n'aurait pas été assez»: victime de violence conjugale d’une «brutalité extrême», elle doit vivre avec des séquelles à jamais
Incapable d'accepter la rupture, son ex a écopé d'une peine globale de cinq ans d'emprisonnement

Antoine Lacroix
Un homme qui s’en est pris avec une «brutalité extrême» à son ex-conjointe parce qu’il était incapable d’accepter la rupture a écopé d’une peine globale de cinq ans d’emprisonnement jeudi, alors que la victime devra composer pour le restant de ses jours avec des séquelles.
• À lire aussi: La victime d’une tentative de meurtre perd sa garderie
«Jamais une peine n’aurait été suffisante pour ce que j’ai vécu. Il aurait pu pogner 25 ans que ça n’aurait pas été assez. [...] Mais on va prendre ce que le juge donne», a commenté Stéphanie Spénard, après avoir vu Guy Benoit prendre le chemin du pénitencier.

La femme de 34 ans souffre encore aujourd’hui de la violente agression qu'elle a subie le 19 novembre 2021, elle qui a eu la mâchoire fracturée au point de ne pas pouvoir manger de nourriture solide durant des semaines. Elle doit encore endurer des migraines, des vertiges et des douleurs constantes. La morphologie de son visage a aussi changé.
Elle pensait mourir
C’est que l’accusé, incapable d’accepter la séparation avec Mme Spénard, s’est acharné sur elle et l’a rouée de coups, en plus de l’étrangler. Elle a perdu connaissance durant l’attaque.
«Arrête, sinon tu vas me tuer», a même supplié la victime à son ex-conjoint, convaincue ce soir-là qu’elle allait mourir.
- Écoutez l'entrevue avec Valérie Grégoire, directrice de La Clé sur la Porte à l’émission de Marie Montpetit via QUB radio :
Après avoir repris connaissance, très amochée, la victime a eu l’idée de faire comme si elle avait perdu la mémoire et ne savait pas comment elle avait pu se retrouver dans un tel état.
C’est seulement à ce moment, croyant pouvoir s’en sortir, que Benoit a appelé les secours en affirmant au 911 que la femme avait été battue dans un bar, donnant ainsi une fausse piste aux policiers.
À l’arrivée des patrouilleurs à leur résidence de Saint-Calixte, Stéphanie Spénard a pris son courage à deux mains pour finalement leur révéler qui était le véritable auteur de ses blessures.

La société rebutée par la violence conjugale
Le juge Normand Bonin a insisté sur la «répugnance de la société» pour la violence conjugale, disant qu’une peine sévère était nécessaire pour dénoncer ce phénomène.
Il a ainsi condamné l’accusé Guy Benoit, 49 ans, à une peine globale de cinq ans d’emprisonnement, alors que la Couronne en réclamait huit.

«Aucune peine ne peut être proportionnelle aux torts subis par la victime», a reconnu le juge Bonin, estimant que l’accusé a fait preuve de «brutalité extrême».
«Les facteurs ayant contribué à la commission des crimes sont encore présents puisque l’accusé n’identifie pas ses propres problématiques, s’est aussi inquiété le juge, en raison des probabilités de récidive. Certains de ses propos misogynes sont hautement préoccupants.»
Avec la détention préventive, il reste deux ans et neuf mois de détention à purger à Guy Benoit, lui qui a avait plaidé coupable à des accusations de voies de fait grave, voies de fait par strangulation, menace de mort et bris de condition.
Ce que le juge Normand Bonin a dit :
- «Les tribunaux n’ont cessé de répéter le caractère inacceptable de la violence conjugale. [...] Il est de l’intérêt public de protéger les femmes.»
- «Il appartient à la société tout entière de faire en sorte que les femmes peuvent être en mesure de vivre avec un sentiment de sécurité à l’égard de leur conjoint, dans un contexte d’égalité, sans que leur intégrité personnelle, physique ou psychologique ne soit jamais mise en danger.»
- «Il est aussi important que les femmes puissent mettre fin à une relation, sans se mettre davantage en danger du fait de l’annonce de la séparation.»
- «Les hommes, qui épient leur conjointe, qui font preuve de jalousie, doivent convenir qu’il ne s’agit pas d’amour, mais bien d’un contrôle sur l’autre.»
- «Les individus qui voient chez eux des signes précurseurs [menant à la violence conjugale] doivent demander de l’aide.»
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.