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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Une faillite inévitable pour une mère sans pension alimentaire

Illustration Adobe Stock
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Emmanuelle Gril

2023-05-02T23:30:00Z
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Mère de trois jeunes enfants, Maria, début quarantaine, ne parvient plus à joindre les deux bouts depuis sa séparation. Le fait qu’elle n’ait pas réussi à toucher de pension alimentaire pendant plus de deux ans n’aide en rien à sa situation.

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Le père des enfants a en effet quitté le domicile conjugal il y a deux ans et demi, et depuis, il ne s’est pas acquitté de ses obligations envers ses enfants. 

« Après la séparation nous avons dû déménager, ce qui a occasionné des dépenses inattendues. De plus, subvenir aux besoins de trois enfants est difficile lorsqu’il n’y a qu’un seul revenu dans la maison », confie Maria.

Bien que ses parents soient présents et donnent un bon coup de main pour les soins aux enfants, ils ne peuvent pas lui apporter de soutien financier. Maria gagne sa vie en faisant de l’entretien ménager dans les locaux de diverses entreprises, un travail exigeant physiquement et nécessitant un véhicule pour pouvoir se déplacer la nuit entre les différents édifices commerciaux.

36 000 $ sur ses cartes de crédit

Avec un revenu net de 4150 $ par mois, incluant les allocations pour enfants, Maria ne réussit pas à boucler son budget. Sa séparation a en effet engendré des dépenses conséquentes qu’elle est désormais seule à assumer, et ce sans pension alimentaire.

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« Il est clair que le départ du père des enfants, le déménagement et l’absence d’une pension alimentaire ont créé un trou béant dans son budget. Comme dans bien des cas, les cartes de crédit sont devenues la source de revenus supplémentaires pour combler un déficit budgétaire », indique Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabilité et président de Jean Fortin et Associés.

Au moment de la séparation, Maria n’avait qu’un solde de 1600 $ sur ses cartes de crédit, mais désormais ils ont grimpé jusqu’à 36 000 $. Les paiements minimums qu’elle doit effectuer chaque mois, qui s’élèvent à 1260 $, la prennent littéralement à la gorge et elle ne voit pas le bout du tunnel.

Récupérer la pension

Maria a décidé de prendre la situation en main : avec l’aide de Revenu Québec, elle a pu retrouver et saisir son ex-conjoint, et reçoit depuis peu une pension alimentaire pour ses enfants. Les arrérages sont toutefois encore loin d’être récupérés, mais c’est un début.

Elle a également rencontré un professionnel en insolvabilité de Jean Fortin et Associés qui lui a suggéré deux solutions : une proposition de consommateur échelonnée sur 60 mois, ou une faillite incluant des paiements mensuels de 170 $ pendant neuf mois.

Elle a choisi la deuxième option afin d’être en mesure de suspendre les intérêts, d’effacer ses dettes et de repartir du bon pied.

« La proposition de consommateur devrait toujours faire partie des premières options envisagées. Cependant, lorsque nos obligations familiales sont importantes et que la marge de manœuvre budgétaire est faible, comme dans le cas de Maria, la durée relativement courte et les coûts minimes d’une première faillite peuvent s’avérer la meilleure solution », fait valoir Pierre Fortin.

La morale de cette histoire : se libérer d’un lourd fardeau financier permettra à Maria de retrouver rapidement de meilleures conditions de vie.

Conseils

  • Revenu Québec a pour mission d’aider les citoyens à percevoir les pensions alimentaires auprès de personnes qui leur en doivent. Et avec tous les outils efficaces dont il dispose, Revenu Québec est bien placé pour retrouver les payeurs en défaut. Parmi les mesures de recouvrement possible, Revenu Québec peut :
  • Saisir un remboursement d’impôt pour l’affecter à la pension à payer ;
  • Publier une hypothèque légale sur la maison ou le véhicule du payeur ;
  • Effectuer une saisie de salaire ou de bien et procéder à sa vente en justice ;
  • Demander au gouvernement fédéral de suspendre ou de refuser l’émission d’un passeport. 
  • N’hésitez pas à faire appel à tous les services disponibles pour assurer aux enfants le soutien financier auquel ils ont droit.
  • Analysez toutes les options possibles pour vous sortir de l’endettement. Certes, on peut être fier de rembourser le maximum à ses créanciers par le biais d’une proposition de consommateur plutôt que de faire faillite, mais on devrait surtout choisir la meilleure solution pour soi en fonction de sa situation.
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