Une époque explosive et des peuples en révolte

Mathieu Bock-Côté
La victoire de Javier Milei, en Argentine, amusera ceux qui se disent que la politique est devenue un cirque.
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L’homme, un économiste libertarien, cultive un style iconoclaste, qui encore hier l’aurait condamné aux marges politiques.
Mais la politique traditionnelle s’écroule en plusieurs endroits, et les extravagants les plus improbables peuvent gagner les élections.
Il est vrai que l’Amérique latine est un cas à part. De Perron à Castro, en passant par Lula, Bolsonaro et maintenant Milei, qu’ils soient de gauche ou de droite, les leaders politiques surjouent souvent la virilité. Les valeurs des pays qui la composent ne rejoignent pas vraiment celles du monde occidental.
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Argentine
Milei annonce vouloir faire table rase d’un système politique qu’il juge pourri, et veut dégager tous ceux qui y sont associés. Il voit l’État comme une entité voulant sans cesse étendre son emprise sur la société, et vampirisant les richesses pour financer son obésité morbide.
Il l’accuse de corruption. Dans le cas argentin, l’accusation n’est pas infondée.
Il veut créer un nouveau modèle de société, congédiant tout ce qui ressemble au socialisme. C’est un individualiste radical.
On peut croire que ses électeurs n’ont pas voté pour chacune de ses propositions.
Ils ont vu en lui l’occasion d’envoyer paître un système en panne, créant de la pauvreté tout en provoquant l’effondrement psychique d’une population perdant ses repères les plus élémentaires. Il ne faut jamais oublier que la révolution woke, contre laquelle se braque le nouveau président argentin, serait impossible sans les pouvoirs publics qui la financent et l’imposent de force.

Populisme
Notre époque, qui est celle du réchauffement global des passions politiques, porte une révolte populiste.
L’Argentine devient le laboratoire et le théâtre de cette révolte.
Au-delà des excentricités stylistiques de son nouveau président, il faut voir ce qu’elle donnera. Avec raison, on regardera cette expérience avec inquiétude.