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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Une déconfiture planifiée a fait épargner 600 M$ à Air Canada

C’est ce qu’ont avancé en cour hier les avocats des anciens employés d’Aveos

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Photo portrait de Martin Jolicoeur

Martin Jolicoeur

2021-10-27T04:00:00Z
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Six cents millions de dollars. C’est la somme qu’aura réussi à économiser Air Canada grâce à la mise en place d’un « stratagème » par lequel le transporteur est parvenu à se débarrasser de son personnel et ainsi mieux délocaliser ses activités de maintenance dans des pays à moindres coûts.

• À lire aussi: Les ex-travailleurs d’Aveos bientôt fixés

C’est du moins la thèse que les représentants des ex-employés d’Aveos ont défendue pendant toute la journée d’hier, au palais de justice de Montréal, dans le cadre d’un long procès en action collective intenté contre Air Canada. Initiée en 2017, cette action collective avait été autorisée par la cour au printemps 2018.

Le procès, qui pourrait coûter plus de 150 M$ de dédommagement à la compagnie aérienne, a débuté il y a trois semaines devant la juge Marie-Christine Hivon, de la Cour supérieure du Québec. L’audience d’hier marquait le début de l’étape des plaidoiries, qui devraient clore ce procès d’ici à demain. Si tel est le cas, ce dernier aura duré pas moins de quatre semaines.

Chômage, divorces, suicides...

« On a fait la preuve qu’Air Canada a élaboré un stratagème pour se débarrasser de ses employés, de sa main-d’œuvre qui lui coûtait cher, et qu’elle l’a mis à exécution, qu’elle est parvenue à son objectif, et qu’elle a – de ce fait – réussi à économiser 600 M$ en quatre ans, a plaidé l’avocate Anne-Julie Asselin. [...] En mettant ce stratagème à exécution, Air Canada a laissé plus de 2000 employés sur le carreau. »

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Pendant des heures, les représentants des ex-travailleurs ont rappelé à la juge les différents témoignages, éléments de preuves, et contradictions qui tendent à démontrer la mise en place, sur plusieurs mois, d’un stratagème visant à couper tous liens avec ses employés et provoquer ensuite la « déconfiture » d’Aveos.

Me Asselin a rappelé au passage les témoignages de quelques-uns des quelque 2600 anciens salariés – dont 1800 du Québec – qui ont perdu leur emploi à la suite de la fermeture d’Aveos en mars 2012. Stress, anxiété, sentiment de trahison, perte de revenus, incapacité de se retrouver du travail, divorce, suicide... seraient autant d’expériences vécues par d’anciens travailleurs.

Dommages punitifs

Ces derniers reprochent à Air Canada d’avoir planifié la réduction des contrats de maintenance à Aveos, avec objectif de provoquer sa fermeture. Air Canada aurait ainsi fait fi de la loi constituante de 1988, qui l’obligeait à maintenir des centres de révision et d’entretien à Montréal, Mississauga et Winnipeg.

Pour toutes ces raisons, ils réclament compensation pour l’ensemble des préjudices économiques, psychologiques et moraux découlant de la fermeture des centres de révision. 

La procédure vise aussi à obtenir des dommages punitifs pour atteinte à la Charte des droits et libertés de la personne.

Aujourd’hui, ce sera au tour des avocats d’Air Canada d’entamer leur plaidoirie.

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