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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

La COVID-19 comparée à un rhume: une déclaration de Legault cause un malaise

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Photo portrait de Patrick Bellerose

Patrick Bellerose

2022-04-07T14:56:38Z
2022-04-07T19:28:00Z
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Une déclaration du premier ministre François Legault, qui comparait la COVID-19 à un rhume pour les personnes vaccinées, ne passe pas chez les partis d’opposition à Québec.

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Ses adversaires accusent le premier ministre d’avoir cherché à minimiser la sixième vague qui frappe actuellement le Québec.  

François Legault a déclaré lundi dernier que la vaccination «aide». «Je l’ai vécu la semaine passée: même si on l’attrape, ça donne un rhume, à peu près», disait-il.  

Les partis d’opposition n’ont pas apprécié. «On ne peut pas minimiser cette affaire-là en disant: c'est un rhume. Moi, je ne connais personne qui est mort d'un rhume, puis j'ai eu des rhumes dans la vie, je ne me suis jamais ramassé aux soins intensifs, a souligné le député solidaire Vincent Marissal. C'est un jovialisme qui n'est pas à la hauteur de l'institution du premier ministre, qui doit quand même garder le cap et ne pas baisser la garde.»  

Le libéral Monsef Derraji a également déploré «un raccourci» du premier ministre. «Je ne sais pas, après deux ans de pandémie, qu'est-ce qui a poussé le premier ministre à dire que la COVID était un rhume», dit-il.  

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Pour le chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau, le premier ministre a cherché à «banaliser» la pandémie.  

«Si la COVID continue de tuer présentement, pour le premier ministre, de banaliser l'effet que ça peut avoir sur un très grand nombre de personnes, bien, ça donne un drôle de message, d'autant plus qu'on veut conserver un certain nombre de mesures en place et qu'on veut stimuler la vaccination troisième dose, peut-être même, éventuellement, et c'est déjà commencé, en fait, la quatrième dose. Alors, ce message-là, évidemment, il sème la confusion dans la population, et c'est regrettable», a-t-il déclaré.  

Quelques heures plus tard, François Legault a eu l’occasion de répliquer en marge d’une annonce à saveur économique. Grâce à la vaccination, a-t-il répété, les symptômes de la COVID-19 s’apparentent à ceux d’un rhume pour plusieurs personnes. «Maintenant, il y a des gens qui se retrouvent à l’hôpital, il y a des gens qui décèdent et c’est important de continuer à protéger, surtout, les personnes vulnérables, les personnes plus âgées», dit le premier ministre.  

Il a reproché au PLQ de «choisir un bout de phrase», plutôt que l’ensemble de ses propos.  

«Intimidation»

Par ailleurs, l’altercation entre le député Derraji et le ministre Dubé, la veille, a continué de faire réagir.  

Les caquistes reprochent au député libéral d’avoir cité M. Legault en omettant la partie sur la vaccination. Les tweets de Monsef Derraji, dans le même sens, ont également déplu au gouvernement.  

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M. Derraji, de son côté, n’a pas apprécié l’intervention du ministre de la Santé, en commission parlementaire, pour l’interrompre alors qu’il citait les propos de François Legault. «Hier, pour moi, que ce soit le ministre de la Santé, que ce soit un de ses collègues, je me suis senti intimidé et je me suis senti que la partie gouvernementale limitait mon travail de poser les bonnes questions», a déclaré le député libéral.  

«Et je tiens à vous le dire, ce n'est pas la première fois que j'ai ce sentiment avec M. Dubé. Revenez à son échange en interpellation au Salon bleu, où il nous taxait qu'on donnait l'appui à des gens qui encouragent le port des armes», a ajouté M. Derraji.  

En effet, Christian Dubé avait dû s’excuser, début février, après avoir affirmé qu’il «est irresponsable des oppositions de venir cautionner les gens qui menacent de prendre les armes contre les consignes sanitaires en insinuant que ça serait un peu la faute du gouvernement». La déclaration avait soulevé un tollé dans l’opposition.  

Jeudi, le ministre de la Santé a réitéré ses critiques envers Monsef Derraji. «Ces temps-ci, la population est fragile, on vit des moments très difficiles avec la sixième vague, a-t-il martelé. Je pense que les parlementaires, incluant tout le monde, devraient faire attention aux propos qu’ils tiennent. Et ce qui a été fait par le député de Nelligan était excessivement déplacé.» 

Pour M. Dubé, le premier ministre parlait uniquement de sa propre expérience en comparant la COVID-19 à un rhume. «Il parlait de l’importance de la vaccination, estime le ministre de la Santé. Il disait qu’il avait été trois fois vacciné et que, pour lui, dans ces circonstances personnelles, ça équivalait à un rhume parce que, justement, il avait eu trois doses.»     

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Le député libéral Monsef Derraji
Le député libéral Monsef Derraji Photo d'archives

Pour François Legault, Monsef Derraji a utilisé ses propos «hors contexte». «C’est de la désinformation», a-t-il lancé.   

Projet de loi contesté

Sur le fond des choses, les amendements apportés la semaine dernière n’ont pas rassuré les partis d'opposition au sujet du projet de loi 28, qui prévoit la prolongation de certains pouvoirs extraordinaires et le prolongement de certains contrats après la levée de l’état d’urgence.  

La semaine dernière, Christian Dubé a précisé quels arrêtés demeureraient en vigueur jusqu’à la fin de l’année, au plus tard.  

«Le problème fondamental, en amont, c'est que le gouvernement n'a ni l'intention ni le courage de revoir la Loi sur la santé pour revoir la façon dont on déclare l'état d'urgence. Et il est là, le problème de fond. Parce qu'il se donne toujours, encore, le pouvoir de redéclarer l'état d'urgence selon la loi qui est actuellement devant nous. Cette loi-là, elle est jeune, c'est la première fois qu'on l'utilise. Nous devons la revoir», a résumé Vincent Marissal.  

Pour le péquiste Joël Arseneau, «on a deux choix: soit on le met de côté, on dépose un nouveau projet de loi beaucoup plus simple, soit on prend ce qu'on a sur la table, puis on élimine le superflu, puis on met, essentiellement, ce dont on a besoin». 

«Est-ce qu'on a besoin d'un projet de loi pour lever l'état d'urgence? La réponse était claire: non», estime Monsef Derraji.      

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