À Kharkiv, une cuisine de bénévoles détruite par une frappe russe

AFP
Alors que le bombardement vient tout juste d’avoir lieu, une odeur de levure et de pain flotte dans l’air dans le centre de Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, quotidiennement touchée par des bombardements de l’armée russe.
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Cette fois, le missile a déclenché un incendie dans plusieurs immeubles du centre-ville et détruit une cuisine qui fournissait gratuitement des repas aux habitants de cette ville du nord-est.
Sous le souffle de l’explosion, des miches de pain ont volé jusque dans la rue, vite imbibées de l’eau des lances d’incendie déployées par les pompiers pour éteindre le feu qui s’emparait de l’immeuble.

Deux personnes ont été tuées et 18 autres blessées lors de cette frappe russe, selon les autorités locales.
Encore sous le choc, Guennadi Vlassov erre dans la rue, observant hébété les fragments de métal et plastique fondus. Sa voiture, non loin de là, a été entièrement détruite.
Lui était en train de pétrir du pain dans la cuisine volontaire.
«L’explosion était si grande qu’au début, on n’a pas compris ce qui se passait», raconte à l’AFP le bénévole de 52 ans. «C’est quand les murs ont commencé à bouger que nous avons compris qu’il fallait sortir.»

Autour de lui, des débris dessinent une scène absurde : une chaussure solitaire, des mannequins brûlés, provenant d’une boutique de tissus juste à côté, une carcasse déplumée de poulet, un livre de la saga d’Harry Potter.
Bombardements
Kharkiv fait partie des villes dans le collimateur de l’armée russe depuis que le président russe Vladimir Poutine a annoncé retirer ses troupes de la région de Kyïv pour se concentrer sur l’est de l’Ukraine.
À 21 kilomètres de la frontière avec la Russie, la ville du nord-est de l’Ukraine connaît d’intenses bombardements depuis plusieurs jours.
Vendredi, dix personnes ont été tuées et 35 blessées par une frappe russe contre un quartier résidentiel de la métropole.

La veille, le gouverneur de la région, Oleg Sinegoubov, avait annoncé que 503 civils, dont 24 enfants, avaient été tués dans la région de Kharkiv depuis le début de l’invasion russe.
Et samedi, en milieu de journée, une équipe de l’AFP a entendu les salves régulières de tirs d’artillerie, alors que se poursuivent des combats acharnés entre Russes et Ukrainiens.
Destruction
Dans les décombres de l’ancienne cuisine, son gérant Dmytro Kamykine jette un regard autour de lui.
Le toit a été arraché par la force de la frappe. Les panneaux muraux gisent au sol.
Des camions de pompiers sont stationnés tout près, leurs lances d’incendie serpentant sur le bitume et projetant de l’eau à l’intérieur d’immeubles où s’élève encore de la fumée.

Une rivière se forme dans la rue, au milieu des débris de briques et des morceaux de métaux déformés.
Non loin, la carcasse d’une voiture détruite laisse entrevoir des ustensiles de cuisine : des poêles, des casseroles, une série de couteaux.
«Trois voitures sont arrivées avec des bénévoles. Ils ont été gravement blessés», explique M. Kamykine, 56 ans.
«Près d’ici, un jeune homme a été tué» par la frappe, ajoute-t-il, impassible. «Vous pouvez voir le sang sur l’asphalte. J’ai couru vers lui, mais il était déjà mort.»