Une chèvre pour égayer les petits vaccinés
Notre chroniqueur a visité un centre de vaccination pour enfants en compagnie d’un zoothérapeute


Louis-Philippe Messier
À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Munie d’une couche pour éviter de malencontreux dégâts, Croquette, 7 mois et demi, trotte candidement dans une salle d’attente post-vaccin où des enfants attendent. Non, ce n’est pas le nom d’une bambine malcommode, mais bien celui de la petite chèvre sémillante du zoothérapeute Alexandre Charlton qui fait sensation !
Au centre de vaccination pour enfants de l’Espace Rodi, à Longueuil, samedi dernier, l’ambiance est réjouissante et le personnel souriant.
Les parents semblent soulagés. Plusieurs semblent avoir redouté que leur progéniture réagisse mal à la piqûre et, l’injection faite sans drame, ils se montrent détendus.

« Je tenais à être présent pour la vaccination de ma fille », m’explique Éric Ménard, de Varennes. Il aurait pu laisser Madison, 7 ans, recevoir sa dose à l’école, mais il voulait être là.
Les six autres parents avec lesquels je me suis entretenu m’ont dit la même chose.
Ça m’a surpris : pour ma part, j’ai laissé Gustave, mon fils de 5 ans et demi, se faire vacciner à l’école, seul.
Puisque j’essaie de traîner mon fils avec moi le plus possible, je suis allé à l’Espace Rodi avec lui. Il n’a pas manqué de répéter à tout le monde que son vaccin ne lui a pas fait mal. « C’est comme un moustique qui pique. »
Le zoothérapeute Alexandre Charlton, 31 ans, travaille normalement à Dunham, dans la ferme de Cavaletti, l’organisme à but non lucratif qu’il a fondé en 2015 afin de servir principalement une clientèle d’enfants atteinte du spectre de l’autisme.
Effort de vaccination
Pour contribuer à l’effort de vaccination dans sa ville de résidence, Longueuil, M. Charlton a accepté de prolonger sa semaine de travail pour être là samedi.
« Je fais du cheval depuis que je suis en âge de marcher et je crois aux bienfaits de la connexion avec les animaux, alors ça me fait plaisir de sortir un peu de ma ferme avec une chèvre, un lapin et un chat pour [les] enfants du centre », m’explique-t-il.

Croquette, de race miniature, a presque déjà atteint sa taille adulte, mais la bedaine de cette gourmande notoire (de là son nom) prendra certainement du volume.
Quant au lapin Docteur Fluff, le hasard ne m’a, hélas, pas permis de le croiser dans le centre.
J’ai été sidéré par le calme olympien du chat baptisé Souris. Ce minet devait initialement chasser les rongeurs de la ferme Cavaletti, mais s’est avéré trop zen pour cette tâche et s’est imposé comme une recrue de choix en tant qu’animal de zoothérapie.
« Une femme, dont la fille autiste était très anxieuse et avait déjà refusé un vaccin, a appelé et est venue ce matin pour profiter de la chèvre et du zoothérapeute, et ça a complètement calmé l’enfant ! » me relate Guy Bergeron, un des gestionnaires du centre de vaccination.
M. Bergeron fascine mon fils en fabriquant des « bulles de fumée » (en versant de l’eau chaude savonneuse sur de la glace sèche).
« Ces petites attentions font une différence, parce que mes filles et moi avons passé tout le temps dans la file à parler des animaux, ça a diminué l’angoisse », dit André-Anne Vadnais, de Sainte-Julie, tandis que ses filles de 5 et 7 ans, Sienna et Victoria, « minouchent » Souris.