Une carte d’affaires l’amène à deux Jeux


François-David Rouleau
Il n’aura fallu qu’une simple carte et une succincte présentation au sommet d’une montagne des Laurentides pour unir Elizabeth Hosking à son entraîneur Brian Smith, il y a 13 ans.
Une preuve que de semer une graine peut développer de profondes racines. Entraîneur de snowboard, Smith ne se serait jamais douté à l’époque qu’une petite attention polie l’amènerait aux Olympiques deux fois plutôt qu’une.
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Celle qui est très vite devenue sa jeune et talentueuse protégée lui a offert ce privilège.
« J’étais dans la remontée mécanique du mont Avila et je l’avais vue descendre dans l’Express avec ses parents. Elle n’était pas grande. Elle avait attiré immédiatement mon attention par sa prestance, sa position et sa manière de bouger ses articulations sur sa planche , se souvient Smith.
« Je voyais de la fluidité dans ses mouvements malgré son jeune âge, poursuit-il. Ce qui n’est pas habituel. Elle bougeait comme une ado qui ridait depuis 10 ans. »
Mais Hosking n’avait que 9 ans.
À la remontée suivante. Il l’a vue au sommet avec ses parents. Il s’est donc approché pour leur remettre sa carte professionnelle Apexx. Sa conjointe Catherine Parent et lui dirigent une entreprise pilotant un programme sport-études dans les Laurentides.
Coup de fil déterminant
Peut-être pouvaient-ils aider la jeune fille à s’améliorer en surf des neiges et la faire passer au niveau supérieur.
Deux semaines plus tard, le téléphone a sonné. Au bout du fil, Raymonde et Éric disent que leur fille Elizabeth est intéressée à s’améliorer.
Dès ce jour, Catherine et Brian l’ont prise sous leur aile. En observant sa progression, son désir de toujours aller plus haut et de devenir un jour médaillée olympique, ils ont conçu un programme spécifique.
Les Hosking sont tombés sur le bon couple. Les deux sont des entraîneurs certifiés de haut calibre. Brian connaissait aussi la poutine d’un programme olympique. Il venait de siéger au comité technique qui allait produire le plan de développement à long terme des athlètes nationaux.
« Ce que les entraîneurs utilisent de nos jours pour développer des athlètes, c’est moi qui l’ai écrit », laisse tomber sans détour le coach avec plus de 20 ans d’expérience.
Catherine et lui ont aussi propulsé Dominique Vallée qui devait se rendre à Vancouver en 2010 et Charles Reid qui a participé aux Jeux de 2014.
Environnement solide
Apexx a donc jeté le programme sur papier. Les parents l’ont accepté et l’ont toujours respecté à la règle. Condition sine qua non de l’efficacité d’un triangle de compétition entre l’athlète, les parents et les entraîneurs.
On devine aujourd’hui qu’il a porté ses fruits, car Elizabeth a tôt fait de se signaler dans les plus grandes compétitions à travers la planète. Des performances éclatantes dans les demi-lunes qui l’ont menée aux Jeux de Pyeongchang en 2018 et ceux de Pékin.
« Elle a vécu des Jeux quatre années plus tôt que prévu dans notre plan. C’était énorme, affirme-t-il à propos de sa 19e position en Corée du Sud. Hier [jeudi], elle a littéralement offert sa meilleure performance en carrière. »
En parlant au nom de toute son équipe, l’entraîneur est d’autant plus fier de l’attitude, du comportement et de la prestance de sa planchiste de 20 ans qui a terminé sixième en demi-lune, jeudi.
« Comme coach, on souhaite le meilleur pour son athlète. Ma plus grande crainte, c’est que l’athlète ne puisse se développer et vivre une grande réussite. Et je ne parle pas de résultat. Elizabeth l’a fait. Elle a pris tous les moyens pour performer sur cette scène olympique. Ça, c’est notre réussite. Notre médaille d’or. »
Cette carte les mènera encore dans les plus grandes compétitions, peut-être aux X Games et qui sait, à une troisième olympiade, en 2026, à Cortina d’Ampezzo. C’est dans le programme.