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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Nickel: une association déplore «une erreur scientifique»

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Photo portrait de Taïeb Moalla

Taïeb Moalla

2022-02-26T02:26:04Z
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Pour justifier son intention d’augmenter la norme de concentration du nickel dans l’air, le gouvernement du Québec commet « une erreur scientifique fondamentale » en semblant ignorer les conclusions d’une de ses propres études, dénonce un regroupement de médecins.

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C’est ce que l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) a déploré dans un mémoire de 47 pages déposé au ministère de l’Environnement dans le cadre des consultations publiques sur le projet de règlement controversé. 

Dans les fiches techniques sur lesquelles se base le gouvernement Legault pour quintupler la norme actuelle, on peut lire « qu’aucune donnée sur la spéciation [la recherche de la sorte précise] du nickel dans l’air ambiant au Québec ou dans les émissions des sources n’est disponible ». 

Or, l’AQME a récemment découvert qu’une étude scientifique à ce sujet existe bel et bien même si elle est curieusement passée inaperçue jusqu’à maintenant. Publiée en 2013, elle s’intitule Origine des concentrations élevées de nickel dans l’air ambiant à Limoilou et elle se trouve sur le site web du ministère de l’Environnement. 

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Selon Johanne Elsener, médecin vétérinaire et porte-parole de l’AQME, « l’étude [de 2013] démontre que l’air de la ville de Québec contient une composition de nickel totalement différente de l’air européen et ontarien ». Or, « l’erreur scientifique » vient du fait que « la nouvelle norme proposée repose sur la composition de nickel de l’air européen et ontarien », affirme-t-elle. 

Mme Elsener s’inquiète également du fait que le nickel présent dans l’air de Québec soit essentiellement de la pentlandite, « un sulfure de nickel et de fer pouvant être associé à une augmentation de cancers pulmonaires dans la littérature scientifique », s’alarme l’Association. 

Invitée à réagir, Émilie Toussaint, attachée de presse du ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a soutenu « qu’on ne commentera pas une à une toutes les recommandations reçues ». 

Quelque 27 mémoires ont été produits dans le cadre des consultations portant sur le projet de modification réglementaire. Le nouveau texte ferait passer de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) le taux quotidien permis de concentration de nickel dans l’air. Une norme annuelle moyenne de 20 ng/m3 serait instaurée.

Aucune sanction depuis 2013

D’autre part, et après de multiples échanges avec le ministère de l’Environnement, Le Journal a obtenu la confirmation qu’aucune sanction administrative ou pénale et aucun avis de non-conformité n’a été émis depuis décembre 2013 dans le cadre du règlement actuel sur le nickel. Pourtant, 88 dépassements ont été enregistrés ces dernières années à la station du Vieux-Limoilou.

Comment l’expliquer ? « Les mesures prises dans l’air ambiant sont influencées par un ensemble de facteurs pouvant être à l’origine de l’émission de matières particulaires pouvant contenir du nickel », a répondu le gouvernement. 

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