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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Un trafiquant de carrière blanchirait de l’argent pour le crime organisé avec son resto de Farnham

La Régie a refusé d’accorder un permis d’alcool à Martin Lagacé

Martin Lagacé, un récidiviste du trafic de stupéfiants de l’Estrie, s’est vu refuser un permis d’alcool pour le resto Dextartare, car il voudrait s’en servir pour blanchir de l’argent au profit du crime organisé, craint un juge.
Martin Lagacé, un récidiviste du trafic de stupéfiants de l’Estrie, s’est vu refuser un permis d’alcool pour le resto Dextartare, car il voudrait s’en servir pour blanchir de l’argent au profit du crime organisé, craint un juge. Tirée du Facebook Bbm Esthetique
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Photo portrait de Laurent Lavoie

Laurent Lavoie

2025-07-25T23:00:00Z
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Un récidiviste du trafic de stupéfiants de l’Estrie s’est vu refuser un permis d’alcool pour son restaurant, car il voudrait s’en servir pour blanchir de l’argent au profit du crime organisé, craint un juge.

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«Le tribunal doit assumer son rôle de chien de garde de l’intérêt public afin d’assurer que ce domaine ne bénéficie pas et ne soit pas infiltré ni contrôlé par des personnes gravitant dans le milieu criminel», a résumé le mois dernier Guillaume Brien, juge administratif à la Régie des alcools, des courses et des jeux.

Martin Lagacé exploite depuis le début de l’année le restaurant Dextartare, à Farnham.

Il souhaitait optimiser son menu en mettant la main sur un permis d’alcool auprès de la Régie. La Sûreté du Québec (SQ) s’y est toutefois opposée, citant entre autres ses antécédents judiciaires.

Façade du restaurant Dextartare, exploité par Martin Lagacé
Façade du restaurant Dextartare, exploité par Martin Lagacé Tirée du Facebook de Martin Lagacé

Entre 1998 et 2018, il a été condamné au total à plus de 13 ans de pénitencier pour des crimes en matière de drogues (voir encadré). On le soupçonnait à un certain point de contrôler le trafic de stupéfiants en Abitibi-Témiscamingue.

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Une telle feuille de route démontre «de manière prépondérante que son implication dans la criminalité n’est pas une simple erreur de jeunesse ni une erreur momentanée de parcours», fait valoir le juge Brien.

Blanchiment et dettes

Selon ce qu’une source «fiable» a confié à la SQ, Lagacé serait désormais lié à la vente de cocaïne et de méthamphétamine dans les environs de Mont-Tremblant et de Mont-Laurier, peut-on lire dans la décision.

On y note aussi que l’homme de 56 ans «serait en possession d’une arme de poing, et il aurait accès à des armes dans le secteur d’Oka».

Condamnations en matière de stupéfiants de Martin Lagacé

  • 1998: cinq ans et six mois de détention (importation de cocaïne);
  • 2006: deux ans de détention (production, possession de substances en vue d’en faire le trafic, entreposage illégal d’une arme à feu);
  • 2014: 26 mois de détention (possession de substances en vue d’en faire le trafic);
  • 2018: 41 mois de détention (possession, trafic de substances).
 

«Martin Lagacé fait souvent affaire avec le crime organisé, avec sa conjointe, et souvent accompagné d’un enfant», relève le tribunal.

Le Dextartare aurait ainsi vu le jour pour «blanchir de l’argent», notamment pour le compte de motards hors la loi. Il s’agirait d’un «endroit désigné pour des transactions» de drogue, allègue la SQ.

Ses états financiers ont d’ailleurs soulevé certaines interrogations auprès des policiers et de la cour.

Lagacé avait d’abord affirmé n’avoir eu aucune source de financement pour ouvrir son restaurant, avant de se raviser pour dire qu’il avait cumulé plus de 50 000$ de dettes. Il n’a présenté aucun document bancaire ou fiscal en cour.

Pas réinséré

Durant son témoignage, il a nié s’enrichir grâce à la criminalité, avançant que le chiffre d’affaires mensuel brut de son restaurant varie entre 11 000$ et 12 000$.

Jamais il n’aurait demandé un permis d’alcool en son nom s’il avait quelque chose à se reprocher, a-t-il dit au juge.

Comptoir à l’intérieur du restaurant Dextartare, exploité par Martin Lagacé
Comptoir à l’intérieur du restaurant Dextartare, exploité par Martin Lagacé Tirée du Facebook du resto Dextartare

À ses yeux, «Farnham est un petit village et que s’il faisait quelque chose d’illégal, il se ferait vite arrêter».

«M. Lagacé n’a pas su établir les revenus qu’il aurait gagnés depuis sa sortie de prison le 21 mars 2021», mentionne toutefois le juge Brien.

Il ajoute que Martin Lagacé a échoué à prouver aux autorités qu’il s’était réinséré socialement.

«Obtenir un permis d’alcool est un privilège, et non un droit», tranche le juge Brien, en rappelant que le «trafic de drogue est un fléau social, qui entraîne une augmentation certaine de la violence».

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