Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Un système comme le 911 recommandé à Manawan après le décès d’un jeune Attikamek

À Manawan, comme dans plusieurs communautés autochtones du Québec, le système 911 n’est pas accessible à cause de contraintes géographiques

Tom-Georges Ottawa est décédé en juin 2023 à Manawan, à l’aube de ses 30 ans.
Tom-Georges Ottawa est décédé en juin 2023 à Manawan, à l’aube de ses 30 ans. Photos d'archives
Partager
Photo portrait de Erika Aubin

Erika Aubin

2025-02-28T05:00:00Z
Partager

Le mort d’un jeune Attikamek a encore une fois mis en lumière les difficultés à contacter les services d’urgence dans certaines communautés autochtones, ce qui a incité un deuxième coroner à recommander l’implantation d’un numéro unique, comme le système 911.

• À lire aussi: Un référendum à Manawan pour expulser les trafiquants de drogue

«Le nombre de numéros différents pour rejoindre les services d’urgence a fait en sorte qu’il y a eu des retards. Dans cette situation, chaque minute est importante», explique d’emblée au Journal le coroner Me André Cantin.

Il a récemment rendu public son rapport sur la mort de Tom-Georges Ottawa en juin 2023 à Manawan, dans Lanaudière. Cette nuit-là, l’homme de 29 ans avait consommé alcool et drogue lors d’une fête organisée pour son anniversaire.

La victime Tom-Georges Ottawa
La victime Tom-Georges Ottawa PHOTO TIRÉE DU SITE FUNÉRAIRE

Peu avant 1 h 30 du matin, son ami a d’abord contacté le Centre de santé de Manawan, car il avait besoin d’un transport pour ramener chez lui l’homme intoxiqué. On l’a dirigé vers les policiers, à qui il a téléphoné une première fois. Puis une seconde fois pour les avertir que M. Ottawa ne respirait plus et pour demander une ambulance.

Plusieurs numéros
Publicité

À Manawan, comme dans plusieurs autres communautés autochtones du Québec, le système 911 tel que l’on connaît n’est pas accessible, notamment à cause de contraintes géographiques ou technologiques, explique le ministère de la Sécurité publique.

Les numéros d’urgence que doivent composer les résidents diffèrent selon qu'ils veulent rejoindre la police, les pompiers ou encore le centre de santé.

«Les résidents n’ont pas tous ces numéros en mémoire ou sous la main, surtout dans l’urgence. Alors que s’il y en avait juste un pour rejoindre tous les services d’urgence, ça serait pas mal plus facile», dit le coroner.

Il s’est écoulé environ 20 min entre le premier appel et l’arrivée des intervenants auprès de Tom-Georges Ottawa, selon le coroner Cantin, qui recommande l’implantation d’un numéro unique pour toutes les communications d’urgence à Manawan.

«Si un numéro unique avait existé [...], cela aurait augmenté le nombre d’intervenants qui auraient pu se rendre sur les lieux et débuter les manœuvres de réanimation rapidement», écrit-il dans son rapport.

Un enjeu ailleurs aussi

Ce n’est pas la première fois que l’enjeu est soulevé. L’an dernier, la coroner Me Geneviève Thériault avait formulé une recommandation semblable après le décès d’une femme à Waswanipi, dans le Nord-du-Québec.

Elle recommandait au gouvernement de la nation crie d’examiner la possibilité d’instaurer un centre de communication d’urgence sur le territoire Eeyou Istchee. Une table de travail évalue présentement la faisabilité technique, a confirmé la directrice exécutive adjointe, Mélissa Saganash.

Du côté de Manawan, le chef Sipi Flamand prend aussi la recommandation au sérieux: «C’est nécessaire. Nous avons mis en place les actions pour la suivre, mais ça nécessite des discussions avec les gouvernements. Ce sont des discussions qui étaient présentes par le passé et la recommandation vient confirmer l’importance.»

Le chef de la communauté de Manawan, Sipi Flamand
Le chef de la communauté de Manawan, Sipi Flamand Photo d'archives

Parmi les 41 communautés et 14 villages nordiques, moins de la moitié bénéficie soit du système 911 ou d’un numéro unique à dix chiffres pour rejoindre les services d’urgence, selon le MSP.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité