Le Suisse qui achète des montagnes au Québec
Appuyé par des investisseurs européens, Christian Mars en est à sa troisième acquisition ici


Louis Deschênes
Christian Mars ne manque pas d’ambition. L’homme d’affaires, qui connaît une ascension fulgurante, souhaite acquérir plusieurs centres de ski pour faire du Québec une destination hivernale mondiale.
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«Je pense que je vais vous surprendre dans les prochains mois», confie le Suisse en entrevue avec Le Journal.
Après l’acquisition du Mont Lac-Vert, à Hébertville, et du Mont Grand-Fonds, à La Malbaie, l’homme de 64 ans est devenu cette semaine le roi de la montagne à L’Anse-Saint-Jean, au Fjord-du-Saguenay, où l’on va lui confier les opérations du Mont-Édouard, le cinquième plus haut dénivelé au Québec.
Et ce n’est pas fini, l’homme de 64 ans a présentement dans la mire le Mont Adstock, dans Chaudière-Appalaches, qui s’est placé à l’abri de ses créanciers en mai dernier.
Et c’est sans compter qu’il persiste sur la possible acquisition du Mont-Sainte-Anne et de la Station touristique Stoneham.
«La balle est dans leur camp», lance-t-il.
En 2023, avant ses premières transactions, personne ne connaissait Christian Mars au Québec, et aujourd’hui, son nom résonne chaque fois qu’une station de ski cherche des investisseurs.

Modèle d’affaires
M. Mars agit à titre de président de la Compagnie des montagnes de ski du Québec, une filiale de la société française e-Liberty Services.
Ce groupe est composé d’investisseurs franco-suisses qui opèrent également trois centres de ski en Europe.
Son plan stratégique vise à acheter et à unifier des stations de ski afin d’offrir un forfait unique pour que la clientèle puisse skier sur plusieurs montagnes pour moins de 1000$.
Il insiste également sur l’importance d’avoir des installations à jour.

Il cite en exemple le Mont Grand-Fonds, qui a connu une année record, générant des profits d’un million de dollars.
«On sait gérer! On a investi 20 M$, et si vous investissez, les clients viennent.»
Critiques
Les ambitions du financier venu d’Europe peuvent parfois déranger, mais M. Mars, qui passe son temps entre la Suisse et sa maison dans Charlevoix, estime recevoir un bel accueil avec ses projets.
Il s’est aussi lié d’amitié avec Pierre Lavoie, qui est natif de L’Anse-Saint-Jean.
«Demandez à Pierre, je suis un amoureux de la montagne. Si j’étais arrivé [en] costume-cravate, comme un financier de Wall Street, ça aurait été une catastrophe», raconte-t-il en riant.
Et en réponse à ceux qui disent qu’il prend possession des montagnes du Québec, il répond: «Vous pensez quoi? Que je vais partir en Europe avec une montagne sous le bras?»
«Chaque fois qu’il y a quelqu’un qui doute, je dis: “Appelez Michel Couturier, le maire de La Malbaie. Il m’appelle le père Noël”», illustre-t-il, évoquant les investissements réalisés au Mont Grand-Fonds.
Fitzgibbon et la filière batterie
Dans son entretien de 30 minutes avec Le Journal, Christian Mars s’est aussi permis une incursion dans le dossier de la filière batterie.
Parce qu’à l’époque, lors d’une discussion avec Pierre Fitzgibbon, M. Mars a formulé des craintes par rapport à la filière batterie en raison de la concurrence avec la Chine, une puissance mondiale dans le domaine.
«J’avais dit à votre ancien ministre de l’Économie: “Moi, les batteries, je ne ferais pas.” [...] Parce que venant d’Europe, on savait un peu que c’était mort», soutient-il.
L’homme d’affaires préférait miser son argent, et c’est toujours le cas, sur les montagnes du Québec.