Un rêve devenu réalité pour Danièle Sauvageau


Benoît Rioux
OTTAWA – Si la frénésie était palpable à l’approche du match, c’est lorsque la rondelle a enfin touché la glace pour la véritable mise au jeu que le temps a semblé s’arrêter pour Danièle Sauvageau, mardi soir, à Ottawa.
«C’est fou, a décrit la directrice générale de l’équipe de Montréal évoluant dans la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF). C’est comme un rêve, comme si au moment où l’arbitre laissait tomber la rondelle sur la patinoire, tout venait à se passer au ralenti, une impression de voir défiler les 45 à 50 dernières années de ma vie.»
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«Juste avant le match, j’ai croisé tellement de personnes différentes que je n’avais pas vues depuis longtemps, a ajouté Danièle Sauvageau, avec excitation. Je prends chaque moment et je range ça dans un gros coffre à souvenirs.»

Figure de proue pour la pratique du hockey par les filles au Québec, au Canada et partout dans le monde, Danièle Sauvageau se revoyait notamment au début de son adolescence, à l’aréna de Saint-Eustache, où on lui a dit que ce sport-là n’était pas pour les jeunes filles. Elle s’y était présentée avec ses deux frères, Michel et Sylvain, pour jouer au hockey, mais on lui a répondu que c’était seulement pour les garçons. Ça se passait au milieu des années 1970.
Aujourd’hui âgée de 61 ans, Danièle Sauvageau s’est elle-même chargée de faire évoluer les choses. Tout en poursuivant une carrière de plus de 30 ans comme policière, au Service de police de la Ville de Montréal et dans la Gendarmerie royale du Canada, elle allait dédier une partie de sa vie au hockey.
«Je n’ai jamais rien vu de tel au hockey féminin», de déclarer la femme déterminée, à propos de la LPHF.

Elle a beau avoir milité pour une première présence des hockeyeuses aux Jeux olympiques de Nagano, en 1998, et remporté l'historique médaille d’or derrière le banc de l’équipe canadienne quatre ans plus tard, à Salt Lake City. Ce circuit professionnel, où les joueuses bénéficient d’un salaire digne, semble venir au sommet du palmarès.
Un produit à définir
La Ligue professionnelle de hockey féminin demeure évidemment un produit à définir. Pas question de nuire à la parade en présence de Danièle Sauvageau! C’est la LPHF, mais le sigle anglophone PWHL est davantage visible actuellement.
«Pour moi, le français, l’anglais, la diversité et la mixité sont très importants, a exposé la directrice générale de l’équipe de Montréal. La personne qui pourrait me reprocher quoi que ce soit là-dessus n’est pas encore née. Durant toute ma vie, j’ai bien voulu représenter le Québec. Je suis née à Montréal, j’ai grandi à Deux-Montagnes et ça m’arrive de parler autant en français qu’en anglais. On alterne entre les deux à l’intérieur de notre équipe et pour moi, il n’y a pas d’enjeu.»

Et à propos de l’expression «hockey féminin», est-elle dérangeante? N’est-ce pas la ligue qui est féminine?
«C’est du hockey joué au féminin, a tranché Danièle Sauvageau, sans s’en offusquer. Dans le fond, je vois le hockey féminin comme une classification.»
La Québécoise a rêvé à cette ligue depuis trop longtemps pour s’attarder aux détails à parfaire. Elle continue de regarder vers l’avant.