Couvrir les Jeux olympiques: la réalisation d'un rêve de ti-cul


François-David Rouleau
PÉKIN | En temps normal, il n’y aurait pas de moment de réflexion à un appel t’invitant à participer à la couverture des Jeux olympiques. Devant le rêve d’une carrière, ce serait un « oui » automatique. En temps de COVID-19, il y avait une légère hésitation. Et en Chine de surcroît, cette hésitation s’est transformée en une réponse différée de 48 heures.
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Mi-septembre, Denis Poissant, notre directeur des Sports au Journal, m’appelle pour discuter des plans de l’automne et de l’hiver à venir. Au menu de la discussion, j’étais bien loin de me douter des Olympiques.
« Voudrais-tu et pourrais-tu aller aux Jeux ? me lance-t-il au bout du fil. C’est encore loin, mais ça viendra vite. Il faut prendre des décisions rapidement. »
Je fige au volant. J’immobilise le véhicule et je réfléchis quelques secondes à la demande. Il m’offrait le rêve. Pourquoi hésiter ?
Parce qu’on est encore en pandémie, avec tous les enjeux et défis qu’elle impose, tant à domicile avec la famille qu’à l’étranger. Je l’ai expérimenté dans des couvertures au-delà des frontières depuis mars 2020.
Et dans le contexte politique, parce que c’est l’inconnu devant la géante qu’est devenue la Chine et sa folie de tout contrôler.
Opportunité à saisir
À mon arrivée au Journal à l’été 2014, il y avait belle lurette que j’avais encerclé la couverture des Jeux de Rio. Ils représentaient l’objectif ultime. Mais je n’avais aucune chance de m’envoler deux ans plus tard vers le Brésil.
Mes valeureux collègues faisaient déjà la file pour y participer. Et avec raison. J’entends encore André Cyr, notre ancien directeur adjoint aux Sports, me dire avec son grand sourire : « Prends un ticket, t’es pas le seul à vouloir y aller. » J’avais au moins essayé.
Sept ans plus tard, j’obtiens cette opportunité. Pas question de la laisser filer.
Dans le déferlant variant Omicron, on a perdu des coéquipiers de l’aventure en raison des exigences sanitaires grandissantes du comité organisateur et toutes les contraintes liées à une éventuelle infection en territoire chinois.
Stress grandissant
Dans un quasi-isolement préventif, le stress a continué de grimper au fil des semaines de janvier menant au grand départ vers l’Asie. Il s’est accentué au dévoilement des histoires cauchemardesques de collègues arrivés à Pékin.
Mais avec le rêve à portée, tous les efforts déployés, les heures à bûcher sur l’organisation et les protocoles appris sur le bout des doigts, c’était inimaginable de reculer.
Je suis bien débarqué à Pékin dans la nuit de samedi à dimanche et l’efficacité de l’organisation permet de dissiper quelques doutes.
Une fois entré dans la bulle olympique, le souci des règles sanitaires permet d’éviter les ennuis.
Car après le test de dépistage quotidien, il ne faut surtout pas recevoir d’appel de notre agent de liaison COVID-19. Comme on dit : pas de nouvelle, bonne nouvelle.
Capitale tranquille
Ces seconds Jeux de l’ère pandémique promettent d’être uniques à bien des égards. Dans mon rêve de ti-cul, ce baptême de feu olympique ne se déroulait pas dans la folie d’un virus. Dans la fébrilité, il faut toutefois composer avec cette réalité.
À nos premières visites des installations olympiques, la capitale ne vibre pas au rythme des Jeux. C’est tranquille et discret, loin de la fourmilière qu’on aperçoit à l’écran, qu’on nous raconte et qu’on appréhende avec frénésie.
Même au Nouvel An chinois, lançant l’année du Tigre lundi soir, pas de feux d’artifice à illuminer le ciel sur le coup de minuit. Rien. Du moins, pas d’où nous sommes situés en regardant en direction du centre-ville, des tours olympiques colorées et du stade.
Ce seront des Jeux sobres et uniques, dans tous les sens du terme.