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L'article provient de Le Journal de Québec
Transports

3e lien: un projet risqué, coûteux et non sécuritaire, selon des experts

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Photo portrait de Martin Lavoie

Martin Lavoie

2022-02-11T05:00:00Z
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La décision du gouvernement de revenir à la planche à dessin avec le projet de troisième lien n’étonnera pas certains experts avec qui Le Journal s’est récemment entretenu qui prévoyaient d’importants dépassements de coûts.

• À lire aussi: 3e lien «ajusté»: une nouvelle version moins chère et plus rapide à construire

«Ce sera un projet de grande envergure à coup sûr. Techniquement, il est possible de construire de nos jours», a commenté le professeur Jinyuan Liu de l’Université Ryerson.

Il pense toutefois que le budget estimé entre 6 et 7 milliards $ (10 avec les coûts de financement) est à «la limite inférieure».

«Je m’attendrais à ce qu’il se situe entre 15 et 20 milliards $. Vous pouvez comparer avec des projets similaires, tels que celui de Seattle (route 99), le tunnel du Niagara, le tunnel et le pont de la rivière Yangtze de Shanghai et le tunnel Calle 30 de Madrid. Ce sont des tunnels de grand diamètre», a-t-il répondu.

Bruno Massicotte, professeur à la Polytechnique, pense aussi que les coûts augmenteront en raison du manque de joueurs pour un si grand tunnel. «Et étant donné les risques, il se peut même qu’aucune entreprise ne soit intéressée», avance-t-il.

Le gouvernement pourrait se rallier à l’opinion émise par M. Massicotte dans une lettre ouverte en janvier.

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Comme dans son étude de 2016, il recommandait la construction de deux tunnels, plutôt qu’un seul, pour des raisons de sécurité des usagers.

«Un tunnel double serait probablement moins cher, car plus courant», a ensuite dit M. Massicotte au Journal.

Le «pire» endroit

Yvan Dionne, président de Promine, n’hésite pas à affirmer que la construction du troisième lien mènera à une «catastrophe».

Son entreprise produit un logiciel à l’intention des constructeurs de mines. Elle compte 120 clients dans une dizaine de pays d’Amérique et emploie une trentaine de personnes.

«C’est un projet très risqué. C’est possible de le faire, c’est indéniable, mais ça peut être très problématique», ajoute cet expert en creusage de tunnels miniers qui estime que l’endroit choisi «est le pire possible».

La rencontre d’obstacles est une importante préoccupation pour les constructeurs de tunnels. M. Dionne précise qu’un tunnelier ne peut tourner pour éviter un obstacle.

M. Dionne conseillerait à tout le moins de faire un forage dirigé d’une trentaine de cm de diamètre sur la longueur du parcours avant de se lancer dans l’aventure pour mieux connaître le sous-sol.

«Ce serait un investissement de quelques millions de dollars qui pourrait sauver énormément d’argent. Lancer le projet sans faire ça dépasserait mon entendement», plaide-t-il.

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