Flying Whales: un projet gonflé à bloc grâce à près de 74 M$ de fonds publics
La facture pour les contribuables s’est envolée malgré des retombées incertaines


Sylvain Larocque
Le gouvernement Legault vient de réinvestir plus de 50 M$ dans le projet français de dirigeables Flying Whales et il se prépare déjà à faire un autre chèque d’ici quelques mois, même si le nombre d’emplois promis est pour le moins vague.
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«Il va probablement y avoir une autre ronde de financement [...] dans peut-être neuf mois», a confié le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, au cours d’un entretien téléphonique avec Le Journal.
La semaine dernière, Québec a annoncé un investissement de 25 millions d’euros (33,5 M$) dans la société mère de Flying Whales, établie en France, et de 15 millions d’euros (20 M$) dans sa filiale québécoise.
Premier investissement en 2019
Ces sommes s’ajoutent aux 15 millions d’euros que le gouvernement avait investis à la fin de 2019 dans la société mère de Flying Whales (22 M$ selon le taux de change de l’époque).
De plus, Québec s’était alors engagé à injecter 5 millions d’euros (7,3 M$) dans la filiale québécoise, mais ces fonds n’ont jamais été déboursés en raison d’un différend avec le gouvernement fédéral.
Les Chinois hors du portrait
Pour des raisons de sécurité nationale, Ottawa jugeait indésirable l’actionnaire chinois de la société mère de Flying Whales, l’entreprise d’État AVIC. L’automne dernier, des investisseurs français ont racheté la participation d’AVIC, permettant finalement à la filiale québécoise de voir le jour.
Ce sont donc près de 74 M$ que les contribuables québécois ont investi dans Flying Whales depuis 2019. M. Fitzgibbon n’a pas précisé combien Québec était susceptible de remettre dans le projet l’an prochain.
Flying Whales ambitionne de révolutionner le transport de charges lourdes vers des lieux éloignés avec son appareil LCA60T, un dirigeable doté d’une capacité d’emport de 60 tonnes.
D’autres actionnaires de Flying Whales, dont les entreprises françaises Air Liquide et ADP (Aéroports de Paris), ont également réinvesti dans l’entreprise tandis que l’État français, la principauté de Monaco et Société Générale sont entrés à son capital.
Vagues promesses d’emplois
Dans le communiqué de presse du gouvernement, on a évoqué la création ou le maintien d’«une centaine d’emplois» au Québec grâce à Flying Whales. M. Fitzgibbon n’a toutefois pas pu donner plus de détails sur ces postes.
«Il n’y aura pas nécessairement, à court terme, un grand nombre d’emplois dans Flying Whales Québec parce que ça va être plus des employés des compagnies québécoises» qui participeront au projet, a indiqué le ministre. Pour l’instant, le seul partenaire local connu est Pratt & Whitney Canada.
Compte tenu des retombées économiques, le Québec sortira gagnant avec son investissement même si le projet échoue, a assuré Pierre Fitzgibbon.
«Est-ce que l’appareil va voler dans deux ans? Il y a toujours des risques que non, évidemment. On a fait le constat que le risque en valait la peine. Ça fait partie de notre stratégie en aéronautique: on a des projets à risque qu’on doit faire», a-t-il expliqué.
Flying Whales n’a pas donné suite aux sollicitations du Journal.
FLYING WHALES EN BREF
- Fondation de l’entreprise: 2012
- PDG: Sébastien Bougon
- Contribution du Québec au projet de dirigeable: système de propulsion hybride, avionique et cabine d’équipage
- Premiers vols de certification: 2025 ou 2026
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