Le retour des dirigeables, civils comme militaires


Normand Lester
On pensait que les dirigeables, qui occupaient une place privilégiée dans les débuts de l’aéronautique commerciale et militaire, étaient relégués aux oubliettes depuis les années 30. Des dirigeables allemands avaient bombardé Londres et d’autres capitales européennes durant la Première Guerre mondiale. Dans les années 20 et 30, ils assuraient des liaisons transatlantiques. L’écrasement du Hindenburg en 1937 et la concurrence de l'avion avaient mis fin à tout cela.
Surprise! Ils sont maintenant de retour. Plusieurs projets sont en développement avancé. Québec va investir près 55 M$ dans le financement de l’entreprise française Flying Whales qui développe des dirigeables capables de transporter des charges lourdes et surdimensionnées.
Le système de propulsion hybride électrique, l’avionique et la cabine d’équipage seront assemblés ici, au Québec, et permettront de générer plus d’une centaine d’emplois. Les premiers vols sont prévus en 2025-2026.
Voici trois autres dirigeables sur le point de devenir opérationnels.
Un dirigeable pour détecter des missiles

Israël se prépare à lancer un dirigeable géant équipé d'un système de détection de missiles et d'avions à la fine pointe de la technologie. Développé conjointement avec les États-Unis, le dirigeable surnommé «Sky Dew» dispose de radars capables de détecter des missiles à longue portée, des missiles de croisière et des drones.
Le plus gros aérostat au monde
L’armée américaine a accordé en 2010 à Northrop Grumman un contrat de 517 M$ pour la construction de trois immenses dirigeables de combat. Les aéronefs devaient être déployés en Afghanistan.

Baptisés LEMV (Long Endurance Multi-Intelligence Vehicles), ils étaient destinés à réaliser des missions de surveillance et de reconnaissance pendant des vols de plus de 21 jours. Le LEMV a fait son vol inaugural en 2012. Moins d’un an plus tard, l’armée américaine a annulé le contrat en raison de coupes budgétaires et a vendu le prototype à une entreprise britannique, Hybrid Air Vehicles.

Sous le nom d'Airlander 10, elle en commercialise une version civile modifiée qui peut transporter 50 passagers ou 10 tonnes de charge utile. Capable de rester cinq jours en vol avec un équipage, ou plus de 2 semaines en version drone, le dirigeable pourrait atteindre jusqu'à 149 km/h.
Stratobus: panneaux solaires compris

La coentreprise franco-italienne Thales Alenia Space développe depuis 2015 un drone dirigeable appelé Stratobus qui opérera à une altitude de 20 kilomètres et qui pourra accomplir des missions généralement réservées aux satellites.
Présenté comme le «chaînon manquant» entre les drones et les satellites, le dirigeable est conçu pour un large éventail d'applications civiles et militaires: télécommunications, reconnaissance maritime et surveillance de l'environnement. Il devrait réaliser son premier vol dans les prochains mois.
L’enveloppe du ballon est pliable et peut tenir dans un conteneur. Les forces armées françaises ont signé un contrat avec l’entreprise pour le développement d’applications militaires «ISR (Intelligence, Surveillance et Reconnaissance)» pour le dirigeable.