Un pharmacien millionnaire qui s’est associé à McKesson est rabroué par un juge
Michael Assaraf s’était adressé à la cour pour contester sa radiation


Éric Yvan Lemay
Un des principaux pharmaciens de spécialité au Québec, qui a fait des millions en s’associant à la multinationale McKesson, a échoué dans sa tentative de faire annuler sa radiation.
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Michael Assaraf contestait la décision de son ordre professionnel qui a été maintenue par le Tribunal des professions. Devant la Cour supérieure du Québec, il a notamment soutenu qu’il s’agissait d’une sanction «punitive, draconienne et déraisonnable».
Lors des audiences, son avocat avait dit qu’il était injuste de sortir la bombe nucléaire contre M. Assaraf.

Or, le juge Daniel Urbas a rejeté sa demande. Il n’a pas été tendre à l’endroit du pharmacien, lui reprochant notamment d’être à l’origine de certaines erreurs qu’il reproche lui-même au syndic de l’Ordre des pharmaciens.
En 2019, Asssaraf avait plaidé coupable à huit chefs d’infractions disciplinaires. On lui reprochait notamment d’avoir conclu une entente avec McKesson pour accaparer la majorité de la distribution de coûteux médicaments liés au traitement de la dégénérescence maculaire.
Des médicaments coûteux
Cette entente lui permettait d’obtenir une clientèle directement des ophtalmologistes qui administraient le médicament. Une fois effectuée l’injection des médicaments Lucentis ou Eylea, un formulaire prérempli était envoyé à la pharmacie en guise d’ordonnance. Après chaque traitement, Assaraf s’assurait que de nouvelles fioles de médicament étaient acheminées à la clinique où elles étaient entreposées dans des réfrigérateurs fournis par le pharmacien.

Le comité de discipline a estimé qu’il n’avait pas le contrôle total des médicaments dans quelque 35 cliniques aux quatre coins du Québec.
En plaidant coupable, il espérait s’en tirer avec des amendes et non une radiation. Devant la Cour supérieure, il a demandé qu’on réduise la sanction, ce que le juge Urbas a refusé de faire.
«Dans son pourvoi, il continue de contester et de banaliser les faits pour lesquels il a plaidé coupable», indique le juge.
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Sa pharmacie en jeu
Les enjeux sont grands pour Michael Assaraf qui, à partir de sa pharmacie de Montréal, assiste 15 000 patients atteints de maladies complexes ou chroniques. La radiation l’obligerait à fermer son officine, dont le chiffre d’affaires annuel atteint plusieurs millions, et où il fait travailler 12 pharmaciens et une cinquantaine d’employés.

Au cours des dernières semaines, Assaraf a tenté d’obtenir un sursis auprès du juge en cas de décision défavorable. Encore une fois, il a mordu la poussière. La pharmacie n’a toutefois pas fermé ses portes puisque le pharmacien a décidé de porter la décision en appel.
Michael Assaraf n’est donc pas au bout de ses démarches devant les tribunaux. Il est aussi visé avec huit autres pharmaciens par une demande de recours collectif déposée par l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires (AQPP).
L’assureur Beneva a également porté plainte contre les mêmes pharmaciens devant le Bureau de la concurrence du Canada, leur reprochant d’avoir un quasi-monopole de la distribution de coûteux médicaments de spécialité.
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