Marie-Thérèse Fortin se prononce sur les difficultés liées au fait de vieillir à l'écran
Elle joue Madeleine dans la série «Dérive».
Patrick Delisle-Crevier
C’est une Marie-Thérèse Fortin affichant ses cheveux poivre et sel qui s’est pointée devant nous. «J’ai décidé de franchir le pas et d’arborer ma couleur naturelle», lance la comédienne que l’on peut voir dans la toute nouvelle série Dérive sur Crave, dans laquelle elle incarne Madeleine, une mère surprotectrice de son fils pianiste prodige, incarné par Jean-Philippe Perras. Entrevue...
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Marie-Thérèse, tout d’abord, comment vas-tu?
Je vais bien. J’ai adoré tourner dans Dérive, d’autant plus que je ne connaissais pas le réalisateur Patrice Sauvé et donc ce fut une belle découverte. J’ai eu un grand plaisir à travailler avec lui et à tracer les lignes du personnage — ce qu’il faut faire pour un thriller psychologique. Je retrouve aussi avec plaisir Céline Bonnier et Benoît Gouin, que je connais depuis notre sortie de l’école, il y a quelques lunes. Je découvre aussi Jean-Philippe Perras avec qui je n’avais jamais travaillé et c’est un vrai bonheur de tourner avec lui.
Comment décrirais-tu ton personnage de Madeleine?
C’est une femme de carrière qui travaille dans un musée, qui a de l’argent et qui en mène large. Son fils unique est non seulement son fils, mais il est aussi son projet, car elle investit beaucoup de temps sur lui, elle a compris qu’il a un talent unique et elle est derrière tout ce que celui-ci est devenu. Elle a longtemps été son agente avant de tenter de couper un peu le cordon et de le confier à une autre agente incarnée par Sophie Cadieux. C’est une maman qui est en contrôle, beaucoup trop en contrôle. Elle aime organiser les choses et on va découvrir qu’elle a un secret. Mais c’est une battante qui ne s’en laisse pas imposer et elle a un amour infini pour son fils et pour son mari, avec qui elle est en couple depuis fort longtemps. C’est parmi les personnages les plus intéressants que j’ai pu jouer dans ma carrière.
Il me semble qu’on ne te voit plus aussi souvent qu’avant...
J’ai quand même tourné un peu, entre autres dans Les moments parfaits, puis un petit rôle dans Mea Culpa. J’ai aussi joué au théâtre, mais c’est vrai que j’ai été plus discrète. J’ai aussi tourné un film de genre et dont le titre est Nervures. Mais je vieillis aussi et il y a moins de rôles pour des femmes de mon âge. J’ai la chance d’avoir encore de beaux rôles et de travailler. Mais je suis beaucoup moins au petit écran que je l’ai déjà été. Je fais aussi plein de projets. Entre autres, je me promène avec Kev Lambert et je fais la lecture de ses textes ici et là.
Est-ce difficile de vieillir dans ce métier?
J’aime vieillir, mais c’est certain que je trouve ça plate parfois de vieillir dans mon métier. J’aimerais travailler plus, car je suis en pleine forme. Les gars de mon âge sont plus chanceux, car ils travaillent plus que nous, les femmes. Les Britanniques font beaucoup de séries avec des femmes mûres et nous devrions nous en inspirer. Je trouve ça intéressant aussi de mêler les générations, chose qui se fait beaucoup plus au théâtre que sur les écrans.
Que fais-tu quand tu ne tournes pas?
J’ai enseigné dernièrement et j’ai adoré ça. J’enseignais le théâtre classique à des enfants et ce fut une magnifique expérience. Il y a tellement de choses que j’ai envie de faire qui ne sont pas tant reliées au métier. J’aimerais explorer l’univers du vin, j’aimerais écrire éventuellement, je compte faire de plus en plus de mise en scène. D’ailleurs je vais signer la mise en scène du prochain spectacle de Michel Rivard et je suis honoré de faire ça. Sinon, j’aime bien avoir des temps libres.
Tu es en âge d’être grand-mère, mais ni Emma ni Samuel n’ont encore d’enfant, n’est-ce pas?
Non, ils n’en sont pas là, même qu’ils retournent aux études en ce moment. Ma fille, qui est infirmière, fait une maîtrise et mon fils Samuel, qui travaille dans les communications, songe à faire la même chose lui aussi.
D’ailleurs, tu nous as montré ton fils à la télévision!
Oui, mon fils m’a accompagné devant les caméras de l’émission Curieux Bégin. On m’a demandé de faire l’émission avec un membre de ma famille et j’ai pensé à mon gars puisqu’il aime bien la cuisine. Ce fut un beau tournage et il a adoré ça. Aucun de mes deux enfants ne fait le métier. Emma, ma fille... ç’a été tellement clair qu’elle voulait être infirmière; pour elle, c’est une vocation. Mon fils, lui, avait déjà ce bagou de communicateur et de rassembleur. Mes enfants m’ont parfois suivi en tournée et ils savent ce que c’est que de pratiquer ce métier. Ils n’ont pas voulu le faire, mais ils adorent venir voir des pièces de théâtre et des spectacles. Nous suivons des séries ensemble, ils s’intéressent à la culture et ça fait mon bonheur.
Tu partages ta vie avec Michel depuis 35 ans, cherchais-tu une telle stabilité dans ta vie de couple?
C’est certain que tu m’aurais dit que j’allais être en couple avec le même homme pendant 35 ans quand j’avais 27 ans, j’aurais hurlé de rire tellement mes histoires amoureuses n’étaient pas terribles. Puis j’ai finalement rencontré Michel. Ça fait maintenant fort longtemps que nous sommes ensemble et c’est toujours le fun, c’est précieux. Je trouve qu’il y a une force, un lien dans la durée qui ne s’explique pas. Je suis choyée d’avoir un tel homme dans ma vie et il a été un papa tellement présent quand je devais tourner. Je n’aurais pas pu avoir la carrière que j’ai eue sans lui.
Dis-moi, Marie-Thérèse, qu’est-ce qu’il te reste à faire?
J’aimerais vraiment apprendre à parler l’anglais correctement. Je me débrouille pour comprendre, mais quand vient le temps de le parler, c’est une tout autre histoire. Je compte quand même vraiment me lancer là-dedans. J’aimerais aussi écrire. Je me suis beaucoup laissée porter par les événements dans ma carrière, peut-être que j’aurais dû être plus proactive. Mais j’étais occupée et j’ai longtemps dirigé un théâtre. Ç’a été des années bien remplies: sept ans au Trident, à Québec, et huit au Théâtre d’aujourd’hui, à Montréal. Quinze ans à gérer un théâtre, c’est beaucoup. Surtout que mes enfants étaient encore tout jeunes à une certaine période.
La série Dérive est désormais disponible sur la chaîne Crave. Marie-Thérèse est porte-parole des Petits-frères, qui viennent en aide aux personnes aînées du Québec. La saison 2 de la série canadienne Mea Culpa sera diffusée à partir de janvier 2026 sur ICI Télé.