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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Un migrant vénézuélien désespère, loin de sa famille et à court de ressources

Le quadragénaire ne sait plus quoi faire, vu la fin imminente du Title 42

Le Vénézuélien Erick Rangel, assis sur le matelas de la petite couchette qu'il occupe au refuge Esperanza para todos (Espoir pour tous), à Ciudad Juarez, au Mexique.
Le Vénézuélien Erick Rangel, assis sur le matelas de la petite couchette qu'il occupe au refuge Esperanza para todos (Espoir pour tous), à Ciudad Juarez, au Mexique. Nora T. Lamontagne / JdeM
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Photo portrait de Nora T. Lamontagne

Nora T. Lamontagne

2023-05-09T15:22:06Z
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CIUDAD JUÁREZ | Un migrant vénézuélien renvoyé au Mexique après avoir dépensé ses derniers dollars pour traverser la frontière des États-Unis voit son rêve devenir de plus en plus incertain avec la fin du Title 42.

«Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas pu passer. On était un groupe de 12 et je suis le seul à avoir été refoulé», raconte Erick Rangel, le moral au plus bas, dans un refuge éloigné de Ciudad Juárez au Mexique. 

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Ce dernier a quitté le Chili le 11 mars dernier avec 3000$ en poche, laissant sa femme, ses trois enfants et un travail dans la cueillette de fruits pour tenter sa chance plus au nord. 

À court d’argent après avoir attendu un rendez-vous sur l’application CBP One en vain pendant près d’un mois, il a décidé de se rendre aux autorités américaines via Matamoros, à l’extrémité est du pays. 

Menotté et renvoyé

Huit jours plus tard, on le renvoyait en avion, menotté et enchaîné aux pieds, jusqu’à Tijuana, à 2500 km à l’ouest, en vertu du Title 42. 

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Depuis le début de la pandémie, cette mesure de restriction controversée a permis aux États-Unis d’expulser des migrants plus de 2,7 millions de fois avant même qu’ils déposent une demande d’asile. 

Mais elle prendra fin ce jeudi, une échéance qui angoisse Erick Rangel au point où il en perd l’appétit. 

«Regarde à quel point j’étais gros!», s’exclame-t-il, en montrant une photo où on le voit grassouillet et souriant, entouré de sa famille. 

Situation insoluble

Se sentant pris au piège, le Vénézuélien énumère ses options. 

S’il traverse la frontière des États-Unis avant le 11 mai, le ministère de l’Immigration pourrait le renvoyer de nouveau au Mexique et il n’a plus un sou pour rentrer chez lui. 

Il ne sait pas s’il réussira à obtenir un précieux rendez-vous sur l’application dans les prochains jours. 

Et traverser la frontière à travers le mur est hors de question après le 11 mai, comme il craint d’être déporté et qu'on lui interdise ensuite l'entrée aux États-Unis pendant cinq ans. 

«J’ai commis une erreur. Je ne sais pas ce que je vais faire... Je me suis trompé. Qu’est-ce que je fais ici, dans un refuge, tout seul?», se demande-t-il tristement à voix haute. 

Assis sur la couchette du bas d’un lit à deux étages, son regard se perd dans le vide. «Un ami m’a dit de pleurer, que ça me ferait du bien», laisse-t-il tomber. 

Et l’a-t-il écouté? «Oh oui, j’ai beaucoup pleuré.» 

Avec la collaboration d'Itzel Aguilera

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