Peu importe les politiques, des migrants continueront de traverser coûte que coûte
À long terme, les flux migratoires n'iront qu'en augmentant


Nora T. Lamontagne
Peu importe les modifications apportées aux politiques d’immigration des États-Unis ou du Canada, le nombre de migrants n’ira qu’en augmentant dans les prochaines années, prévient une spécialiste.
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«Qu’on ferme le chemin Roxham ou que les États-Unis abandonnent le Title 42, c’est anecdotique. À long terme, les flux d’immigration vont seulement accroître», affirme Alexandre Couture Gagnon, professeure à l’Université du Texas Rio Grande Valley.
S’il est difficile de prévoir l’effet concret de l’échéance du Title 42 à la frontière canado-américaine, plusieurs observateurs s’attendent à ce qu’entre 3000 et 13 000 personnes par jour tentent d’entrer par la frontière mexico-américaine dès jeudi prochain.
«Ce que l’administration Biden a bien fait, c’est d’avertir à l'avance. La patrouille frontalière, les douaniers, les organismes communautaires, les villes... tout le monde est prêt», poursuit l’experte québécoise en politiques publiques.
Or, les conséquences pour ceux qui traversent la frontière par des points d’entrée irréguliers seront bientôt plus sévères que jamais.

«Ce qui attend les migrants après la fin du Title 42, c’est la déportation et la criminalisation. Comment ça peut venir d’une administration qui se vantait d’avoir une approche plus humaine?», se demande Fernando Garcia, directeur exécutif du Border Network for Human Rights.
Un enjeu «frustrant»
L’immigration est effectivement un enjeu «frustrant» pour le président Joe Biden, fait remarquer Mme Couture Gagnon. «Il sait que les républicains s’en servent pour endommager son mandat.»
L’administration actuelle a annoncé récemment une série de mesures pour essayer de gérer l’immigration de façon plus ordonnée.
De ce nombre: l’ajout de rendez-vous via une application pour faire une demande d’asile, l’ouverture de centres de traitement d’immigration à l’étranger et un nouveau programme de réunification familiale pour certains pays.
En prévision de la vague migratoire, 1500 soldats ont aussi été postés dans le secteur d’El Paso en renfort, ce que critique fortement M. Garcia.
«Pourquoi avoir envoyé 1500 soldats et pas des agents de migration, des avocats ou des travailleurs de la santé supplémentaires? Envoyer l’armée, c’est un symbole qui envoie un message», dit-il, alors que son organisation est sur le qui-vive pour venir en aide à tous ceux qui traverseront dans les prochains jours.
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