Un «gros toutou» à 500 millions $


Benoît Rioux
TORONTO – Chose certaine, 500 millions de dollars, c’est beaucoup, beaucoup d’argent!
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Pendant que Vladimir Guerrero fils sera de retour à Toronto lundi, pour une première fois depuis la confirmation de son entente de 14 saisons avec les Blue Jays, l’idée est venue d’analyser ce contrat avec un comptable, un partisan de baseball et un père de famille.
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple? Une discussion avec le Québécois Pier-Luc Nappert s’imposait puisqu’il correspond à lui seul à ces trois critères. Avant d’être professeur en comptabilité à l’Université Laval, Nappert, 36 ans, a d’ailleurs été analyste financier chez les Blue Jays de 2014 à 2017.
«C’est sans doute le comptable en moi qui parle, mais le chiffre me fait sourciller, c’est énormément d’argent», vient d’abord établir Nappert.
Trop? Peut-être pas.
«C’est extrêmement difficile à mesurer, convient-il. Quel est l’impact sur la vente des billets, sur les commanditaires, sur les droits de télé? Il faut savoir que les équipes du baseball majeur ont plusieurs revenus et dépenses fixes. C’est le cas pour les ententes de diffusion des matchs, mais aussi pour les commanditaires. Ce n’est pas linéaire. Il y a des commanditaires qui, par exemple, signent souvent des ententes pour deux, trois ou quatre ans.»

À propos des détails de ce contrat de 500 millions $, Nappert convient que le boni de signature de 325M$ accordé à Vlad est certainement un avantage d’un point de vue fiscal. Un tel montant devient généralement imposé au lieu de résidence.
«S’il y a un conflit de travail après 2026, il touche son bonus quand même», de souligner par ailleurs le Québécois.
Éviter la morosité
C’est là que Nappert met tranquillement de côté sa visière de comptable pour porter sa casquette de partisan de baseball. Il était d’ailleurs à New York avec sa copine, Marie-Claude, et leur fils, Thomas, pour un match entre les Blue Jays et les Mets, plus tôt ce mois-ci, lorsque le contrat était sur le point d’être finalisé.
«Je suis agréablement surpris par cette entente et, dans les conditions actuelles, Vlad avait raison d’être gourmand», estime le Québécois, en faisant allusion au contrat de 765 millions $ pour 15 ans qu’ont offert les Mets de New York à Juan Soto en décembre.

«J’ai seulement un petit bémol dans le cas de Vlad et les Blue Jays, vient-il ajouter. Ça demeure une prolongation de contrat et à mes yeux, c’est davantage une action défensive. Au moins, ils ont pu le retenir. Vlad fait maintenant partie des meubles depuis longtemps à Toronto.»
Le départ de Guerrero fils aurait pu être catastrophique, selon lui.
«Ça permet d’éviter que les partisans soient plongés dans une certaine morosité, dit-il. Ç’aurait pu être très difficile pour l’organisation s’il avait fallu qu’elle perde cette vedette sur le marché des joueurs autonomes.»
«Tu as le goût de l’aimer»
Papa d’un fils de 8 ans, bientôt 9, Nappert se réjouissait finalement que le petit Thomas puisse continuer d’encourager son joueur favori.
«C’est le joueur préféré de mon fils, Thomas porte fièrement son t-shirt de Guerrero. Je ne le dis pas de façon péjorative, au contraire, mais Vlad est un gros toutou. Il est cool et tu as le goût de l’aimer.»

«Le plus gros impact pour le succès financier d’une équipe, ça demeure la victoire, conclut finalement Nappert. Tu dois avoir une équipe gagnante. Personnellement, les Blue Jays, ça reste mon équipe de cœur, encore et pour toujours.»
Les plus gros contrats de l’histoire du baseball majeur
Juan Soto – Mets de New York – 765 millions $ – 15 ans
Shohei Ohtani – Dodgers de Los Angeles – 700M$ – 10 ans
Vladimir Guerrero fils – Blue Jays de Toronto – 500M$ – 14 ans
Mike Trout – Angels de Los Angeles – 426,5M$ – 12 ans
Mookie Betts – Dodgers de Los Angeles – 365M$ – 12 ans