Un géant de l’industrie chimique ferme sa principale usine montréalaise
Presque 100 travailleurs de la région de Montréal perdront leur emploi d’ici la fin avril


Martin Jolicoeur
Une multinationale de l’industrie chimique née à Montréal il y a près de 75 ans s’apprête à fermer sa plus importante usine québécoise, entraînant du coup la mise à pied de 95 travailleurs dans la région, a appris Le Journal.
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Par courriel, la direction de Recochem a confirmé sa «difficile décision» de mettre la clef sous la porte de son usine de la montée de Liesse, dans l’arrondissement Saint-Laurent. Elle compte aussi, d’ici le printemps, «réduire les activités» de son centre de distribution de l’arrondissement LaSalle, dans le sud-ouest de Montréal.
Fondée en 1951 par l’homme d’affaires montréalais Joseph Kuchar, Recochem (anciennement Record Chemical) raffine, distille et conçoit des produits chimiques pour une vaste gamme d’antigels, de lave-glace, de lubrifiants, de protecteurs ou nettoyants en tout genre de marques aussi mondialement connues que Prestone, Armor All, Auto-Chem, STP, Turbopower, Shell et Varsol.

«Ces fermetures sont des mesures stratégiques visant à optimiser la production afin de rester bien positionnés pour servir efficacement notre clientèle et assurer à l’entreprise un avenir durable», nous a répondu Isabelle Pierre, vice-présidente exécutive au conseil juridique et secrétaire générale de Recochem.
Présence mondiale
À l’automne 2023, Recochem est passée aux mains de la société d’investissement britannique CapVest Partners. La californienne H.I.G. Capital en a conservé une participation minoritaire.
Ayant des usines partout dans le monde (Canada, États-Unis, Belgique, Australie, Chine, Inde, Asie-Pacifique, Afrique, etc.), Recochem aurait des ventes qui dépasseraient le milliard de dollars US par année.

Le syndicat des Teamsters, qui représente les trois-quarts des travailleurs appelés à perdre leur emploi d’ici la fin avril, explique que l’entreprise a justifié sa décision par un problème de «surproduction».
«Nous travaillons avec la compagnie pour que les membres touchés bénéficient de compensations financières, d’une extension de leur couverture d’assurance. Et nous aiderons ceux et celles qui le souhaitent à se trouver un nouvel emploi», a déclaré son porte-parole, Marc-André Gauthier.
Rien à voir avec Trump
En réponse à nos questions, la direction de Recochem a assuré que ses décisions ne sont liées d’aucune manière à l’imposition par l’administration Trump de nouveaux tarifs douaniers sur les biens d’origine canadienne.
Montréal n’aurait pas non plus à craindre le déménagement de son siège social. Ce dernier, assure Mme Pierre, doit demeurer à Montréal malgré la fermeture de ses installations attenantes dans Saint-Laurent.
Enfin, la fermeture de son usine principale n’affecterait pas ses usines du boulevard Henri-Bourassa, dans l’est de l’île de Montréal, et de Napierville, en Montérégie, qui demeureront en activité. De telle sorte qu’une fois les coupes complétées, Mme Pierre estime que Recochem maintiendra «approximativement 250 employés» dans la province.
Fait saillant:
Recochem est l’un des plus grands producteurs de liquides lave-glace dans le monde. Elle produirait quotidiennement près de 1,9 million de litres à une vitesse maximale de 511 litres à la minute.
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