Après l’Afghanistan, un ex-militaire aide des citoyens à fuir l’Ukraine


Camille Payant
Un ancien militaire québécois, qui a procédé à l’évacuation de dizaines d’Afghans depuis le retour des talibans au pouvoir, vient maintenant en aide à des Ukrainiens coincés dans des zones à risque.
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« J’ai voyagé partout, j’ai combattu en Afghanistan et je n’ai jamais rien vu de tel. Cela ressemble à quelque chose tout droit sorti de la Deuxième Guerre mondiale », raconte d’emblée Kynan Walper.
Après huit mois à évacuer des Afghans ayant des liens avec le Canada coincés dans leur pays, il a mis le cap sur l’Ukraine, le 2 mars dernier, pour mettre à contribution ses connaissances logistiques.
« Nous nous sommes tout simplement présentés à la frontière ukrainienne et l’avons traversée. Nous construisons depuis un réseau comprenant une tonne de contacts dans les gouvernements ukrainien, polonais et canadien », dit le résident de Wakefield, en Outaouais.
Lors de sa discussion avec Le Journal, il était sur le chemin du retour après avoir rescapé un citoyen canadien vivant à Kyïv qui était coincé dans le sud du pays.
Évacuation à Marioupol
En un mois, Kynan Walper a évacué une trentaine de personnes.
Son équipe et lui ont notamment pu sortir 14 personnes coincées à Marioupol, cette ville portuaire assiégée depuis le début de l’invasion russe. Au moins 5000 personnes y seraient mortes, selon le plus récent bilan des autorités ukrainiennes.
L’équipe a également participé à l’évacuation de deux anciennes traductrices des Forces armées canadiennes (FAC) qui se trouvaient à Sumy et à Rivne, deux villes actuellement bombardées.
« Tous ceux que nous avons transportés souffraient d’un syndrome post-traumatique majeur à cause des sirènes d’alerte qui retentissent constamment et de tous les bombardements », se désole-t-il.
Plus d’aide qu’en Afghanistan
L’ancien capitaine des FAC avait d’ailleurs été très critique de la gestion de l’évacuation des réfugiés vers le Canada après la chute du gouvernement afghan, en août dernier.
« Il y a eu beaucoup de promesses, de belles paroles exprimées, mais cela s’est traduit par très peu de mouvements », avait-il dit à Radio-Canada en novembre.
« La réponse des autorités canadiennes a été bien meilleure en Ukraine comparativement à ce qui s’est passé en Afghanistan [...]. Ils ne vont pas aussi vite que d’autres gouvernements, mais ils font tout ce qu’ils peuvent », affirme désormais M. Walper.
« Nous aidons les Ukrainiens à trouver une place en Pologne, à parcourir toute la paperasse pour les visas. Le Canada a rendu cela beaucoup plus simple que ce ne l’était en Afghanistan. Je salue leurs efforts », précise-t-il.