Décès de Grant Wahl: un énorme choc pour les journalistes au Mondial


Dave Lévesque
DOHA, Qatar | On dit souvent que la troisième semaine d’une Coupe du monde est la plus difficile pour les membres des médias. Mais rien ne pouvait nous préparer à la fin de cette troisième semaine.
• À lire aussi: «Allez, les Bleus!»
• À lire aussi: Tombé dans «le groupe de la mort»: consolation pour le Canada au Qatar?
• À lire aussi: Climat de suspicions après la mort du journaliste au Qatar
• À lire aussi: Qatar 2022: les Bleus face au Maroc en demi-finale
C’est par un courriel de mon estimée collègue Jessica Lapinski que j’ai appris le décès tragique et subit de Grant Wahl à mon réveil, samedi matin. Il s’est effondré en pleine séance de tirs au but entre l’Argentine et les Pays-Bas.
C’est un choc. Toute la communauté journalistique sur place – et plus particulièrement les Nord-Américains – est ébranlée.
Comment peut-on anticiper un arrêt cardiaque chez un homme en forme qui était en train de couvrir un match et de pratiquer le métier qu’il aimait ? Comme je le disais, rien ne peut nous préparer à ça.
Délires
Alors que nous sommes en train de souligner tout le travail accompli par Grant, une sommité de notre milieu qui a couvert sa première Coupe du monde en 1994, alors qu’il n’avait que 20 ans, on a assisté samedi à un délire complotiste sur les réseaux sociaux.
C’est vraiment manquer de respect envers un journaliste qui travaillait extrêmement fort et qui montrait l’exemple.
D’un côté, il y a ceux qui pensent que sa mort est suspecte parce qu’il a beaucoup critiqué le Qatar avant son départ et depuis son arrivée au pays.
Il avait d’ailleurs été arrêté et brièvement détenu pour avoir porté un t-shirt orné de l’arc-en-ciel lors du match entre les États-Unis et le Pays de Galles, au début du tournoi.
Pour le moment, il est question d’un arrêt cardiaque comme ça peut se produire au moment où on s’y attend le moins.
De l’autre côté, les antivaccins s’en donnent à cœur joie parce que Grant était un provaccin affirmé.
D’ailleurs, son épouse, Céline Gounder, est une infectiologue réputée qui a notamment fait partie du comité consultatif de transition sur la COVID-19 lors de l’entrée en poste du président américain Joe Biden.
Il n’en fallait pas plus pour que les antivax commencent à jouer aux trolls en parlant de caillots de sang qui auraient causé sa mort et en soulignant à gros trait que les médias de masse ne parlent pas de ce sujet.
Certains coucous sont même allés jusqu’à interpeller sa veuve sur Twitter pour lui dire que c’était sa faute si son mari était mort. C’est inconcevable.
Malade
Le fait est que Grant était malade depuis une dizaine de jours et qu’il avait récemment eu une consultation médicale. On lui avait dit qu’il avait probablement une bronchite. L’erreur, elle est sans doute là. Peut-être qu’on aurait pu pousser les examens.
Vous devez savoir que tout le monde est un peu malade depuis le début du tournoi. Longues heures, fatigue, chaleur et air climatisé dans le tapis. Pas un bon mélange.
Les collègues Alexandre Pratt et Meeker Guerrier sont rentrés au Québec, mais traînent encore des bobos de leur séjour. Les amis de RDS, Antonin Besner et Nicolas Landry, ont aussi été affectés. Le seul qui s’en sort bien, c’est le caméraman, Renaud Bérubé.
Dans mon cas, les 10 premiers jours ont été difficiles. J’ai été malade dès le début. Ça s’est replacé, mais la fatigue a pris le relais.
Alors à la mémoire de Grant, cessons de nous tirailler en attendant d’avoir une image plus claire de la situation et pensons plutôt au fait que la confrérie du journalisme footballistique vient de perdre un de ses très bons gars.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.