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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Un élu issu de l’immigration non francophone : une anecdote, dit Legault

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Nicolas Lachance | Bureau parlementaire

2022-05-31T22:27:43Z
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Le premier ministre a qualifié «d’anecdote» l’histoire d’immigration d’un élu libéral non francophone qui s’est intégré avec succès, en français, au Québec. Abasourdis, des députés l’ont accusé de manquer de cœur et de diviser le Québec. 

• À lire aussi: Legault «manque de cœur» pour les immigrants

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Mardi, à l’Assemblée nationale, le député libéral issu de l’immigration Saul Polo a rappelé qu’il est arrivé au Québec en parlant espagnol et qu’il parle aujourd’hui le français dans l’espace public.  

«Il parle encore l'espagnol à la maison [avec son fils], mais il parle français à tout le monde à l'extérieur puis il contribue à l'avancement du Québec», a dit sa cheffe Dominique Anglade.  

Le premier ministre a accusé cette dernière d’utiliser «une anecdote» pour défendre son point de vue. 

Ébranlé, le député libéral a répliqué que sa famille et lui ne sont «pas une anecdote.» 

«Je refuse d'accepter l'étiquette que l'immigration est une menace à la nation du Québec, qu'elle est une menace au français, qu'elle est une menace à nos régions, qu'elle est une menace à l'économie», a-t-il pesté.  

Aussi très fâchée par les propos de M. Legault, la députée solidaire Ruba Ghazal a  

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«Le premier ministre François Legault divise les Québécois sur les immigrants. Moi, j'ai immigré ici, au Québec, avec ma famille il y a plus de 30 ans», a-t-elle affirmé. «Ma famille et moi, nous ne sommes pas une menace à la survie du Québec. Je suis issue d'une immigration non francophone. Aujourd'hui, je vis en français, même si ma langue maternelle est l'arabe et que je la parle encore aujourd'hui avec mes parents. Ça n'a rien d'exceptionnel, mon histoire est la même que tous ces immigrants qui enrichissent le Québec.» 

Le leader du gouvernement, Simon Jolin Barrette, a rapidement voulu rectifier le tir.  

«Je veux que ça soit bien clair : la députée de Mercier, le député de Laurier-Dorion, le député de Laval-des-Rapides, le député de Robert-Baldwin sont des modèles. On doit souligner leur choix de choisir le français, de s'intégrer en français à la société québécoise. On doit le saluer parce que, ça, c'est la réussite du modèle québécois», a-t-il affirmé afin de défendre son premier ministre.  

Rafale de critiques   

Lors du Conseil général de la CAQ le week-end dernier, le premier ministre a affirmé que le Québec deviendrait «une Louisiane» si le gouvernement fédéral ne lui cède pas tous les pouvoirs en immigration. C’est pour cette raison qu’il demande un mandat fort aux électeurs. Il critique notamment la trop grande proportion des immigrants issus du programme de réunification familiale qui ne parle pas le français.  

«Il n'y a aucun doute dans ma tête que François Legault manque de cœur quand il parle de ça», a-t-elle déclaré, estimant qu’il cherche à créer un faux débat. 

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La cheffe libérale, Dominique Anglade, soutient qu’il s’agit d’une «exagération éhontée».  

Tendance  

Le premier ministre a ajouté qu’il y avait une tendance et que si rien n’est fait, la situation du français au Québec pourrait être comparable à celle des autres provinces d'ici 25 ans à 60 ans. «Il faut agir», dit-il. Le cabinet de M. Legault a été incapable de fournir des projections sur 60 ans pour appuyer son affirmation.  

Toutefois, une étude réalisée par Statistique Canada pour l’Office de la langue française prévoit que le pourcentage de gens parlant le français à la maison passera de 82% en 2011 à environ 75% en 2036. 

PQ d’accord   

Le chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a admis du bout de lèvre que la situation au Québec pourrait un jour ressembler à celle de la Louisiane.  

«Oui, on est toujours à risque de voir le français reculer de manière irréversible, notamment dans certaines portions de notre territoire», a-t-il dit. «Mais ce que François Legault essaie de faire, c'est d'utiliser des superlatifs pour convaincre les gens de l'idée farfelue que quelques députés de plus changeraient quoi que ce soit à Ottawa, et c'est faux.» 

À Ottawa, le premier ministre, Justin Trudeau, a refusé la nouvelle demande de François Legault en matière d’immigration.  

– Avec la collaboration de Patrick Bellerose 

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