Un documentaire émouvant sur «Les Filles de Caleb»
Mardi 9 décembre 20 h, Radio-Canada
Julie Loiselle
Quarante ans après la parution du roman d’époque d’Arlette Cousture et 35 ans après la diffusion de la série culte, l’univers des Filles de Caleb demeure profondément ancré dans la mémoire collective des Québécois. Le public aura le plaisir de retrouver, le temps d’un documentaire, les artistes qui ont contribué à ce phénomène, tout en découvrant des anecdotes et secrets de tournage jamais révélés. À la barre de ce rendez-vous: Marina Orsini, l’indomptable Émilie Bordeleau!
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Dans cette heure empreinte de nostalgie, les acteurs phare de la saga partagent leurs souvenirs, dont Roy Dupuis (le fougueux Ovila Pronovost), Pierre Curzi (Dosithée Pronovost), Véronique Le Flaguais (Félicité Pronovost), Germain Houde (Caleb Bordeleau) et Johanne-Marie Tremblay (Célina Bordeleau). L’émission spéciale offre aussi une vitrine à des gens qui ont connu la véritable Émilie et sa famille, et à des experts qui expliquent l’impact que ce téléroman a eu sur la société québécoise.
La plus belle période
«Revenir sur Les filles de Caleb, ça m’émeut. Je vis beaucoup d’émotions», lance Marina au début de l’émission. Alors qu’on la voit redécouvrir une pile d’objets souvenirs, elle s’arrête sur une photo d’elle en compagnie de Roy qui la touche particulièrement: «Mon Dieu qu’on était beaux...» souffle-t-elle, pensive. La comédienne a même conservé la cloche de la maîtresse d’école, qu’on entendait si souvent dans la série. D’ailleurs, elle explique être encore fascinée par cette production qui a marqué sa carrière.
«Arlette Cousture voulait raconter l’histoire de sa maman, Blanche, mais a réalisé qu’elle devait aussi écrire celle de sa grand-mère, Émilie, parce que c’était trop incroyable.» Alors que l’autrice et la comédienne se retrouvent, Arlette insiste: «La période des Filles de Caleb a été la plus belle de ma vie.» Il faut dire que cette trilogie, pondue en quelques semaines seulement, l’a menée au succès: des livres écoulés à des millions d’exemplaires et une série télé vendue dans plus de 30 pays.
Un acteur difficile à trouver
Selon les deux femmes, il faut donner beaucoup de crédit au grand Fernand Dansereau, qui a adapté les livres pour le format télé. «Il a su garder cette musicalité de la langue, et ça, c’est une richesse», soutient Marina. Le travail incroyable de Jean Beaudin a aussi été essentiel: le réalisateur était passionné, et les images d’archives présentées l’illustrent parfaitement. Celui qui est décédé en 2019 a déjà dit: «À la base, dans le roman d’Arlette, tout est là. Il n’y a pas une journée de tournage où l’on n’a pas été impressionnés par la qualité des textes.»
Par ailleurs, l’immense talent des acteurs a assurément contribué au succès du téléroman. Fait étonnant: on apprend que Jean a dû se battre avec Radio-Canada afin que Marina Orsini — que le réseau trouvait trop moderne — entre dans la peau d’Émilie. Quant à dénicher celui qui allait jouer Ovila, ç’a été tout un défi qui a nécessité des centaines d’auditions! Ironiquement, Roy est passé à un cheveu de refuser le rôle, en raison d’un contrat de théâtre en Europe.
Ce que vous ne saviez pas
Le public appréciera particulièrement les échanges entre les acteurs, qui révèlent plusieurs anecdotes tantôt drôles, tantôt surprenantes. Roy raconte notamment sa première sortie après la diffusion du premier épisode: «J’étais sur la rue Saint-Denis et des autos m’arrêtaient.» Le jeudi soir, dans les années 1990, tout le Québec était rivé devant son téléviseur. «Mon amoureux de l’époque était médecin et il disait qu’il n’y avait personne à l’urgence!» se souvient Marina, amusée. Elle se rend ensuite à Saint-Stanislas-de-Champlain, lieu où se déroule l’histoire d’Émilie Bordeleau, pour rencontrer Nathalie Jean, une spécialiste des Filles de Caleb. Celle-ci connaît si bien la saga qu’elle est devenue proche de personnes ayant réellement côtoyé les familles Provost et Bordeleau. Marina rend d’ailleurs visite à quelques-uns de ces témoins, dont Léopold et Marie-Berthe, d’anciens élèves d’Émilie. Cette dernière confie que ce qu’elle retient le plus de sa maîtresse est son dévouement envers les enfants... et sa grande solitude. «Elle était toujours toute seule...»
Grâce aux archives, aux extraits marquants et aux rencontres, ce documentaire est un véritable cadeau pour les fans des Filles de Caleb!