Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Un discours prononcé par Ronald Reagan en 1988 nous mettait déjà en garde contre ce qui est en train de se passer

Brian Mulroney, premier ministre du Canada, et Ronald Reagan, président des États-Unis, en visite à Québec le 18 mars 1985.
Brian Mulroney, premier ministre du Canada, et Ronald Reagan, président des États-Unis, en visite à Québec le 18 mars 1985. PHOTO LEOPOLD ROUSSEAU / LES ARCHIVES / LE JOURNAL DE QUEBEC
Partager
Photo portrait de JOURNAL DE MONTREAL

JOURNAL DE MONTREAL

2025-03-06T00:00:00Z
Partager

Les tarifs douaniers entre le Canada et les États-Unis qui viennent d’entrer en vigueur ne sont pas les premiers dans l’histoire de nos pays alliés. Depuis 125 ans, les termes des accords commerciaux avec nos voisins du Sud ne cessent d’évoluer.

• À lire aussi: Assistons-nous à la fin de la mondialisation?

• À lire aussi: Tarifs contre le Canada et le Mexique: les Bourses plongent

• À lire aussi: 79 décrets en 40 jours: Donald Trump bat un record historique

Dans un discours radiophonique prononcé le 26 novembre 1988, le président Ronald Reagan met les Américains en garde contre les mesures protectionnistes qui peuvent avoir – parce qu’elles en ont déjà eu – des conséquences néfastes pour l’ensemble de la population.

Voici le discours, dans son intégralité, traduit par Le Journal.

Le président Ronald Reagan en train de lire son discours à la radio, le 26 novembre 1988.
Le président Ronald Reagan en train de lire son discours à la radio, le 26 novembre 1988. Capture d'écran YouTube/Reagan Presidential Library

Adresse radiophonique à la nation sur les élections canadiennes et le libre-échange
26 novembre 1988

Mes chers concitoyens américains,

Cette semaine, alors que nous nous préparions pour Thanksgiving [Action de grâce], le Canada a tenu des élections importantes et je suis heureux de féliciter à nouveau le premier ministre Mulroney. L’un des enjeux majeurs des élections canadiennes était le commerce. Et tout comme nos propres citoyens l’ont fait plus tôt ce mois-ci, nos voisins ont envoyé un message fort, rejetant le protectionnisme et réaffirmant que davantage de commerce, et non moins, est l’avenir.

Publicité
Brian Mulroney avec Ronald Reagan.
Brian Mulroney avec Ronald Reagan.

Ici, en Amérique, alors que nous réfléchissons aux nombreuses choses pour lesquelles nous devons être reconnaissants, nous devrions prendre un moment pour reconnaître que l’un des facteurs clés derrière la grande prospérité de notre nation est la politique d’ouverture commerciale qui permet au peuple américain d’échanger librement des biens et des services avec les peuples libres du monde entier. Le libre exercice du commerce n’est pas une question nouvelle pour l’Amérique. En 1776, nos Pères fondateurs ont signé la Déclaration d’indépendance, accusant les Britanniques de plusieurs offenses, dont, je cite, «couper notre commerce avec toutes les parties du monde», fin de la citation.

Et cette même année, un économiste écossais du nom d’Adam Smith a déclenché une autre révolution avec un livre intitulé La Richesse des nations, qui a exposé pour toujours la folie du protectionnisme. Au cours des 200 dernières années, non seulement l’argument contre les tarifs douaniers et les barrières commerciales a obtenu un consensus quasi universel parmi les économistes, mais il a également fait ses preuves dans le monde réel, où nous avons vu des nations libre-échangistes prospérer tandis que les pays protectionnistes sont restés en arrière.

La plus récente expérience de l’Amérique avec le protectionnisme a été une catastrophe pour les travailleurs de ce pays. Lorsque le Congrès a adopté la loi Smoot-Hawley sur les tarifs en 1930, on nous a dit qu’il protégerait l’Amérique de la concurrence étrangère et sauverait des emplois dans ce pays – le même discours que nous entendons aujourd’hui. Le résultat réel a été la Grande Dépression, la pire catastrophe économique de notre histoire; un Américain sur quatre a perdu son emploi. Deux ans plus tard, lorsque j’ai voté pour la première fois pour le président, j’ai voté pour Franklin Delano Roosevelt, qui s’opposait au protectionnisme et appelait à l’abrogation de cette loi désastreuse.

Publicité

Depuis ce temps, le peuple américain est resté fidèle à notre héritage en rejetant le chant de sirène du protectionnisme. Ces dernières années, le déficit commercial a poussé certains politiciens égarés à appeler au protectionnisme, avertissant que sinon, nous perdrions des emplois. Mais ils avaient tort encore une fois. En fait, les États-Unis n’ont non seulement pas perdu emplois, mais nous avons créé plus d’emplois que tous les pays d’Europe de l’Ouest, le Canada et le Japon réunis. Le bilan est clair: lorsque le total des échanges commerciaux des États-Unis a augmenté, les emplois américains ont également augmenté. Et lorsque notre total d’échanges commerciaux a diminué, le nombre d’emplois a également chuté.

Une partie de la difficulté à accepter les bonnes nouvelles concernant le commerce réside dans nos mots. Nous parlons trop souvent de commerce tout en utilisant le vocabulaire de la guerre. En guerre, pour qu’un côté gagne, l’autre doit perdre. Mais le commerce n’est pas la guerre. Le commerce est une alliance économique qui profite aux deux pays. Il n’y a pas de perdants, seulement des gagnants. Et le commerce aide à renforcer le monde libre.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Publicité

Cependant, aujourd’hui, le protectionnisme est utilisé par certains politiciens américains comme une forme bon marché de nationalisme, une feuille de vigne pour ceux qui ne sont pas prêts à maintenir la puissance militaire de l’Amérique et qui manquent de la détermination nécessaire pour faire face à de vrais ennemis – des pays qui utiliseraient la violence contre nous ou nos alliés. Nos partenaires commerciaux pacifiques ne sont pas nos ennemis; ce sont nos alliés. Nous devons nous méfier des démagogues prêts à déclarer une guerre commerciale contre nos amis – affaiblissant ainsi notre économie, notre sécurité nationale et le monde libre tout entier – tout en agitant cyniquement le drapeau américain. L’expansion de l’économie internationale n’est pas une invasion étrangère. C’est un triomphe américain, que nous avons travaillé dur pour obtenir, et quelque chose de central dans notre vision d’un monde pacifique et prospère de liberté.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’Amérique a ouvert la voie pour démanteler les barrières commerciales et créer un système commercial international qui a préparé le terrain pour des décennies de croissance économique sans précédent. Et dans une semaine, lors des importantes négociations commerciales multilatérales qui se tiendront à Montréal, nous serons à l’avant-garde des efforts visant à améliorer ce système. Nous voulons ouvrir davantage de marchés pour nos produits, nous assurer que toutes les nations respectent les règles et chercher à améliorer des domaines comme le règlement des différends et l’agriculture. Nous voulons également étendre les bénéfices du libre-échange à de nouveaux domaines, y compris les services, les investissements et la protection de la propriété intellectuelle. Nos négociateurs travailleront dur pour nous tous.

Oui, en 1776, nos Pères fondateurs croyaient que le libre-échange valait la peine d’être défendu. Et nous pouvons célébrer leur victoire, car aujourd’hui, le commerce est au cœur de l’alliance qui assure la paix et garantit notre liberté; c’est la source de notre prospérité et le chemin vers un avenir encore plus brillant pour l’Amérique.

À la semaine prochaine, merci de m’avoir écouté et que Dieu vous bénisse.

Note: le président a parlé à 9h06 depuis son ranch dans le comté de Santa Barbara, Californie.
Date: le 26 novembre 1988

Publicité
Publicité