Un chèque pour atténuer une hausse d’Hydro-Québec
Le mécanisme du gouvernement entraîne le retour des trop-perçus

Nicolas Lachance
Le premier ministre François Legault confirme que les familles du Québec recevront un chèque pour contrebalancer une hausse possible de 4 à 5% des tarifs d’hydroélectricité en 2023. Les fortes hausses liées à l'inflation permettront à Hydro-Québec d’engranger à nouveau des trop-perçus, estime un expert.
• À lire aussi - L’entente Hydro-Énergir plus coûteuse pour les clients
• À lire aussi - Lutte contre l'inflation: limiter la hausse d’Hydro et possible baisse d’impôt
«On va remettre un chèque aux Québécois pour compenser la différence», a confirmé le premier ministre, soutenant qu'un gel des tarifs, souhaité par les partis d’opposition, serait un geste «paternaliste».
«Les Québécois vont choisir. Les Québécois sont des adultes, la plupart vaccinés, et sont capables de choisir ce qu'ils veulent faire avec l'argent.»
Selon les experts, si l'inflation se maintient, les Québécois subiront une hausse des tarifs d'Hydro de 2,5% en avril et de 5% en 2023.
Déjà, le gouvernement Legault a promis un chèque pour compenser à court terme la hausse générale du coût de la vie. Le montant et les dispositions seront dévoilés lors du prochain budget, le 22 mars.
L’inflation est en forte croissance en raison du conflit en Ukraine: les prix des aliments et du carburant atteignent de nouveaux sommets.
En raison de la nouvelle loi sur les tarifs d’Hydro-Québec, votée sous bâillon en 2019 par le gouvernement et son ministre des Ressources naturelles Jonatan Julien, les prix de l’hydroélectricité sont maintenant fixés sur la croissance de l’inflation.
Le ministre assure que cette méthode permet plus de «prévisibilité».
«Le projet de loi qui a été adopté visait justement à éviter les jeux de yoyo qu'on a connus par le passé sur les tarifs hydroélectriques», a répété le ministre Julien.
Retour du trop-perçu
Or la crise actuelle de l’inflation lui a joué un mauvais tour, si bien que le premier ministre a décidé d’intervenir et d’offrir une compensation aux citoyens.
Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal, est d'avis qu'une telle croissance de l’inflation entraînera pour Hydro-Québec un trop-perçu qui sera versé comme dividende au gouvernement. Cette somme pourra financer les chèques à la population, dit le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie, mais cette façon de faire n’est pas prévue dans les mécanismes de la Régie de l'énergie.
«Pour l’analyse de la Régie, il y aura un trop-perçu... et les discussions vont reprendre sur cet enjeu, alors même que la loi 34 de la CAQ visait à régler la question des trop-perçus... Misère!» déplore l’expert.
La législation permet à Hydro Québec de ne pas justifier la croissance de ses tarifs devant la Régie chaque année. Cet exercice a maintenant lieu tous les cinq ans.
«Les Québécois qui paient»
De leur côté, les partis d’opposition veulent que Québec revienne à un examen annuel des tarifs d'hydroélectricité.
«Tout le monde était contre. Les associations de consommateurs, les commerces, les industriels, les experts, les analystes, tout le monde était contre, sauf le premier ministre. Il a été de l'avant, puis, finalement, aujourd'hui, ce sont les Québécois qui paient», a lancé la cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade.
- Écoutez La rencontre de l'heure Abdelfadel-Vallières à l'émission de Phillipe-Vincent Foisy, tous les matins à 6h10, en direct sur QUB radio: