Un cerf sauvé in extremis des eaux du Saint-Laurent par de bons samaritains
Jonathan Tremblay | Le Journal de Montréal
Des résidents de Contrecœur n’ont pas hésité une seconde lundi matin à secourir un cerf qu’ils ont aperçu au bord de la noyade dans l’eau glacée du fleuve Saint-Laurent.
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«Ça fait quatre jours que j’essaie d’exprimer ce que je voyais dans les yeux du cerf», s’émeut Richard Patenaude, 63 ans, en se remémorant sa péripétie de lundi.
Ce matin-là, vers 7h, le jeune retraité du Service de police de l’agglomération de Longueuil était à la maison avec sa conjointe, à Contrecœur, en Montérégie.
Tout à coup, le téléphone s’est mis à sonner. C’était leur voisine, Carole Boivin. Au même moment, celle-ci est apparue dans leur cour arrière, l’air «désemparée».
Elle leur a alors montré un cerf mal en point, gelé et ainsi pris dans l’eau du fleuve, parmi les plaques de glace formées par le froid, au bout de son terrain.

Flabbergasté
Avant d’agir, M. Patenaude s’est empressé de composer le 911. À sa grande surprise, la collaboration ne semblait pas une option de la part du répartiteur.
«La réponse que j’ai eue, c’était: "la nature va faire son œuvre", se désole l’ex-policier. Son protocole, c’était de ne pas se déplacer. Ma tête comprend, mais mon petit cœur ne comprend pas ça. Ça m’a flabbergasté.»
«Si on avait été aux États-Unis, il y aurait eu cinq camions pour le sauver», compare-t-il avec la mentalité de nos voisins du Sud.

Tel un cowboy
Sans toutefois se mettre en danger, ses voisins et lui ont pris la décision de s’habiller chaudement et de secourir eux-mêmes l’animal en détresse, à l’aide d’une corde.
«S’il avait fallu plonger, la décision aurait été différente. Mais on dirait que tout était aligné. Je l’ai fait au lasso, comme un cowboy, s’enorgueillit M. Patenaude. On a été chanceux. S’il avait été cinq pieds plus loin, on n’aurait pas été capables.»
Une fois sortie de l’eau, la bête était complètement congelée. Les sauveteurs l’ont réchauffée en se couchant dessus et en l’enroulant de couvertures.
Au total, cinq voisins ont participé au sauvetage.
«Le cerf avait l’air de nous remercier. Il avait l’air de dire qu’il avait besoin d’aide. C’est spécial, venant d’une bête sauvage. Son non verbal était particulier», raconte M. Patenaude.

Bien en vie
Le cerf a par la suite été transporté jusqu’au camion d’un agent de la faune qui a bien voulu collaborer à l’intervention. Ce dernier aurait laissé le cerf reprendre des forces dans un garage, avant de le libérer dans un boisé de Sainte-Victoire-de-Sorel.
«Quand on a su ça, ma petite femme pleurait. Elle était tout émue, confie Richard Patenaude, qui se dit surpris de la réaction des gens sur les réseaux sociaux.
«Ç’a touché beaucoup plus de monde que je croyais. Ç’a été gratifiant», dit-il, croyant que l’empathie des gens pour les cerfs puisse être exacerbée par le débat concernant les cerfs à abattre ou non à Longueuil, qui a fait couler beaucoup d’encre au cours des derniers mois.
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