Un café-établi pour réparer vos bébelles
Les clients de cet établissement montréalais donnent une nouvelle vie à leurs appareils brisés


Louis-Philippe Messier
À l’intérieur de Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Le café Mon Atelier de quartier dans Villeray semble tout à fait normal jusqu’à ce que des bruits d’outils émanant du sous-sol révèlent sa vocation. Ici, on vient pour siroter un café au lait ou... pour rafistoler son grille-pain dans un établi.
Qui n’a pas chez soi au moins un appareil brisé et défectueux qui risque de se retrouver aux ordures ?
« Les gens ne savent pas quoi faire à part jeter pour acheter du neuf et c’est contre ce sentiment d’impuissance que nous agissons en montrant comment rallonger la vie d’un appareil », me dit Krystel Marylène Papineau, une cofondatrice de Mon Atelier.
« Notre objectif est de contaminer le monde avec le plaisir de réparer », résume Jean-Philippe Roy, un autre cofondateur.
« C’est agréable d’aller au magasin pour acheter quelque chose, mais quand tu as toi-même remis ton appareil en état, chaque fois que tu l’utilises, tu as la satisfaction de savoir que c’est toi qui lui as donné une nouvelle vie », ajoute-t-il.
Autoréparation
N’arrivez pas avec vos appareils brisés en pensant que d’autres feront la besogne... C’est vous qui allez les réparer.
Sous la supervision de M. Roy ou de son confrère Éric Deschênes, le client démonte, analyse le problème, trouve la solution, rafistole et remonte son objet. « Nous tenons le registre de toutes les réparations et nous avons un taux de réussite d’environ 85 % », s’enorgueillit Mme Papineau.

Lorsque j’arrive dans l’établi, je trouve M. Deschênes seul en train de rafistoler une plaque à panini. Le client n’est donc pas là ?
« C’est une cliente enceinte qui se fait des grilled-cheese avec cette plaque, dont la réparation va nécessiter de la soudure, alors, pour éviter qu’elle respire les émanations, je lui ai dit de revenir plus tard », m’a-t-il expliqué.
Imprimante 3D
Je consulte le registre des derniers jours de réparations réussies : trois bouilloires, un malaxeur, un fer à repasser, un aspirateur, un séchoir à cheveux, une poussette, une lampe, une paire de lunettes, une chaise pliante et un radio réveil matin, etc.
« Pour remplacer une branche de la lunette et une patte de chaise brisée, nous avons moulé les pièces avec l’imprimante 3D », me raconte M. Deschênes.
Le café offre par ailleurs des ateliers pour apprendre aux gens à utiliser une imprimante 3D.

« Nous avons un bassin de formateurs qui gravitent autour de l’Atelier et qui donnent des cours de couture, de réparation de vélo, de fabrication de pain », explique Mme Papineau.
Cinq clients louent l’atelier de menuiserie pour leurs projets personnels.
Le local du deuxième étage est occupé par la compagnie iPhoenix, qui répare les produits Apple jugés moribonds.
Matériauthèque
L’entreprise compte aussi bientôt lancer une matériauthèque où les clients pourront emprunter des outils.
« Notre modèle d’affaires, qui inclut un café, la location de salles, un établi d’auto-réparation, la location d’ateliers et d’outils, veut prouver que c’est rentable, en soi, la réparation », dit M Roy
L’établi d’autoréparation est ouvert les mardis, mercredis et jeudis de 13 h à 17 h.
Les clients versent la contribution qu’ils jugent raisonnable.
► Pour le calendrier de toutes les activités : monatelier.ca