Un barrage de questions sur le projet de tramway à Québec


Jean-Luc Lavallée
Mitraillés de questions, en séance publique jeudi soir, les responsables du Bureau de projet du tramway ont dû justifier à plusieurs reprises la pertinence du projet, la coupe d’arbres et l’aménagement de voies partagées sur René-Lévesque.
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Plus de 700 citoyens s’étaient inscrits pour cette consultation virtuelle destinée aux résidents des quartiers Montcalm et Saint-Jean-Baptiste, la première de cette envergure depuis l’élection du maire Bruno Marchand.
Sans surprise, les questions acheminées en ligne – plus de 485 – fusaient de toutes parts et partaient dans tous les sens à l’issue d’une présentation détaillant les aménagements prévus sur une portion de quelques kilomètres, entre l’avenue Belvédère et la Colline parlementaire.
D’entrée de jeu, le grand patron du Bureau de projet, Daniel Genest, a dû défendre la pertinence même d’un tramway, en répondant à ceux qui jugent que le Métrobus fait déjà le boulot.
«On est vraiment rendus à un point à Québec où il y a une congestion qui se crée (entre les autobus sur les voies réservées)», a-t-il réitéré, évoquant le phénomène de «train-bus», d’où la nécessité d’un mode de transport plus capacitaire (260 passagers) et plus fiable.
«Je trouve ça déplorable»
L’explication n’a pas convaincu Yannick Stromei, un résident du secteur qui dit voir les autobus rouler à vide «80 % du temps» sur René-Lévesque.
«Je trouve ça déplorable de perdre mon temps ce soir pour parler d’un projet totalement inadapté à la Ville de Québec», a-t-il pesté, rappelant que l’appui au projet se situait à 41 % dans le plus récent sondage Léger.
«On prévoit une augmentation de la circulation de plus de 100 000 déplacements d’ici 15 ans à Québec (...) Ce n’est pas pour rien qu’on va de l’avant. C’est un projet auquel on croit», a rétorqué la conseillère Maude Mercier-Larouche, responsable du tramway au comité exécutif. Loin d’être tous réfractaires au projet, d’autres résidents ont plutôt encensé la Ville hier soir.
Abattage des arbres
Ils étaient cependant nombreux à exprimer leur désarroi par rapport à la coupe de près de 1600 arbres le long du tracé. La Ville a une fois de plus rappelé qu’elle ferait tout en son pouvoir pour compenser les pertes en replantant 20 arbres pour chaque arbre abattu.
Les inquiétudes étaient palpables aussi quant à une hausse de la circulation de transit puisque le trafic automobile sera ralenti à 20 km/h dans la section «partagée» de René-Lévesque près de Cartier. Les véhicules seront inévitablement déviés vers les axes perpendiculaires en amont ou en aval de cette zone partagée, où les véhicules empièteront sur la même voie que les piétons et cyclistes.
Et les camions de déménagement?
Des résidents de René-Lévesque sont par ailleurs nombreux à se demander comment ils feront pour déménager dans portion dite «partagée», comprise entre les avenues De Bourlamaque et De Salaberry, faute d’espace pour se garer en raison de l’implantation du tramway.
La Ville assure qu’elle a prévu divers scénarios afin de permettre aux déménageurs de faire leur travail et de se stationner à proximité d’un immeuble à logements. Une autorisation spéciale sera toutefois nécessaire dans certains cas, lorsqu’il sera impossible par exemple de se garer dans une entrée privée ou dans une rue perpendiculaire à proximité, a-t-on fait savoir.
Faute de temps, de nombreuses questions n’ont pu être répondues jeudi soir. D’autres séances pourraient toutefois être organisées, avait indiqué le maire Bruno Marchand, mardi. «S’il faut en faire six, on en fera six!», avait-il déclaré, soucieux d’aller jusqu’au bout de l’exercice. Le maire n’était toutefois pas présent à la rencontre virtuelle Zoom de jeudi soir.
Un questionnaire en ligne sera également accessible dès vendredi, jusqu’au 25 mars, sur le site web de la Ville de Québec.