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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Hydro-Québec: un ami du parti comme patron?

La nomination d’un fidèle de la CAQ, le pire des scénarios aux yeux des syndiqués

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Photo portrait de Sylvain  Larocque

Sylvain Larocque

2023-01-11T05:00:00Z
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Les syndiqués d’Hydro-Québec craignent que le gouvernement Legault ne profite du départ de Sophie Brochu pour placer un fidèle lieutenant à la tête d’Hydro-Québec.

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«Qui va venir s’asseoir là [pour succéder à Sophie Brochu] et avec quel mandat exactement?» a demandé hier Dominic Champagne, vice-président du secteur énergie au Syndicat canadien de la fonction publique, qui représente quelque 15 000 travailleurs d’Hydro-Québec.

Un envoyé politique à la haute direction d’Hydro, «ce serait le pire scénario», a-t-il estimé.

Le gouvernement Legault et Hydro-Québec ont des vues divergentes sur la façon de faire face à la pénurie d’électricité qui se profile d’ici 2030 : Québec préconise la construction de nouveaux barrages, tandis que la société d’État préfère opter pour une réduction de la consommation.

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Le précédent Guy LeBlanc

Soulignons que le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a déjà créé un précédent, en 2019, en nommant l’un de ses amis proches, Guy LeBlanc, au poste de président-directeur général d’Investissement Québec.

Avec le départ annoncé de la présidente du conseil d’administration d’Hydro-Québec, Jacynthe Côté, aussi au printemps, le gouvernement devra pourvoir deux postes névralgiques au même moment, une situation exceptionnelle.

Successeurs potentiels

M. Champagne a rappelé hier que les PDG d’Hydro-Québec sont généralement des dirigeants d’entreprises privées qui viennent «appliquer leur recette» au sein de la société d’État.

«On a rarement vu quelqu’un de l’interne prendre le poste de numéro un. Ce n’est pas quelque chose qu’on a vu dans le passé», a-t-il noté.

Le plus souvent, les PDG d’Hydro arrivent d’Énergir, l’ancien Gaz Métro. C’était le cas d’André Caillé, de Thierry Vandal et de Sophie Brochu. Quant à Éric Martel, il était issu de Bombardier, où il est retourné en 2020.

Les candidats potentiels les plus évidents sont donc l’actuel PDG d’Énergir, Éric Lachance, la vice-présidente exécutive à la direction Québec de l’entreprise, Stéphanie Trudeau, ainsi que Martin Imbleau, ancien dirigeant d’Énergir et d’Hydro qui dirige actuellement le port de Montréal.

Chez Hydro-Québec, deux vice-présidents se démarquent déjà : la cheffe des infrastructures, Claudine Bouchard, qui travaille pour la société d’État depuis plus de 20 ans, et le chef de l’exploitation, Éric Filion, un ancien de Bombardier. 

Le nom de Michel Letellier, PDG d’Innergex, une entreprise d’énergie renouvelable qui a un partenariat avec Hydro, circule également.

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L’arrivée d’un nouveau PDG entraîne généralement des bouleversements au sein de la haute direction. Il n’est pas rare que celui-ci recrute ses vice-présidents dans les rangs de son ancien employeur. M. Martel était allé encore plus loin en faisant atterrir des dizaines de cadres de Bombardier chez Hydro-Québec.

  • Écoutez l'édito économique de Sylvain Larocque diffusé chaque jour en direct à QUB radio :

Peu importe le PDG, la transition énergétique doit continuer

La présidente-directrice générale sortante d’Hydro-Québec a exhorté les employés d’Hydro-Québec à poursuivre leurs efforts pour la transition énergétique, peu importe l’identité du grand patron.

Dans cette allocution aux employés, Sophie Brochu a soutenu «avoir la conviction» que sa décision d’annoncer sa démission pour le mois d’avril, soit à peine trois ans après son arrivée, survenait au «bon moment pour Hydro».

Elle a rappelé que la société d’État a présenté, l’an dernier, son plan stratégique 2022-2026. Le plan mise notamment sur une intensification des efforts d’efficacité énergétique et sur une augmentation de la capacité de centrales existantes (plutôt que sur la construction de nouvelles installations).

Hydro-Québec devra poursuivre la mise en œuvre de ce plan même avec l’arrivée d’un nouveau grand patron, a estimé Mme Brochu.

Ne pas réduire la cadence

«Gardez votre regard sur l’étoile polaire qu’est le plan stratégique parce que ce n’est pas le plan de Brochu, ce n’est même pas le plan d’Hydro-Québec, c’est le plan de la transition énergétique du Québec et c’est ça qui nous guide», a-t-elle lancé.

Du même souffle, elle a imploré les salariés d’Hydro de ne pas profiter de la transition pour réduire la cadence.

«Ne mettez pas les crayons sur la table en disant il n’y a plus rien qui se passe. Je vous le dis : on a besoin d’avancer», a-t-elle prévenu.

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