«Convoi de la liberté»: un premier revers en 17 jours pour les manifestants
Les policiers sont finalement parvenus hier à lever le blocus au névralgique pont Ambassador, en Ontario
Erika Aubin et Nora T. Lamontagne
Encerclés de toutes parts par les policiers, les derniers irréductibles devant le pont Ambassador se sont fait passer les menottes hier, tandis qu’une des organisatrices du « convoi de la liberté » à Ottawa tentait de convaincre les camionneurs de quitter les quartiers résidentiels.
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Comme la veille, les policiers sont débarqués en grand nombre pour terminer de déloger les derniers manifestants paralysant la frontière entre Windsor, en Ontario, et les États-Unis.

Si des discussions ont convaincu quelques dizaines de conducteurs de lever le camp, les forces de l’ordre ont dû former des lignes compactes pour empêcher que des irréductibles ne retournent près du pont.
The Ambassador Bridge is now open. There is no eastbound or westbound access onto Huron Church Rd. from the expressway to Wyandotte. Thank you for your patience. https://t.co/8rQABSQVoj
— Windsor Police (@WindsorPolice) February 14, 2022

Au total, une vingtaine d’individus ont été arrêtés, parfois sans ménagement, avant que le blocus ne soit finalement levé après sept jours, a confirmé la police de Windsor.

Le pont d’une importance capitale pour l’économie a été rouvert officiellement en fin de soirée hier.
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Libérer les résidents
Du côté d’Ottawa, le maire Jim Watson s’est entendu hier avec l’une des organisatrices du « convoi de la liberté », pour « réduire la pression sur les quartiers résidentiels », qui souffrent de la présence des manifestants (voir autre texte).
« Nous avons fait un plan pour consolider nos efforts de protestation autour de la colline du Parlement. Nous allons travailler dur dans les prochaines 24 heures pour obtenir l’adhésion des camionneurs », a indiqué Tamara Lich, qui s’identifie comme la présidente du « convoi de la liberté 2022 ».

Dans une lettre, le maire Watson lui demandait que tous les camions quittent les quartiers résidentiels du centre-ville ainsi que le stationnement du stade de baseball, sur Coventry, où un camp de ravitaillement est érigé.
Au passage du Journal en après-midi, les protestataires établis sur plus de 500 mètres sur la rue Kent, en plein quartier résidentiel au centre-ville, évaluaient leurs options.
« Le convoi n’a pas qu’une seule voix, nous allons en discuter collectivement. De se rapprocher du parlement ne va pas décourager personne », indique l’Albertain Sandy Williams.
Pas près de partir
D’autres camionneurs stationnés un peu plus loin n’avaient aucunement l’intention de bouger. « Qui est Tamara Lich ? Moi, je ne vais nulle part. Home sweet home », a lancé Joël, en faisant cuire des burgers sur son BBQ installé sous un abri tempo.
L’harmonie ne semble pas régner chez les manifestants, puisqu’à 21 h, Pat King, un suprémaciste blanc et autre organisateur du convoi, incitait les camionneurs à « ne pas bouger, ne pas quitter Ottawa ou les quartiers résidentiels », dans une vidéo Facebook.
Le convoi en dates
◆ 15 janvier
L’obligation vaccinale pour les camionneurs décrétée par Ottawa entre en vigueur. Seuls les camionneurs adéquatement vaccinés peuvent aller aux États-Unis.
◆ 22 janvier
Les États-Unis imposent à leur tour l’obligation vaccinale pour les camionneurs à leurs frontières.
◆ 23 janvier
Des centaines de camionneurs se rassemblent à Vancouver et prennent la route vers Ottawa. Le convoi ira en grossissant tout au long de son périple.
◆ 25 janvier
La campagne de sociofinancement atteint 4,5 millions $, mais GoFundMe décide de geler les fonds, en attendant de savoir comment ils seront utilisés.
◆ 29 janvier
Le convoi arrive à Ottawa. Des milliers de personnes se rassemblent dans la capitale pour manifester.
◆ 31 janvier
La plupart des militants rentrent chez eux, mais le noyau dur des protestataires s’organise pour un long siège du parlement.
◆ 4 février
GoFundMe annule la campagne de sociofinancement. La cagnotte dépassait les 10 millions $. La plateforme a promis de rembourser les donateurs.
◆ 5 février
Plusieurs villes canadiennes sont aux prises avec des convois, dont Québec et Toronto.
◆ 7 février
Des manifestants bloquent le poste-frontière du pont Ambassador, à Windsor. Sa fermeture est dénoncée par la Maison-Blanche.
◆ 13 février
La police de Windsor termine le travail entamé la veille en délogeant les derniers manifestants du pont Ambassador, procédant à des dizaines d’arrestations.