Mince lueur d’espoir écrasée sous les bombes
Moscou dément un quelconque progrès dans ses pourparlers avec l’Ukraine
AFP
La mince lueur d’espoir qui a suivi les pourparlers de mardi entre l’Ukraine et la Russie a rapidement été balayée du revers de la main mercredi par Moscou, qui a nié une avancée dans les discussions.
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« [Nous ne pouvons pas] faire état de quoi que ce soit de très prometteur ou d’une percée quelconque, a établi le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov mercredi. Pour l’heure, nous ne pouvons pas parler de progrès et nous n’allons pas le faire. »
Ces déclarations tranchent pourtant avec celles, beaucoup plus positives, des responsables russes ayant pris part aux discussions qui se sont déroulées la veille à Istanbul en Turquie.
Il avait alors même été question d’une possible rencontre entre les présidents russe et ukrainien, avant que le porte-parole ne la rejette aux oubliettes mercredi. La Russie avait aussi signifié qu’elle réduirait « radicalement » son activité militaire près de la capitale, Kyïv, et de la ville de Tcherniguiv, dans le nord du pays.

De belles paroles
Ces affirmations ont été accueillies avec scepticisme par l’Occident, qui a accusé Moscou de ne pas vraiment chercher une solution négociée derrière une bonne volonté de façade.
Surtout que Tcherniguiv a été « bombardée toute la nuit », a rapporté mercredi le gouverneur régional Viatcheslav Tchaous. À Kyïv, les autorités faisaient état mercredi d’une trentaine de bombardements dans les 24 dernières heures.
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« Nous ne croyons personne, pas une seule belle phrase, a déclaré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, dans une vidéo. Nous ne céderons rien. Nous nous battrons pour chaque mètre de notre territoire. »
En soirée mercredi, la Russie a annoncé un cessez-le-feu aujourd’hui pour évacuer les civils prisonniers de Marioupol vers la ville ukrainienne de Zaporijjia, avec une étape par le port de Berdiansk, sous contrôle russe.

Les forces russes ont par ailleurs commencé à se retirer du site nucléaire de Tchernobyl, dont elles avaient pris le contrôle dès le premier jour, a noté un haut responsable du Pentagone.
Mais dans l’est du pays, les frappes n’ont pas montré de répit.
Les autorités ukrainiennes ont d’ailleurs accusé la Russie d’avoir tiré des obus au phosphore sur la petite ville de Marinka mercredi, déclenchant une dizaine d’incendies.
Des « pièces d’échecs »

L’Ukraine accuse aussi les forces russes d’avoir « bombardé délibérément » – deux fois plutôt qu’une, selon CNN – un bâtiment de la Croix-Rouge dans la cité portuaire de Marioupol.
On ne connaît pas encore le bilan des blessés du bâtiment, pourtant « marqué d’une croix rouge sur fond blanc » visible du ciel, a martelé Lioudmyla Denissova, chargée des droits de la personne auprès du Parlement ukrainien.
Au total, au moins 82 attaques ont touché des centres de soins jusqu’à présent, a estimé l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), selon CNN.
« Ce sont des gens qui sont directement ciblés [...] utilisés comme outils stratégiques, comme des pièces d’échecs sur un échiquier horrible et meurtrier où ils n’ont aucun droit et ne devraient pas être », s’est emporté Mike Ryan, directeur du Programme des urgences sanitaires de l’OMS.
– Avec Roxane Trudel
Le vrai visage de la guerre
Une photo que nous publions aujourd’hui est particulièrement dure et difficile à regarder. Nous en sommes bien conscients, mais nous avons décidé de la publier afin de montrer toute l’horreur et la violence d’une guerre. Nous considérons que c’est notre rôle de montrer la réalité que vit la population de l’Ukraine, même si elle est choquante. La très grande partie de nos lecteurs sont des adultes et sont bien informés. Nous recommandons tout de même aux parents de ne pas laisser leurs enfants les regarder seuls et sans explications.
Dany Doucet
Rédacteur en chef