Ukraine: menace de frappes russes à Kyïv

AFP
La Russie a menacé mercredi de frapper des centres de commandement à Kyïv, accusant l’Ukraine d’attaques contre son territoire.
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Dans le même temps, l’ONU a estimé qu’un «cessez-le-feu général» à des fins humanitaires ne semblait «pas possible actuellement», les Nations unies attendant toujours des réponses de Moscou à des propositions concrètes en vue de l’évacuation de civils.

«Nous voyons des tentatives de sabotage et de frappes des forces ukrainiennes sur des cibles sur le territoire de la Fédération de Russie», a déclaré Igor Konachenkov, le porte-parole du ministère russe de la Défense.
«Si de tels événements se poursuivent, des frappes seront menées par l’armée russe sur des centres de prise de décision, y compris à Kyïv, ce que l’armée russe s’est retenue de faire jusqu’à présent», a-t-il mis en garde.
À Marioupol, dans le sud-est de l’Ukraine, «les restes des unités ukrainiennes et des nazis (du régiment) Azov présents dans la ville sont bloqués et privés de la possibilité de sortir de l’encerclement», a par ailleurs assuré M. Konachenkov.
Peu auparavant, la Russie avait annoncé la reddition de plus de mille soldats ukrainiens dans cette cité portuaire stratégique que ses forces assiègent et bombardent depuis plus de 40 jours.
- Écoutez l'entrevue de Richard Martineau avec Dominique Arel, titulaire de la Chaire d’études ukrainiennes à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa sur QUB radio :
«Il n’y a plus de médecins»
Les bombardements continuent également dans la partie orientale de l’Ukraine, où ils ont provoqué la mort de sept personnes ces 24 dernières heures à Kharkiv, une ville du nord-est aussi assiégée par les Russes depuis le début de l’invasion.
Kyïv a appelé la population de ces régions à fuir au plus vite de peur d’une grande offensive russe imminente pour le contrôle total du Donbass, que les troupes ukrainiennes et leurs ennemis séparatistes prorusses se partagent depuis 2014.

L’Ukraine a toutefois averti qu’elle n’ouvrirait aucun couloir humanitaire mercredi, car les Russes «ont bloqué des cars» et «violent le cessez-le-feu» dans certaines zones, ce qui rend la situation «dangereuse».
Kyïv a affirmé mercredi avoir touché, par des tirs de missiles, le croiseur russe Moskva en mer Noire.
«Il brûle avec intensité. Maintenant. Et avec cette mer agitée, il est impossible de savoir quand ils seront capables de recevoir de l’aide», a affirmé sur YouTube un conseiller du président ukrainien, Oleksiï Arestovitch, assurant que «510 membres d’équipage» étaient à bord.
Ces affirmations étaient invérifiables dans l’immédiat par l’AFP de source indépendante. Aucun incendie sur un navire militaire n’a été rapporté pour l’instant par les agences de presse russes.
Des analystes considèrent que le président russe Vladimir Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans le Donbass avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis en 1945.
À cet égard, le chef d’une des deux «républiques» séparatistes prorusses unilatéralement proclamées dans ce vaste territoire minier, Léonid Passetchnik, a affirmé mercredi que ses troupes contrôlaient désormais «80 à 90 %» de la région de Lougansk, l’une des cibles prioritaires du Kremlin.

À Severodonetsk, la ville la plus à l’est encore tenue par l’armée ukrainienne, où des frappes se sont entendre, «il n’y a plus de médecins, pas d’infirmières et toutes les pharmacies sont fermées», a raconté à l’AFP un homme de 70 ans.
Moscou avait dit fin mars dorénavant concentrer ses efforts sur le sud et l’est.
Une «scène de crime»
L’Ukraine est devenue une véritable «scène de crime», a de son côté jugé mercredi à Boutcha, près de Kyïv, le procureur de la Cour pénale internationale, le Britannique Karim Khan.
«Nous sommes ici parce que nous avons de bonnes raisons de penser que des crimes relevant de la compétence de la Cour sont commis. Nous devons transpercer le brouillard de la guerre pour parvenir à la vérité», a-t-il lâché devant la presse dans cette localité devenue le symbole des atrocités du conflit. Et ce depuis que des centaines de corps, selon les autorités ukrainiennes, y ont été découverts fin mars, la Russie niant pour sa part toute exaction en Ukraine.

Autour de la capitale comme ailleurs, les autorités ukrainiennes disent chaque jour trouver des cadavres dans les zones dont les Russes se sont retirés.
Dans un village du sud voisin de Kherson, une ville proche de la ligne de front, sept personnes ont été fusillées par des militaires russes dans une maison qu’ils ont ensuite fait exploser pour dissimuler le crime, a dénoncé mercredi le parquet général ukrainien.
À Dnipro, dans l’est, le maire adjoint, Mikhaïl Lyssenko, a dit que les corps de plus de 1 500 soldats russes que «personne ne veut récupérer» reposaient dans des morgues de cette grande cité industrielle.
À Washington, Joe Biden a pour la première fois mardi accusé Vladimir Poutine de «génocide» en Ukraine.

Un terme que le premier ministre canadien Justin Trudeau a repris le lendemain, contrairement au chancelier allemand Olaf Scholz et au président français Emmanuel Macron, dont le refus a été qualifié de «très blessant» par M. Zelensky.
Le président polonais Andrzej Duda, en visite à Kyïv, n’a pas utilisé le terme de «génocide», mais a estimé que la Russie était coupable de «terrorisme» et de «cruauté».
«Ce n’est pas une guerre, c’est du terrorisme. Si quelqu’un envoie des avions et des soldats pour bombarder des zones résidentielles et tuer des civils, ce n’est pas la guerre. C’est de la cruauté, du banditisme, du terrorisme», a-t-il déclaré.