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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Lanny McDonald a dû rappeler Pierre Turgeon cinq fois avant de lui dire qu’il rentrait au Temple de la renommée

Le jour de son élection au Panthéon du hockey

Le Journal de Montreal
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Photo portrait de Marc de Foy

Marc de Foy

2023-11-09T00:30:00Z
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Pierre Turgeon s’entraînait dans un gymnase le 21 juin dernier, lorsqu’il a reçu deux appels provenant du même numéro sur son téléphone portable. Il n’a pas répondu parce qu’il voulait continuer ce qu’il avait commencé.

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Quelques instants plus tard, la sonnerie a retenti une troisième fois alors qu’il était dans l’ascenseur du centre d’entraînement. Puis une quatrième fois alors qu’il marchait dans le couloir vers la sortie. 

Il ne connaissait pas le numéro, mais en voyant l’indicatif régional 416, il s’est dit qu’il s’agissait probablement d’un média de Toronto qui l’appelait.

La chose était devenue un rituel à ce temps de l’année. Chaque fois qu’il n’était pas élu au Panthéon du hockey, des médias torontois l’appelaient pour connaître ses impressions.

Ce qu’il ne savait pas encore, c’est que 2023 serait la bonne année, tout comme le cinquième appel auquel il a finalement répondu.

«Quand j’ai entendu la voix de Lanny McDonald, j’ai compris la raison de son appel», dit-il.

«Je faisais des flipettes

16 ans d’attente

Lundi soir prochain sera le grand jour alors que l’ancien joueur de centre fera son entrée officielle au Temple de la renommée. Il s’est écoulé plus de 16 ans depuis le dernier match de Turgeon dans la Ligue nationale avec l’Avalanche du Colorado.

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Ses statistiques parlent d’elles-mêmes pourtant. 

Turgeon a conservé une moyenne supérieure d’un point par match en 1294 rencontres dans la LNH, marquant 515 buts et obtenant 812 mentions d’aide pour un total de 1327 points. Sa fiche en séries fait état de 35 buts et 62 aides pour un cumulatif de 97 points en 109 matchs.

Toutefois, le sort a voulu qu’il joue en même temps que d’autres grands joueurs de centre qui l’ont précédé au temple, nommément Wayne Gretzky, Mario Lemieux, Mark Messier, Ron Francis, Steve Yzerman et Joe Sakic, tous des vainqueurs de la coupe Stanley et des plus grands honneurs individuels. 

N’empêche, comment pouvait-on ignorer un joueur de la trempe de Turgeon?

L’homme a exercé son métier avec distinction.

Comme ça arrivait trop souvent à son époque, il a été la cible d’adversaires qui voulaient le sortir du jeu.

Rappelons-nous la mise en échec par-derrière que lui avait appliquée Dale Hunter après qu’il eut marqué lors d’un match des séries entre les Islanders et les Capitals, en 1993. Ce geste avait valu une suspension de 21 matchs à l’ancien des Nordiques.

Son agent Pierre Lacroix, qui assistait à un match entre le Canadien et les Nordiques ce soir-là au Forum, était rouge de colère après la rencontre. Il voulait intenter une poursuite contre Hunter.

Cinquième Abitibien au panthéon

Turgeon devient le cinquième Abitibien admis au temple après Dave Keon, Serge Savard, Jacques Laperrière et Rogatien Vachon.

«C’est toute ta carrière, ton enfance, les efforts et les sacrifices que tu t’es imposés pour réussir qui défilent dans ta tête», explique-t-il.

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«Oui, ta passion t’a motivé et comme dans tout travail, ça n’a pas été toujours parfait. Quand je regarde tout ça, je suis tellement fier d’avoir joué autant d’années.»

«À mes débuts dans la Ligue nationale, je me disais que ce serait incroyable si je jouais pendant six, sept, huit ou 10 ans. J’en ai fait 19!»

Turgeon venait de connaître une saison de 154 points en 58 matchs avec les Bisons de Granby lorsque les Sabres de Buffalo l’ont repêché premier au repêchage de la LNH, en 1987. Il avait tout pour réussir, mais pourquoi pensait-il qu’il ne jouerait pas plus que 10 ans?

À cause de la compétition pour commencer, invoque-t-il d’abord.

«Il ne faut jamais tenir rien pour acquis», affirme-t-il.

«La Ligue nationale, c’est la meilleure ligue au monde, celle qui regroupe les meilleurs joueurs de la planète. Dans le temps, une carrière durait en moyenne 10 ans. Je me disais que je serais chanceux si je jouais au-delà de 10 ans.»

«En plus, il faut rester en santé et espérer que le corps suive. Il faut s’entraîner et bien manger.»

Mais il avait un autre avantage que certains n’ont pas.

Le plaisir de jouer au hockey lui sortait par les pores de la peau. Il s’est toujours senti dans son habitat naturel sur une surface glacée.

«J’ai encore la passion, je joue deux fois par semaine. Je m’amuse autant que lorsque j’étais enfant ou quand j’avais 27 ans», ajoute-t-il.

Décor différent

La différence est qu’il joue à l’ombre des palmiers de West Palm Beah, en Floride, où il est établi avec son épouse, Élisabeth, depuis quatre ans. Leurs deux filles, Alexandra et Valérie, résident à Denver, où le paternel a terminé sa carrière en 2007.

Alexandra, dont la jumelle Élizabeth a perdu la vie tragiquement il y a déjà 13 ans, est mère de deux filles.

Le fils du couple Turgeon, Dominic, choix de troisième ronde des Red Wings de Detroit aujourd’hui âgé de 27 ans, poursuit sa carrière en Scandinavie. Il a évolué en Finlande l’an dernier et joue en Suède cette saison.

«On va aller le voir après les Fêtes, indique Turgeon.

«C’est cool d’être grands-parents, c’est peut-être la plus belle affaire dans une vie de couple!» ajoute-t-il en riant.

En d’autres mots, les grands-parents peuvent se reposer entre les visites!

«Quand nos filles veulent profiter de la chaleur, elles viennent nous voir en Floride. On les visite aussi à Denver», dit-il.

C’est un homme heureux qui parle. 

Malgré le grand malheur qui a frappé sa famille, Turgeon reste reconnaissant envers la vie et profite au maximum de chaque moment de bonheur.

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