Tué par une chauffarde avec près de trois fois la limite d’alcool: vibrant témoignage d’une famille endeuillée
«Si tu n’es pas en état, tu ne prends pas ta voiture», a insisté la sœur de Marc-Olivier Cournoyer


Laurent Lavoie
La famille d’un jeune homme, tué par une chauffarde qui roulait à sens inverse sur l’autoroute avec près trois fois la limite d’alcool permise dans le sang, déplore qu’on en fasse encore trop peu pour sensibiliser la population contre les ravages de ce fléau.
• À lire aussi: Alcool au volant: les Québécois favorables à abaisser la limite à 0,05
«C’est [important] de faire passer le message», lance en entrevue avec Le Journal Kassandra Cournoyer, la sœur de Marc-Olivier Cournoyer. «Si tu n’es pas en état [de conduire], tu ne prends pas ta voiture.»
Le jeune homme de 26 ans a été percuté de plein fouet par Marie-Géralde Azor, en septembre dernier à Candiac. Elle avait roulé en sens inverse sur plusieurs kilomètres sur l’autoroute 30 avant l’impact.

La femme de 44 ans, qui a également péri dans la violente collision, affichait presque le triple de la limite légale d’alcool dans son sang, a récemment révélé l’enquête du coroner.
Marc-Olivier Cournoyer revenait alors avec sa mère d’un voyage à Cuba, organisé sur un coup de tête.
Ils voulaient se changer les idées, puisque trois semaines avant, M. Cournoyer enterrait son beau-père, décédé de cause naturelle.

«J’ai passé une semaine de rêve avec mon fils. On s’était rapproché, c’était incroyable», se souvient Annie Giasson qui, en plus d’avoir perdu son fils et son conjoint en peu de temps, a dû guérir un cancer du sein dans la dernière année.
Fraîchement atterris
Quelques heures avant la tragique collision, le duo venait d’atterrir à Montréal aux alentours de minuit. Après être allés au restaurant, Marc-Olivier Cournoyer a reconduit sa mère chez elle.
Il n’a pas consommé d’alcool durant cette séquence, indique le rapport de coroner. Mais M. Cournoyer a eu le malheur de croiser sur son chemin Marie-Géralde Azor, un peu avant 4 h.

La quadragénaire revenait quant à elle d’un souper au restaurant avec des amies.
«Pendant la soirée, Mme Azor a fait des appels vidéo à son conjoint. Le dernier appel a été fait à 23 h 39 et tout semblait normal», relate la coroner Me Nathalie Lefebvre, précisant qu’une proche avait aussi parlé au téléphone avec la chauffarde vers 2 h 30.
Somme toute, l’entourage de Marc-Olivier Cournoyer a plus tard vécu le cauchemar de n’importe quelle famille, en devant identifier formellement le jeune homme à l’hôpital.
«Pire journée de ma vie», laisse tomber du bout des lèvres Annie Giasson. Celle-ci s'est fait tatouer sur l'épaule, il y a quelques mois, un portrait de son fils afin de lui rendre hommage et l'avoir à ses côtés jour après jour.
«Tu ne penses pas que c’est vrai. Tu penses que ça arrive tout le temps aux autres, jusqu’à ce que ça t’arrive», ajoute Kassandra Cournoyer.
Vivre avec
Même si huit mois se sont écoulés depuis la collision, le départ de ce «gros morceau» dans la famille se fait encore sentir.
«La douleur ne partira jamais, c’est juste qu’on apprend un peu plus à vivre avec», confie Kassandra Cournoyer.
Son frère, qui travaillait en sécurité incendie, a toujours eu le «cœur sur la main» et se montrait très sensible malgré «sa carrure d’homme tough».

«Il était jeune, il avait toute la vie devant lui», insiste Kassandra.
Si elle croit que l'alcool au volant ne devrait être en aucun temps toléré par les autorités, abaisser la limite permise à 0.05 serait un pas dans la bonne direction.
«Je trouve que c'est une bonne idée, estime-t-elle. C'est déjà bon. C'est déjà mieux que 0.08.»
Dans son rapport, la coroner Nathalie Lefebvre a recommandé à l’Association des directeurs de police du Québec d’augmenter le nombre d’opérations nationales pour lutter contre la conduite avec les capacités affaiblies.
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.