Alcool au volant: les Québécois favorables à abaisser la limite à 0,05

Nicolas Lachance
En porte-à-faux avec le gouvernement Legault, les Québécois sont d’accord pour réduire à 0,05 le taux d’alcool permis pour prendre le volant.
Selon un sondage Léger commandé par l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ), l’opinion publique évolue rapidement sur cette question.
Pour la première fois, une majorité claire de 61% souhaite que la limite soit abaissée et que des sanctions administratives soient imposées aux conducteurs fautifs. En mars 2024, ce taux d’approbation était de 54%.
«La population est prête», affirme Marianne Dessureault, responsable des affaires juridiques à l’ASPQ.
Les coroners, les experts en santé publique et la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) sont unanimes: une telle mesure permettrait de sauver des vies.
La semaine dernière encore, l’ex-président du conseil d’administration de la SAAQ, Konrad Sioui, a qualifié la décision de maintenir le seuil à 0,08% de politique.
«Ça ne faisait pas l’affaire du gouvernement» que le PDG de la SAAQ s’exprime en faveur de la réduction, a-t-il affirmé devant la commission d’enquête sur le fiasco SAAQclic.
Le débat politique, la couverture médiatique et les témoignages de parents endeuillés ont sans doute contribué à faire évoluer l’opinion publique, souligne Mme Dessureault.
«Ça montre le vrai visage de la situation. On parle de chiffres, de science, mais derrière tout ça, l’objectif est de prévenir des morts, de sauver des vies. Il y a aussi tous les blessés», ajoute-t-elle.
Surtout que la majorité des Québécois (87%) se disent préoccupés par les accidents et les blessures causés par l’alcool au volant.
«Les politiciens ont la chance de faire une réelle différence et de sauver des vies», insiste Mme Dessureault.
Chaque année, l’alcool au volant cause en moyenne 85 décès et 220 blessés au Québec. Selon la SAAQ, abaisser la limite à 0,05% permettrait de sauver neuf vies par an. «On leur tend la main», dit-elle.
Des comportements préoccupants
Autre donnée frappante: près de trois Québécois sur dix admettent avoir déjà conduit alors qu’ils se doutaient ou savaient qu’ils dépassaient la limite de 0,08%.
Ce pourcentage grimpe à 35% chez les hommes et les personnes de 55 ans et plus. Un contraste marqué avec les générations plus jeunes.

«Chez nos jeunes, c’est tolérance zéro, qu’ils viennent des régions, de Montréal ou de Québec. Ils réussissent à s’organiser et ces habitudes perdurent», observe l’avocate. «Il faut s’en inspirer.»
C’est aussi dans la grande région de la Capitale-Nationale que la résistance à l’abaissement du seuil est la plus marquée.
Mercredi, la ministre des Transports Geneviève Guilbault a réitéré à l’Assemblée nationale les arguments qu’elle avance depuis des mois pour justifier le refus du gouvernement d’abaisser la limite.
«Nous sommes la juridiction la plus sévère en matière de conduite avec facultés affaiblies», a-t-elle déclaré.
Rappelons que le Québec est actuellement la seule province canadienne à refuser d’adopter la limite de 0,05%.
Méthodologie : Sondage Web Léger réalisé auprès de 1 008 répondants âgées de 18 ans ou plus pour le compte de l’Association de la santé publique du Québec (ASPQ) afin de sonder les Québécois et les Québécoises au sujet de l’alcool au volant a été réalisé du 2 mai au 4 mai 2025. À titre indicatif, un échantillon probabiliste de 1 008 répondants aurait une marge d’erreur présumée de ±3,1%, et ce 19 fois sur 20.
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