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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Tué dans sa cellule en prison: il craignait l’accusé, un «malade mental qui n’a rien à perdre»

Quelques heures avant d'être tué par Ali Ngarukiye, André Lapierre avait parlé de lui à une amie

PHOTO FOURNIE PAR LA COUR
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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2024-04-09T16:38:10Z
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Quelques heures avant d’être sauvagement tué dans sa cellule de prison, un détenu avait prévenu une amie qu’il était coincé avec un «malade mental qui n’a rien à perdre».

• À lire aussi: Tué dans sa cellule en prison: l’état mental de l’accusé au cœur du procès

«Je vais prendre mon mal en patience pour pouvoir sortir d’ici le plus tôt possible», avait affirmé André Lapierre lors d’un appel téléphonique présenté ce mardi au palais de justice de Montréal.

Ce document audio a été présenté au jury, dans le cadre du procès d’Ali Ngarukiye, un jeune Montréalais qui a tué son codétenu à la prison Rivière-des-Prairies, dans la nuit du 16 ou 17 juin 2021.

  • Écoutez l'entrevue avec Daniel Benson, intervenant en incarcération, ancien détenu et conférencier au micro de Mario Dumont sur QUB :

«Quand les gardiens sont passés vers six heures du matin, l’accusé était debout près de la porte tandis que la victime était allongée au sol», a affirmé Me Louis Bouthillier de la Couronne au début du procès.

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L’accusé de 24 ans reconnaît être l’auteur de l’homicide, mais compte plaider la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.

Vêtements volés

Mais si l’on ignore à ce stade-ci les raisons qui auraient poussé Ngarukiye à tuer sa victime de 57 ans, l’on a appris ce mardi que les deux hommes avaient eu une empoignade le matin du drame au sujet de vols présumés de vêtements.

«Il a fouillé dans mes affaires, je suis sûr qu’il a flushé mes vêtements, quand j’ai cherché dans ses affaires, j’ai trouvé une de mes paires de chaussures», avait dit M. Lapierre à une amie en ajoutant avoir confronté Ngarukiye.

Cette dernière avait calmé le détenu, en lui rappelant que ça ne valait pas la peine de se mettre dans le trouble pour quelques vêtements.

«Ça reste un trou de cul, avait répondu Lapierre. Je ne mérite pas ça, je suis gentil avec tout le monde, je lui ai donné de quoi acheter sa cantine.»

Lié à l’affaire Camara

Lors de la conversation, M. Lapierre avait d’ailleurs révélé que Ngarukiye était selon lui lié à «l’affaire Camara avec un policier qui s’est fait tirer dessus».

«Il y a un gars qui a été arrêté par erreur pour avoir désarmé un policier, a dit M. Lapierre. Le vrai coupable, c’est lui [Ngarukiye].»

Son interlocutrice lui rétorque qu’il s’agit d’un «malade mental» et de faire attention, car «il n’a rien à perdre, une accusation de plus ne va rien changer pour lui», ce à quoi M. Lapierre acquiesce.

L’appel s’est terminé avec la victime qui disait aller vouloir préparer son souper.

Or, si le jury a ainsi pu entendre que Ngarukiye avait un lien avec «l’affaire Camara», la juge Myriam Lachance a prévenu le jury de faire attention avec cette information.

«Un accusé est à procès pour ce qu’il aurait fait [ici pour avoir tué un codétenu] et non pour qui il est, vous devez vous garder d’avoir une réaction émotive, votre verdict ne doit pas être basé sur l’émotion, c’est très important», a dit la juge au jury.

Le procès est prévu pour durer quelques semaines. Au total, la Couronne compte faire entendre une quinzaine de témoins, dont des gardiens de prison, des policiers et une pathologiste judiciaire.

Un détenu qui vivait dans une cellule adjacente devrait également prendre la barre des témoins.

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