Trucs et astuces pour la chasse à l’ours noir


Patrick Campeau
Du 15 mai au 30 juin prochain, il sera possible de tenter de prélever un ursidé dans plusieurs régions de la Belle Province.
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Lors d’une récente exposition, j’ai eu le plaisir d’assister à une présentation des gars de l’émission télévisée Born to Hunt. Voici donc l’essentiel des propos de Miguel Bélisle, d’Éric Lacelle et des frères Éric et Martin Marion sur le sujet.
Exploration
Pour ces chics types, la prospection débute très longtemps avant même de penser à mettre les pieds sur le terrain. Ils se servent de leurs tablettes ou ordinateurs pour consulter Google Maps, Avenza Maps ou d’autres applications du genre affichant de précieux détails qui vous aideront à visualiser et prédire votre succès de chasse simplement en regardant votre écran.
Un des premiers facteurs à analyser est l’accessibilité aux emplacements de chasse. Ils tenteront de localiser les anciens chemins forestiers et les divers sentiers. Par la suite, ils essayeront de trouver des endroits de prédilection composés de marécages et de zones de transition entre les feuillus et les résineux.
Ils appliqueront la règle des 5 km qui consiste à s’éloigner de tous les chemins passants, des chasseurs avoisinants et même de leurs propres partenaires de chasse.
En étant ainsi distancés des autres nemrods, ils ne seront pas dérangés et leur gibier ne sera pas apeuré.
En personne
La prochaine étape consiste à se rendre sur le territoire en question pour y valider ce qu’ils ont identifié sur leurs cartes interactives.
En fonction du temps de l’année, les gars de Born to Hunt concentreront leurs efforts à différents endroits. Par exemple, à la suite de son hibernation du tout début de la saison, l’ours recherchera de l’herbe verte pour aider son système digestif. Ensuite, ce carnivore et omnivore deviendra plus opportuniste. Si ces passionnés entendent le coassement des grenouilles, ils savent qu’ils ne sont pas loin du spot où ils installeront leur site de chasse.
Il faut savoir et retenir qu’à cette période, ces gloutons recherchent des repas faciles et que, au début du printemps, les grenouilles sont encore engourdies ; donc elles nécessitent peu d’effort à attraper. Il s’agit d’une nourriture riche en protéines. De plus, s’ils peuvent y intercepter un castor, ils se régaleront assurément.
À l’affût
La chasse à l’ours est une question de patience, surtout pour les gros spécimens qui attendent souvent avant de s’approcher.
Vous devrez donc passer plusieurs heures sur place et, à ce temps, il y a beaucoup de moustiques. Plusieurs opteront pour des tentes afin de se protéger et de se dissimuler. Pour leur part, les gars préfèrent les bonnes vieilles plateformes ouvertes afin de maximiser leur vision périphérique. Pour ne pas vous faire incommoder par les insectes piqueurs, il n’y a pas de problème à utiliser un Thermacell avec des languettes inodores. Prenez le temps de nettoyer l’accès à votre mirador afin de minimiser les bruits.
Si vous comptez chasser à l’arc, positionnez-vous à 25 mètres de votre site d’appâtage. À la carabine, demeurez à un minimum de 50 mètres. En restant ainsi en retrait, vous minimisez vos chances de vous faire détecter par voie olfactive ou visuelle. Souvenez-vous que le vent est votre pire ennemi.
À la bouffe
Pour cette équipe de passionnés, la clef du succès consiste à faire des lignes d’odeur. Les ours ont un extraordinaire sens de l’odorat et ces hommes font tout pour le mettre au travail afin de les attirer vers leur site. Ils utilisent alors ce qu’ils appellent « l’approche télescope ». Elle consiste à imaginer l’ours dans votre lunette d’approche afin de prédire où il pourrait passer pour accéder à votre emplacement. Vous saurez à ce moment où placer vos lignes d’odeur, qui devraient aller dans toutes les directions, sauf près de votre mirador.
Le choix de l’odeur est laissé à votre discrétion. Il y en a à l’anis, aux fruits, aux poissons, etc. Martin précisait qu’ils la déversaient sur des tampons, au bout d’une ficelle, pour que le vent brasse le tout en maximisant ainsi leur effet. La distance optimale est de 100 mètres et il serait idéal d’entreprendre ce scénario olfactif au minimum trois semaines avant votre chasse.
Pour ce qui est de la nourriture, ils la positionnent dans un baril de 45 gallons qu’ils ont perforé à une douzaine de reprises avec une mèche d’un demi-pouce. Avant d’aller plus loin, les gars insistent sur le fait qu’il faut rapporter ce contenant métallique à la fin de la chasse, question d’être respectueux de l’environnement.
Le baril sera attaché à un gros arbre avec un câble d’acier de 10 pieds. Il est important que le gibier convoité ne manque pas de nourriture entre vos visites, sans quoi il sera attiré chez le voisin. Les membres de Born to Hunt utilisent leur propre mélange de maïs et de mélasse, riche en nutriments.
Un coulis de mélasse sera déversé sur le baril et tout autour de lui pour rehausser le buffet improvisé.
De plus, en pilotant dans cette substance collante, la bête créera à son tour des lignes d’odeur qui attireront les autres ursidés. En vous rendant à votre cache, ne faites pas l’erreur de traverser l’endroit où se trouve la nourriture au risque de fortement apeurer les ours.
Le moment fatal
Il est primordial de vous exercer avec vos armes à la même distance que celle à laquelle vous effectuerez votre tir. Assurez-vous de bien connaître l’anatomie de votre proie et de savoir où se trouvent ses organes vitaux, tels que les poumons et le cœur.
Certains seront surpris d’apprendre qu’ils sont un peu plus reculés et non pas directement en arrière de l’épaule.
À la suite de la mise à feu ou de la décoche, il est important de mémoriser le dernier endroit où l’on a vu la bête entrer dans la forêt. Attendez un minimum de 30 minutes après le tir avant de commencer la recherche.
Si vous ne la trouvez pas, arrêtez de chercher et de perturber les indices. Mettez alors votre orgueil de côté et demandez les services d’un chien de sang.
Finalement, la transformation en de délicieux repas est, pour cette bande de joyeux lurons, une étape avec laquelle ils ont grandi. Leur coup de cœur est la fameuse saucisse avec la recette magique de leur cher grand-papa Peter !