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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

Troublé par la prestation de Valieva

Le président du CIO n’a pas confiance en l’entourage de la jeune athlète

Photo AFP
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Photo portrait de Jessica Lapinski

Jessica Lapinski

2022-02-18T03:59:48Z
2022-02-18T04:01:14Z
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Le président du Comité international olympique, Thomas Bach, a dit vendredi avoir été « très troublé » par la prestation de la jeune patineuse Kamila Valieva, ajoutant qu’il n’avait pas confiance en « son entourage ».

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« J’ai assisté à une performance où on a vu la pression sur ses épaules. Ma carrière fait que je sais ce qu’est la pression, mais celle-ci était au-dessus de ce que je peux me représenter », a-t-il déclaré aux médias, en conférence de presse.

« La voir craquer sur la glace, pleurer et essayer de finir son programme était difficile. Dans chaque mouvement, son langage corporel, on voyait le stress immense, a-t-il poursuivi. Elle aurait sûrement préféré quitter la glace et laisser tout cela derrière elle. »

  • Écoutez l’entrevue de Sylvie Fréchette, Double médaillée olympique en natation synchronisée et conférencière  

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Soupçons de dopage

Soupçonnée de dopage après qu’elle a été contrôlée positive à la trimétazidine le 25 décembre, la patineuse qui représente le Comité olympique russe (ROC) est sous le feu des projecteurs depuis plus d’une semaine. 

Ce résultat positif a été révélé le 8 février, au lendemain de la victoire du ROC à la compétition par équipe de patinage artistique. Valieva, 15 ans seulement, avait offert une prestation impressionnante pour mener son pays vers la médaille d’or. 

Le ROC n’a toujours pas reçu cette fameuse médaille dorée. Il faudra attendre la fin de l’enquête, qui pourrait prendre des mois, pour savoir s’il sera privé de ce titre olympique.

Le président du CIO Thomas Bach a été témoin par la difficile prestation de la Russe Kamila Valieva.
Le président du CIO Thomas Bach a été témoin par la difficile prestation de la Russe Kamila Valieva. Photo AFP

Deux chutes

Malgré la controverse, Valieva avait encore patiné avec aplomb lors du programme court féminin disputé mardi, terminant première même si elle n’avait su que la veille qu’elle était autorisée par le Tribunal arbitral du sport à y participer. 

Mais deux jours plus tard, l’adolescente s’est effondrée durant le programme libre. 

Patinant la dernière, au son du Boléro de Ravel, Valieva a chuté à deux reprises, la première sur une combinaison de sauts, la seconde sur un quadruple. Puis, elle a effectué un triple axel à la rotation incomplète et avec une réception main sur la glace. 

La Russe a ainsi patiné sa pire prestation de l’hiver. Elle n’a obtenu que 141,93 points, et une note totale de 224,09 points, synonyme de quatrième place. 

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« Tu as laissé tomber ! »

Au banc, son entraîneure Eteri Tutberidze, reconnue pour son intransigeance, n’a pas manqué de la vilipender. 

« Pourquoi tu as baissé les bras ? Pourquoi tu as cessé de te battre ? Explique-moi... Tu as laissé tomber ! » a lancé Tutberidze, qui dirige une école de patinage artistique près de Moscou. 

Le Sambo 70, que l’on décrit comme « une usine à championnes », est vertement critiqué durant ces Jeux pour la gestion de ses jeunes athlètes. 

On mentionne notamment que ses patineuses quittent la compétition très jeunes, souvent lassées d’avoir à gérer leur poids de façon rigoureuse, au point où plusieurs ont souffert d’anorexie. 

Ou encore, qu’elles sont poussées à la retraite une fois que leur morphologie ne convient plus aux standards de l’entraîneure. 

Witt en pleurs

Captés par les caméras de télévision, ces propos de Tutberidze à l’endroit de Valieva ont été condamnés un peu partout sur la planète. 

À la télévision allemande, la grande patineuse Katarina Witt a fondu en larmes lorsqu’elle a commenté l’attitude de Tutberidze. Elle-même élevée dans le régime strict de l’Allemagne de l’Est, la médaillée d’or des Jeux de 1984 et 1988 a décrié en ondes le traitement dont a été victime la jeune Russe. 

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« Ce qui lui est arrivé, c’est exactement ce contre quoi elle aurait dû être protégée, a regretté la championne. Elle a 15 ans. C’est une enfant. »

À ces propos s’ajoutent maintenant ceux de son compatriote Thomas Bach, qui a pourtant souvent été critiqué pour son laxisme envers la Russie, trouvée coupable d’avoir établi un énorme stratagème de dopage lors des Jeux de Sotchi, en 2014.  

« Comment elle fut reçue par son entourage en sortant de la glace... C’était glacial, au lieu d’essayer de l’aider et de la réconforter. On sentait la distance et en interprétant son langage corporel [de son entraîneure], c’était dédaigneux. Comment peut-on être si froid avec son athlète ? » a déploré Bach.

« Cela ne me donne pas confiance dans son entourage, indépendamment de ce qui a pu se passer, ou va se passer dans le futur, comment [est-il possible de] traiter une athlète mineure de 15 ans comme cela ? » a-t-il poursuivi. 

L’âge minimum rehaussé ?

Sans affirmer que cette proposition ait un lien avec l’affaire Valieva, la Fédération internationale de patinage artistique songe à rehausser à 17 ans l’âge minimum pour compétitionner chez les seniors, qui est actuellement établi à 15 ans. 

La mesure sera proposée en juin. Contacté par l’AFP, le Comité international olympique a indiqué qu’il « accueillait favorablement » cette décision.

– Avec l’AFP

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