Triangle amoureux, grossesse à cacher, scandale de mœurs: les généalogistes ont résolu le mystère de la lignée «Prevost» du pape Léon XIV

Depuis l’apparition surprise de l’Américain Robert Francis Prevost au balcon de la place Saint-Pierre de Rome, l’origine de ses grands-parents paternels posait de sérieux défis aux généalogistes du monde entier.

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Si les lignées louisianaises et créoles de sa mère, Mildred Agnes Martinez (1911-1990), ont été rapidement révélées, il en était autrement pour celles de son père, Louis Lanti Marius Prevost (1920-1997). Des noms inconsistants, pas de preuves de mariage, aucune référence dans les recensements avant 1950. Pourquoi autant d’incongruités chez les Prevost de Chicago?

Les généalogistes du Discord Genealogy ont publié jeudi dernier le résultat d’une recherche intitulée: One man, two identities, How Salvadore Giovanni Riggitano lived his life as John R. Prevost. Une solide recherche, appuyée par plusieurs documents officiels, qui mène tout droit à un scandale de mœurs où le Canada a servi de refuge à un triangle amoureux.

Le certificat de naissance de Louis Lanti Marius Prevost, né le 28 juillet 1920 à Chicago, indique que ses parents sont Jean Lanti Prevost, né en France et voyageur de commerce (salesman), et Susanne Louise Marie Fabre, née en France et ménagère (housewife).

À peu près tout est faux, sauf le pays de naissance de la mère, bel et bien française.

La mère de Louis Marius Prevost, grand-mère du nouveau pontife, est Suzanne Fontaine, et non Susanne Fabre comme écrit sur le certificat de naissance. Elle est née au Havre, le 2 février 1894, fille d’Ernest Auguste Fontaine, pâtissier normand, et de la Parisienne Jeanne Eugénie... Prévost, un curieux hasard qui a immédiatement attiré l’attention des généalogistes.

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Suzanne Fontaine est arrivée à New York le 22 mars 1915. Elle a été recensée l’année même dans le foyer Jeanne d’Arc qui accueillait les jeunes Françaises venues travailler comme gouvernantes.

Le père ne s’appelait pas Jean Lanti Prevost, mais Salvatore Giovanni Gaetano Riggitano (Giovanni est Jean en italien), né le 24 juin 1876, à Milazzo en Sicile, et arrivé chez sa sœur, à Quincy Illinois, en 1903. Professeur de langues romanes, il a épousé, à Chicago, le 14 avril 1914, Daisy Hughes, née en Iowa. Il n’était pas vendeur, mais professeur de langues romanes (français, espagnol, italien).

Mais pourquoi autant de mensonges et de faux noms chez les Prevost?

ADULTÈRE

L'affaire éclate au printemps 1917, trois ans après le mariage sans enfant. Mme Riggitano fait arrêter son mari et mademoiselle Fontaine pour adultère, un crime sérieux dans l'Illinois d'Al Capone. L'histoire fait la manchette d'un journal de Quincy.

Suzanne Fontaine, enceinte de quelques mois qu'elle doit dissimuler afin ne pas confirmer les allégations d'adultère de Daisy, disparaît rapidement et file à l'anglaise dans le pays le plus proche, le Canada. On trouve des preuves qu'elle a franchi la frontière canadienne à Windsor. Elle passe un mois à Toronto. Fin mai, elle séjourne chez une amie à Détroit.

Elle accouche le 23 juillet 1917 de John «Centi» Prevost, oncle du pape, dans une mission catholique accueillant des jeunes mères célibataires, à Lackawanna, Erie, à mi-chemin entre New-York et Chicago.

On ne sait pas dans quel climat s'est déroulé la deuxième grossesse, celle de Louis, père du pape, né à Chicago en 1920, car le couple Giovanni-Daisy a été recensé vivant toujours ensemble à Chicago en 1920.

Daisy n'a jamais demandé le divorce, même s'il était légal en Illinois. Elle est morte en 1939.

On a trouvé des preuves que le couple John et Suzanne vivait ensemble en 1940. Ils ont vécu ensemble jusqu'à la mort de John, en 1960. Suzanne est ensuite entrée chez les Carmélites. Elle est morte à Détroit, en 1979.

À la mort de sa grand-mère française, le futur pape Léon XIV avait 24 ans.