«Riggitano» et non «Prévost»: les origines canadiennes-françaises du pape Léon XIV lui viennent de sa mère de descendance louisianaise
Jacques Noël
Au 19e siècle, l'Illinois a accueilli des milliers de Canadiens français, comme les arrière-grands-parents d'Angelina Jolie (Bertrand), de Liza Minnelli (Lebeau) et de Tom Landry.
Avec Prevost comme nom de famille et Chicago comme ville natale, on avait deux bonnes raisons au moins de croire que le nouveau pape américain était d'origine québécoise, descendant probablement de Martin Prévost (1611-1691), principale ancêtre des Prévost d'Amérique.
Mais la planète généalogique québécoise a vite déchanté lorsqu'on a découvert que le papy du pape était italien, que c'était Riggitano à l'origine et non Prévost.
Cette déconvenue n'a pas empêché les tenaces généalogistes d'explorer de nouvelles pistes. Et c'est du côté de la mère, Mildred Agnes Martínez, et de la Louisiane, qu'on pourrait maintenant trouver, à travers les pièges, quelques arpents de neige dans l'arbre généalogique de Robert Prevost.
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La filière louisianaise
Robert Francis Prevost est né le 14 septembre 1955, à Chicago. Sa mère, Mildred Agnes Martínez, bibliothécaire, est la fille du fabriquant de cigares Joseph Norval Martinez (1864-1926), né en Haiti (avec racines à Cuba ou encore à Hispanola selon certaines sources), et de Louise Baquié (1868-1945), née à la Nouvelle Orléans, ville fondée par le Montréalais Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville, considéré comme le père de la Louisiane.
Le couple s'est marié à la Nouvelle-Orléans en 1887. Vers 1910, la famille s'est établi à Chicago, où naîtra la mère du nouveau pape.
Les origines afro-descendantes du Saint-Père ont immédiatement attiré l'intérêt des généalogistes américains qui ont rapidement remonté les lignées louisianaises.
Fernand Baquié (1837-1883), le père de Louise, était cordonnier. Il a épousé Eugénie Grambois, fille d'un Marseillais. Baquié est né et mort à la Nouvelle-Orléans, tout comme sa mère Céleste Lemelle (1814-1877), fille de Louis Lemelle «carteron libre» et de Céleste Olympe Grandpré (1785?-1833), «carteronne libre» et «mulâtresse libre», comme disaient les vieux registres.
Cette dernière nous mène à son père, Charles Boucher de Grandpré (1745-1810), et c'est un peu le ventre mou de la lignée.
Aussi appelé Carlos Louis Boucher De Grand Pré, il a été le gouverneur de Bâton Rouge entre 1799 et 1808. Il était petit-fils du célèbre Pierre Boucher, gouverneur de Trois-Rivières, fondateur et seigneur de Boucherville.
On lui attribue au moins 14 enfants avec son épouse légitime, Hélène Prisque Pagé, originaire de Kaskakia, pays des Illinois, et d'origine québécoise.
Céleste Olympe est née hors mariage, du ventre de Jeannette Glapion (1758-1805) «mulâtresse libre». Grandpré n'a jamais reconnu sa paternité et ne l'a pas couché sur son testament.
Jeannette Glapion était la fille de Jeanne Antoinette Rivard (1732-1773), qui nous amène sur une autre piste québécoise, à Nicolas Rivard Sieur de Lavigne (1617-1701).
Originaire de Saint-Aubin de Tourouvre, arrivé en Nouvelle-France en 1648, il a épousé en 1652 une... Saint-Père! Et 1661, le gouverneur Pierre Boucher lui a cédé une chapelle qu'il avait fait construire dans sa cour. Toute est vraiment dans toute.
Mais il faut être prudent avec ce récit parce que tous les documents officiels n'ont pas encore été soumis, prouvant chaque pièce du puzzle papal, éléments essentiels à la généalogie.
La filière de l'Alabama
Une autre lignée mènerait à Charles Rochon, l'un des quatre fondateurs de Mobile en Alabama. En fait, Robert Prevost ne descend pas de ce héros, né à Boucherville en 1673.
Pour trouver un ancêtre commun, il faut remonter très haut dans l'arbre papal, dans la France du 16e siècle. C'est ce qu'a fait Andrew Jolivétte, brillant généalogiste américain.
Les arrière-arrière-grands-parents de Charles Rochon, Auguste-Francois Henri Lemoine (1542-1570) et Robine Gauthier (1538-1604), étaient aussi les ancêtres de Charles Boucher De Grandpré, qui lui nous ramène au pape Léon. À condition que la connection passe le test des documents officiels.
D'autres lignées sortiront sans doute dans les prochaines semaines.
Un individu, à la dixième génération, compte plus de 1000 ancêtres, ce qui fait beaucoup de monde à messe. Surtout lorsqu'elle est papale...
LIGNÉE BOUCHER DE ROBERT PREVOST (LÉON XIV)
I. Prevost, Louis Marius (1920-1997)
Martinez, Mildfred Agnes (1911-1990)
Mariés le 25 janvier 1949, Chicago
II. Nerval-Martinez, Joseph (1864-1926)
Baquié, Louise (1868-1945)
m. le 17 septembre 1887, Nouvelle-Orléans
III. Baquié, Fernand (1837-1883)
Grambois, Eugénie (1838-1907)
m. le 9 septembre 1864, Nouvelle-Orléans
IV. Basquié, Joseph Aristide (1811-1882)
Lemelle, Céleste (1814-1877)
m. ?
V. Lemelle, Louis (1772-1819)
Grandpré, Céleste Olympe (1785-1833)
m. le 17 octobre 1798, Louisiane
VI. Boucher-Grandpré, Charles (1745-1810)
Glapion, Jeannette (1758-1805)
VII. Boucher de Grandpré, Louis (1695-1763)
Gallard de Chamilly, Thérèse
m. le 10 mai 1734, Nouvelle-Orléans
VIII. Boucher, Lambert (1656-1729)
Vauvril De Blason, Marie-Marguerite (1672-1729)
m. le 13 août 1693, Notre-Dame de Québec
IX. Boucher, Pierre (1622-1717)
Crevier, Jeanne (1636-1727)
m. le 9 juillet 1652, Notre-Dame de Québec
LIGNÉE RIVARD DE JANETTE GLAPION
I. Glapion, Chevalier Christophe (1721-1808)
Rivard, Jeannette Antoinette (1732-1773)
II. Rivard, François Antoine (1712-1735)
Villemont de Mirabaize, Jeanne-Antoinette (1714-1773)
m. février 1730, Nouvelle-Orléans
III. Rivard, Antoine François (1676?-1729)
Briard, Marie (1690-1720)
m. 1704, Mobile
IV. Rivard, Nicolas (1617-1701)
Saint-Père, Catherine ( 1634-1709)
m. 1652? Trois-Rivières