Pourvoirie au coeur des feux de forêt: 30 ans à tenir le fort à Clova
Jean Blanchard se demande si le feu ne sera pas l’épreuve de trop pour la petite communauté mauricienne


Valerie Lesage
À Clova, un ancien comptable, qui stimule depuis 30 ans l’activité économique du minuscule village forestier avec sa pourvoirie et son service de transport aérien vers les lacs et forêts du Nord, s’inquiète pour le gagne-pain des employés.
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«Le drame ici, ce sont les pertes de revenus incroyables de nos entreprises touristiques. On a des employés avec de petites familles qui dépendent de nous et si ça continue, on va devoir faire des mises à pied temporaires», craint Jean Blanchard, propriétaire d’Air Tamarac-Pourvoirie Outfitter.
Le mois de juin, propice à la pêche au doré, est crucial pour les revenus de ses entreprises et depuis l’interdiction de fréquenter les forêts, aucun client ne peut être reçu.
En plus, le premier ministre ayant laissé entendre que Clova serait abandonné aux incendies, il faut rassurer les gens: le village n’a pas brûlé et le combat contre le feu n’a au fond jamais cessé. Les résidents y ont même participé. La pluie de mercredi a aussi aidé.
«J’ai des collègues en Mauricie qui pourraient travailler parce qu’ils sont loin des feux et parce que l’indice d’inflammabilité est redevenu modéré, mais l’interdiction de circuler en forêt demeure. On espère que ça ne restera pas du mur-à-mur», dit M. Blanchard, craignant aussi de voir des entreprises succomber.
Des compensations espérées
Il espère que le gouvernement offrira des compensations aux pourvoyeurs, qui ont déjà été durement éprouvés par la pandémie.
Les assurances contre les pertes de revenus, dit-il, ne couvrent qu’une portion «ridicule» des sommes perdues quotidiennement. Surtout, Jean Blanchard espère de la pluie.
Son aventure à Clova, village mauricien qui compte une quarantaine de maisons, a débuté pendant ses études en comptabilité. Originaires de la Montérégie, sa conjointe et lui travaillaient alors l’été dans des pourvoiries de la région.
«C’est comme ça que s’est développé notre amour de la nature et du tourisme. Et le jour de mon quatrième examen de comptabilité, j’ai commencé un cours de pilotage», raconte Jean Blanchard, passionné d’aviation.
Relève familiale en vue
En 1994, avec sa conjointe, Éliane Bédard, il a racheté Air Tamarac-Pourvoirie Outfitters.
«J’ai continué en comptabilité jusqu’en 2001 parce qu’on voulait être certains que l’entreprise fasse vivre notre famille. On avait quatre jeunes enfants. Aujourd’hui, certains d’entre eux se préparent à prendre la relève. Ils ont développé cet amour», dit l’entrepreneur.
Quand le couple Blanchard-Bédard a commencé à fréquenter Clova, le village était bien plus dynamique.
Il y avait encore une école, un curé venait par train y célébrer la messe chaque semaine.
Déjà fragile avant les incendies
Mais l’industrie forestière a délaissé le secteur et le village s’est atrophié. Avant les incendies, c’est le déclin économique qui menaçait sa survie. Jean Blanchard a eu l’idée d’inviter un concurrent à s’installer là-bas pour garder l’endroit vivant. D’autres pourvoiries se rattachent au village.
«Clova, c’est comme un camp de base pour l’activité touristique, un point de départ vers les lieux de chasse et de pêche. C’est le meilleur endroit pour le départ des hydravions», explique celui qui transporte les clients vers le Réservoir Gouin et quelques lacs des environs.
Jusqu’à la mi-septembre, il y a la pêche. Ensuite, c’est la chasse à l’orignal, jusqu’à la fin octobre. Et Jean Blanchard a hâte de refaire vivre l’expérience à ses clients québécois, ontariens et américains.
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