NISH: traverser des épreuves, en duo

Marie-France Bornais
Originaire de Wendake, l’ethnologue Isabelle Picard rêvait depuis longtemps d’écrire des ouvrages pour les jeunes lecteurs. C’est maintenant chose faite avec le premier tome d’une nouvelle série palpitante, NISH, publiée aux Éditions Les Malins. À travers les aventures de Léon et Éloïse, des jumeaux innus du Nord-du-Québec, elle fait connaître les enjeux et les réalités des Premiers Peuples du Québec. Et c’est super.
À Matimekush, une communauté innue du Nord-du-Québec, Léon et Éloïse verront leur vie quotidienne bouleversée à jamais à la suite d’une mystérieuse disparition et de la maladie de leur père, qui devra se faire soigner à Québec. Vivre en double n’est pas une mince affaire et les deux ados doivent s’unir pour traverser des épreuves.
« Faire de la fiction, ça fait longtemps que ça me trotte dans la tête », confie Isabelle Picard. « Je suis ethnologue-anthropologue, mais j’ai longtemps enseigné, et pour moi, cet âge de 10, 12, 14 ans, c’est vraiment un âge où les jeunes apprennent à se connaître, s’ouvrent au monde et découvrent de nouvelles choses. Je me disais qu’on découvre toujours des nouveaux pays, des nouvelles cultures extérieures, mais on connaît mal encore l’intérieur. »
Il y a 20 ans, Isabelle Picard a fait un voyage à Matimekush — Schefferville — qui l’a beaucoup marquée. « C’était avec des jeunes de 12-13 ans. Je m’étais dit qu’un jour, j’allais écrire là-dessus. Quand est arrivée l’idée du roman jeunesse, j’ai décidé de m’adresser à eux. Ils m’ont marquée. Je veux qu’ils s’approprient le livre, mais je veux aussi, à travers l’histoire, faire connaître ce qui se passe là-bas. »
Son livre va résonner auprès des jeunes, autochtones ou pas. « J’aimerais ça que les Autochtones se l’approprient, mais je veux faire connaître différentes réalités, liées beaucoup au territoire. Là-bas, dans le Nord, tu n’as pas le choix : tu vis avec le territoire. Tu es un peu isolé et tu t’organises avec ce que tu as. »
« Il y a tellement de beau qui ressort de ça : toute la vie communautaire, le lien avec les aînés, le respect du territoire. Il y a des comportements de jeunes de 12-13 ans que j’ai vus là-bas qu’on voit moins dans le sud, notamment le lien avec les aînés, et le respect. »
Son voyage dans le Nord-du-Québec a été un choc pour elle, même si elle est autochtone elle aussi. « Je viens d’une zone urbaine. Je veux relever ces différences et souligner que, malgré la distance et les modes de vie qui sont différents, et les territoires et tout ce que ça veut dire, il y a plein d’affaires qui sont communes à ces adolescents. »
Elle rappelle que les ados sont des ados, peu importe où ils vivent. « Les premières amours, l’importance de la famille, l’amitié, la façon dont on apprend à se découvrir et à se connaître, et comment les événements vont marquer nos vies. »
♦ Isabelle Picard est originaire de Wendake.
♦ Elle est ethnologue, première spécialiste aux affaires autochtones à Radio-Canada et chargée de cours à l’UQAM.
♦ NISH sera une série.
EXTRAIT
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Isabelle Picard
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« Il y a quelques années, mon père s’est porté volontaire dans l’équipe des Rangers, un groupe d’hommes et de femmes qui agissent à titre de premiers répondants lorsqu’il arrive un incident en forêt : un accident, une disparition, un ours qui approche trop près du village, par exemple. Quand il se passe quelque chose, le CB ne cesse de recevoir des messages : “Le groupe B part dans le secteur est”, “Rien dans le secteur C”, “Et, en ce moment, ça ne dérougit pas”. »