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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

25 héros et témoins se racontent

Mikaël Lalancette
Mikaël Lalancette Photo courtoisie, François Couture
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2021-07-11T05:00:00Z
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Les Québécois n’ont pas oublié les pluies diluviennes qui se sont abattues sur les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de Charlevoix, de la Haute-Mauricie et de la Haute-Côte-Nord, du 19 au 21 juillet 1996. Le journaliste Mikaël Lalancette, sinistré lors de cette tragédie, raconte le déluge à travers son propre témoignage et ceux d’une vingtaine d’autres héros et témoins des événements dans un livre qui fait un véritable devoir de mémoire, Il y a 25 ans, le déluge.

Lors du déluge, près de 275 mm d’eau sont tombés pendant 50 heures consécutives. L’équivalent de la pluie d’un mois complet. Les rivières ont débordé, emportant des ponts, des routes, des commerces, près de 500 résidences et une bonne partie du réseau ferroviaire. Dix personnes ont perdu la vie, dont trois enfants. Un bilan désastreux.

  • Écoutez l'entrevue de Mikaël Lalancette avec Vincent Dessureault sur QUB Radio:

Mikaël Lalancette habitait près de La Baie, dans un secteur appelé les Eaux-Mortes, sur la sinueuse route 381, en 1996. Il avait 10 ans lorsque la maison familiale a été emportée par la crue. Il raconte ses propres souvenirs et ceux d’une vingtaine de témoins de l’événement : ce sont 25 témoignages pour commémorer les 25 ans du déluge.

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Ce dont il témoigne et ce que ces gens lui ont confié est terrifiant. Il y a des centaines de témoignages, mais il lui fallait en sélectionner 25. « Ça a été quand même dur de choisir ce que je voulais raconter », convient Mikaël, en entrevue. 

« Il y a des incontournables, c’est sûr. Je voulais aussi que les gens de la région, ceux qui l’ont vécu, découvrent de nouvelles facettes aussi. Même si on l’a vécu, ça s’est tellement passé vite et c’était tellement dans une désorganisation que c’est impossible d’avoir tout su. »

En paix

Ultimement, cette démarche allait lui permettre de boucler la boucle, dit-il. « Je suis retourné la semaine dernière (NDLR début juin), pour la première fois, sur le site de mon ancienne maison, qui est devenu une forêt depuis ce temps-là. On a tourné une vidéo qui va sortir lors du lancement de mon livre. J’étais en paix complète. »

Pendant l’écriture du livre, il a ressenti une vague d’émotions en relisant les témoignages, sachant que les gens interviewés replongeaient dans toutes sortes de souvenirs. « En retournant là-bas, j’ai fait la paix complète avec cet événement », assure-t-il.

Mikaël Lalancette estime qu’une pareille catastrophe risque de se produire à nouveau – les changements climatiques étant pointés du doigt. « C’est quand même la première fois, au Québec, qu’on a été conscient qu’il se passait des phénomènes un peu bizarres avec dame Nature. On avait connu Saint-Jean-Vianney et on en a eu, des inondations, au Québec. Mais de cette ampleur-là, c’était du jamais-vu. Ça a été un éveil pour beaucoup de monde. Beaucoup de chercheurs ont commencé à vouloir documenter les précipitations abondantes. »

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Traumatismes

L’auteur dit qu’il se reconnaît beaucoup à travers ces 25 témoins. « Cet événement, on n’en a pas parlé parce que c’est traumatisant, parce qu’il y a de la tristesse. Je ressens beaucoup cela chez les gens à qui j’ai parlé, surtout ceux qui l’ont vécu en première ligne, qui ont tout perdu. Il y en a beaucoup qui ont enfoui ça et n’en ont pas trop reparlé. »

Personne ne lui a dit non. « C’était important pour moi. Je sais qu’il y a de la tristesse, notamment chez ceux qui ont perdu des proches. Mais de sentir que j’avais cette confiance m’a donné une assurance – je pouvais aborder des thèmes difficiles avec certaines personnes qui n’ont pas parlé beaucoup et qui n’ont pas donné d’entrevue. » 

  • Mikaël Lalancette est journaliste sportif depuis 2009. 
  • Le natif du Saguenay a œuvré en presse écrite, à la télé et à la radio. 
  • Il a publié son premier livre, Georges Vézina, l’Habitant silencieux, en 2021.  

EXTRAIT 

Il y a 25 ans, le déluge
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    Mikaël Lalancette
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    Préface de Ève-Marie Lortie
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    Les Éditions de l’Homme
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    256 pages, En librairie le 14 juillet
Il y a 25 ans, le déluge ,[object Object], Mikaël Lalancette ,[object Object], Préface de Ève-Marie Lortie ,[object Object], Les Éditions de l’Homme ,[object Object], 256 pages, En librairie le 14 juillet Photo courtoisie

« Nous sommes parmi les derniers à fuir en voiture cette portion de la route 381. Les autres évacuations seront effectuées par des camions de la Ville, puis par hélicoptère vers la base militaire de Bagotville. Nous ne sommes pas au bout de nos peines pour autant. La suite ne sera qu’une succession de malheurs. La nature déchaînée nous volera des années de bonheur.

Au petit matin du 20 juillet, un glissement de terrain fauche la vie d’un de mes amis d’enfance, Mathieu Paquet-Garceau, et celle de sa petite sœur, Andréa. Une coulée d’argile déplace leur maison, et les deux enfants, qui dorment au sous-sol, sont ensevelis. J’apprends la terrible nouvelle en écoutant les bulletins d’information sur un transistor à piles. »

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