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L'article provient de Le Journal de Québec

Travaux de maçonnerie à réaliser? Ne faites pas l’autruche!

« Quand on attrape les problématiques tôt, on peut souvent trouver des solutions relativement abordables! »
« Quand on attrape les problématiques tôt, on peut souvent trouver des solutions relativement abordables! » Paul Piacente
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Les filles de la construction

2023-07-01T04:00:00Z
2023-07-02T04:00:00Z
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La maçonnerie est synonyme de travaux bruyants, poussiéreux et onéreux. Pour ces raisons, la plupart des gens préfèrent ne pas y porter trop attention, jusqu’à ce qu’un problème majeur se déclare. C’est compréhensible... Mais c’est une grosse erreur.

Paul Piacente, le président des Maçons Patrimoniaux, qui a contribué à la section maçonnerie de la formation Gérer et rentabiliser des rénos des Filles de la construction, nous met en garde contre le fait de faire l’autruche.

« Quand on attrape les problématiques tôt, on peut souvent trouver des solutions relativement abordables. Quand la situation se dégrade depuis plusieurs années, on n’a souvent plus le choix de restaurer un mur en partie ou en totalité, et c’est 2,5 fois plus cher. »

Exemple de mortier qui s'effrite.
Exemple de mortier qui s'effrite. Paul Piacente

Les signes de problèmes de maçonnerie

Les fissures

Des fissures « en escalier » sont les plus stressantes, parce qu’elles sont dues à un problème au niveau des fondations, et avant de les réparer on doit aller régler le problème à la base en remplissant les fissures avec des injections d’époxy ou d’uréthane, ou en les stabilisant selon le cas, sans quoi les fissures dans la brique vont toujours revenir.

On constate parfois que le mortier s’effrite et tombe à certains endroits. Dans ce temps-là, c’est généralement une problématique au niveau du mortier. Au minimum, les sections affectées doivent être rejointées pour éviter les infiltrations d’eau, mais en général, c’est un signe que le mortier d’origine se désagrège ou que le mortier utilisé n’était pas adapté au type de brique, et un rejointement complet pourrait être nécessaire.

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Les taches d’efflorescence

Des taches blanches sur la brique ou des sections plus foncées ayant l’air humides sont des signes qu’il y a des infiltrations d’eau qui créent de l’humidité derrière le mur, ce qui est terrible pour l’intégrité de la brique, mais aussi pour la structure du bâtiment. En plus, ça fait augmenter considérablement la facture d’électricité en hiver.

Lorsqu’on constate le problème, un maçon doit être consulté pour définir la cause du problème et proposer des solutions appropriées. Si le problème est identifié au début, il pourrait se résorber par lui-même en bloquant les infiltrations d’eau. Paul Piacente nous dit toutefois que la plupart des gens attendent trop longtemps, et qu’une restauration complète du mur peut alors être nécessaire.

Des taches d'efflorescence sont visibles sur cette section du mur.
Des taches d'efflorescence sont visibles sur cette section du mur. Paul Piacente

Les allèges fissurées

Une allège fissurée doit idéalement être remplacée dès que le problème est constaté pour éviter les infiltrations d’eau qui sont à la base de tous les problèmes majeurs de maçonnerie. Remplacer une allège coûte entre 400 $ et 800 $ l’allège (selon sa grosseur), mais si vous ne faites que ça, vous devrez probablement débourser des frais de déplacement et d’installation, et de dommages connexes de plusieurs milliers de dollars.

Paul Piacente nous propose une alternative. « Si vous devez faire des travaux de maçonnerie dans les prochaines années, c’est plus économique de faire faire les allèges en même temps. Mais en attendant, vous devez bien sceller les fissures des allèges avec du calfeutrant à fenêtres et le recouvrir de mortier. C’est une solution temporaire, mais ça permet de reporter les travaux de quelques années. »

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Une allège fissurée doit idéalement être remplacée dès que le problème est constaté.
Une allège fissurée doit idéalement être remplacée dès que le problème est constaté. Paul Piacente

Allège remplacée.
Allège remplacée. Paul Piacente

Les ventres de bœuf

« Ventre de bœuf » est le terme utilisé pour désigner le gonflement d’une section du mur de brique. En gros, une section du mur, souvent dans le haut du mur, se détache de la structure. C’est un problème majeur causé par des infiltrations d’eau qui peut amener le mur à s’effondrer, et plus on attend, plus c’est cher à réparer. Vous voulez donc consulter dès que vous constatez un léger gonflement afin de le tuer dans l’œuf.

Si le ventre de bœuf est très léger (moins de 1⁄2 pouce de variation sur une hauteur de 10 pieds), votre maçon peut utiliser le système d’ancrages Helifix pour soutenir le mur et arrêter la progression du ventre de bœuf.

Si le ventre de bœuf est déjà plus prononcé, il n’y a toutefois pas d’autre solution que de démanteler le mur de brique sur toute sa largeur jusqu’en dessous du ventre de bœuf et de restaurer la section du haut. Plus vous attendez, plus le ventre de bœuf grossit, et plus vous devez refaire une grosse section du mur. 

Remettre ces travaux pourrait donc s’avérer très dispendieux.

« Ventre de bœuf » est le terme utilisé pour désigner le gonflement d’une section du mur de brique.
« Ventre de bœuf » est le terme utilisé pour désigner le gonflement d’une section du mur de brique. Paul Piacente

La brique peinte

La peinture agit comme un film sur la brique (et sur les joints), et empêche le mur de respirer, amenant ainsi les briques à pourrir et à casser plus rapidement. Paul Piacente nous explique que le problème majeur est que les joints ne respirent pas, laissant ainsi toute l’humidité derrière le mur. 

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« En rejointant un mur peint, on vient stopper la désintégration de la brique et régler 90 % du problème. » 

Il recommande toutefois d’éviter de faire enlever la peinture chimiquement pour deux raisons. Premièrement, l’acide utilisé dans cette technique désintègre la « peau de feu » de la brique (la couche qui empêche l’eau d’entrer dans la brique). 

Deuxièmement, la pression utilisée pour appliquer le produit est excessivement élevée et gorge le mortier d’eau, diminuant ainsi sa durée de vie. 

La peinture a un effet néfaste sur les briques.
La peinture a un effet néfaste sur les briques. Paul Piacente

Et si on n’aime pas la couleur de notre brique... Quelles sont les options ? 

On ne devrait jamais utiliser de peinture sur la brique, mais il existe des teintures spécialement conçues pour se cristalliser dans la brique et le mortier. Ces teintures rendent le mur hydrofuge aux intempéries tout en laissant les vapeurs s’échapper. Elles doivent être appliquées par des maçons spécialisés (et non des peintres), et c’est une excellente option pour changer le look de sa maison sans affecter l’intégrité du bâtiment.

Les plaques d’acier, c’est oui ou c’est non ? 

Pour Paul Piacente, la réponse est non. C’est une technique fréquemment utilisée pour sécuriser un mur de façon temporaire. Ça a sa place sur une courte période, dans le but d’empêcher un mur de s’effondrer, mais ça ne devrait pas être utilisé comme solution à moyen ou long terme. Pourquoi ? Les plaques d’acier viennent « barrer » une section spécifique, mais le reste du mur continue à bouger et compense. Souvent, ça va créer des ventres de bœuf et empirer la situation.

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Les plaques d'acier ne devraient pas être utilisées comme solution à long terme.
Les plaques d'acier ne devraient pas être utilisées comme solution à long terme. Paul Piacente

Comment éviter les problèmes de maçonnerie

Les problèmes de maçonnerie peuvent être résumés à deux causes : les infiltrations d’eau et le manque de respiration des murs. Pour éviter d’avoir à se lancer dans des travaux coûteux, on veut donc faire attention à tout ce qui pourrait créer des infiltrations d’eau ou limiter la circulation d’air.

Entretenir ses solins de toitures tous les 4 ans

Quand avez-vous vérifié vos solins de toiture pour la dernière fois ? Les solins de toiture devraient être vérifiés tous les quatre ans, et au moindre doute de bris, de fissures ou d’infiltration d’eau, les solins devraient être réparés ou remplacés, parce que c’est l’une des principales causes d’infiltrations d’eau – et donc de problèmes de maçonnerie.

Refaire le calfeutrage des fenêtres tous les 10 ans

Le deuxième chemin le plus utilisé par l’eau pour s’immiscer dans les murs est le contour des fenêtres. Pour éviter que l’eau passe à cet endroit, le calfeutrage doit être refait tous les 10 ans approximativement. Si vous ne vous rappelez plus si ça a déjà été fait ou quand vous l’avez fait... faites-le. C’est une tâche facile et peu dispendieuse qui protège l’intégrité de votre maison.

Refaire les joints de mortier tous les 20-30 ans

Un élément clé pour la santé d’un mur de brique est le joint de mortier, qui fait tenir le mur ensemble. Son but : permettre au mur de respirer tout en empêchant l’eau de s’immiscer, mais avec le temps, les joints deviennent poreux au lieu d’être imperméables.

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On doit refaire les joints de mortier pour la première fois environ 60 ans après la construction d’un mur, et par la suite, les murs devraient être rejointés tous les 20-30 ans.

Dispendieux

Devoir rejointer un mur de brique est assez dispendieux (généralement entre 15 à 18 $ par pi2 selon la AEMQ), mais c’est un investissement nécessaire pour la pérennité de sa maison, et c’est beaucoup moins cher que de devoir refaire un mur (entre 42 et 48 $ par pi2).

Cela dit, il faut que ce soit bien fait, sans quoi ça ne sert pas à grand-chose, et Paul Piacente nous encourage à valider deux éléments importants avec notre maçon :

  1. Du mortier de restauration (de type O) est le seul type de mortier qui devrait être utilisé pour rejointer un mur. Il est plus dispendieux (une différence d’environ 500 $ au total pour un grand mur), mais beaucoup plus durable et permet au mur de respirer, ce qui est primordial pour éviter les problèmes d’humidité et de ventres de bœuf.
  2. La règle de l’art exige que les joints soient faits à la petite truelle, et c’est important : si c’est fait « à la poche » (une technique beaucoup plus rapide), on doit utiliser beaucoup plus d’eau que la quantité recommandée, ce qui fait durcir le mortier, le rend friable et ne permet pas l’échappement des vapeurs. Ça ouvre la porte à l’humidité derrière le mur et aux ventres de bœuf.
Un maçon remplace le mortier sur un mur de briques.
Un maçon remplace le mortier sur un mur de briques. Paul Piacente

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Est-ce le temps de refaire les joints de mortier ? 

Pour évaluer s’il est temps de faire rejointer un mur, on prend une clé ou un tournevis plat et on gratte avec force un joint de mortier. Si on voit de la poussière en faisant l’aller-retour avec notre tournevis, c’est le temps de refaire le mortier. N’attendez pas trop longtemps : si plus de 50 % du mortier est pourri, le rejointement n’est plus une option. On doit alors défaire le mur et le refaire.

Un travailleur s'affaire à rejointer un mur.
Un travailleur s'affaire à rejointer un mur. Paul Piacente

Comprendre les types de mortier 

Il existe deux types de mortier sur le marché, le mortier de type N et le mortier de type O. Pour un nouveau mur : le mortier de type N sèche vite, est beaucoup plus rigide et ne permet pas l’échappement d’air. Il est tout indiqué pour la construction de murs neufs composés d’une membrane élastomère et de champleures (petits trous au bas de murs) qui permettent à l’eau et à l’humidité de s’échapper. Pour un rejointement : le mortier de type O prend beaucoup plus de temps à sécher, il prend de l’expansion et permet l’échappement de l’humidité. Il doit absolument être utilisé pour rejointer les murs qui ne sont pas munis de champleures.

Reconnaître les types de briques

Il y a différentes qualités de brique sur le marché, et la brique cheap est un très mauvais investissement parce qu’un mur fait avec une brique de qualité va durer trois fois plus longtemps.

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Mais comment reconnaître les bonnes briques ? Paul Piacente nous suggère de regarder l’épaisseur de la paroi immédiatement en face du trou. Plus le trou est gros, moins la brique est bonne. 

En général, une brique avec 6-8 trous est beaucoup plus résistante qu’une brique de 3 trous, et les meilleures sont les briques complètement pleines. (Elles sont très difficiles à trouver, et beaucoup plus dispendieuses.) 

Dans notre climat québécois, il est également recommandé de choisir des briques de catégorie pour température extrême SW, qui sont beaucoup plus résistantes aux intempéries.

Différents types de briques.
Différents types de briques. Paul Piacente

Quand un mur est « fini »

Une brique de qualité peut durer très longtemps, et tant pour les coûts que pour l’environnement on recommande de bien entretenir le mur et de restaurer des sections au besoin, plutôt que de refaire le mur dans son entier.

Si le mur doit être défait en totalité, la question de réutiliser la brique existante ou d’utiliser de la brique neuve se pose. Beaucoup de maçons préfèrent travailler avec de la brique neuve et pourraient être plus flexibles en matière de prix. L’élément principal à considérer dans cette situation est l’état de la brique.

Au moment de refaire un mur en partie ou en totalité, Paul Piacente nous recommande de choisir une brique de qualité supérieure, de travailler avec du mortier de type N, de poser un pare-vapeur et de remplacer les allèges et les linteaux en nous assurant que les linteaux sont en acier galvanisé. Si l’espace le permet, il suggère également de mettre un isolant en panneau ou déroulant de 1⁄2 pouce. Gardez en tête qu’on doit toujours garder un jeu d’air derrière la brique et installer des champleures dans le bas des murs pour que le mur puisse respirer.

Les Filles de la construction sont des passionnées de construction, de rénovation et d’entretien de maison. Grâce à leur coaching et leurs formations dynamiques 100 % en ligne, elles éduquent et soutiennent les propriétaires de maison afin qu’ils puissent bien comprendre les travaux d’entretien et de construction à faire sur leur propriété (et en réaliser plusieurs eux-mêmes). Vous pouvez les suivre sur Instagram pour obtenir plein d’autres trucs de rénos (@lesfillesdelaconstruction).

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